Photo : Riad Par Smaïl Boughazi Le ministre des Finances, M. Karim Djoudi, a assuré, hier, que la loi de Finances 2013 (LF 2013) qui sera soumise prochainement au Conseil des ministres ne prévoit pas de plan de rigueur ni d'austérité. S'exprimant en marge du symposium des banques centrales africaines organisé à Alger, il a expliqué qu'«il n'y aura pas de programme de rigueur au sens économique du terme, mais plutôt une gestion beaucoup plus prudente des finances». «Au niveau des dépenses, nous ne toucherons pas aux salaires, nous ne toucherons pas aux transferts sociaux et aux soutiens des prix des matières premières. Pour le programme quinquennal en cours, le travail sera axé sur sa finalisation et nous le complétons par des projets qui sont nécessaires», a-t-il ajouté, affirmant qu'un programme d'austérité aura un impact sur les emplois, les revenus des entreprises et la croissance économique globalement. Il affirme aussi que tous les nouveaux investissements publics réceptionnés vont bénéficier de postes budgétaires et de ressources de fonctionnement.Cependant, le ministre a parlé des «dépenses ponctuelles notamment les rappels et le régime indemnitaire (qui) auront un impact sur les dépenses de fonctionnement». En d'autres termes, ces dépenses ne seront pas incluses dans la loi de Finances, ce qui permettra au budget de connaître une baisse notable. Utile de rappeler, à ce titre, que le budget de 2012 a consacré 2 850 milliards de dinars, soit environ 39 milliards de dollars, pour les augmentations de salaires pour certaines catégories de personnels. Une expansion budgétaire mise à l'index par la Banque d'Algérie, qui a assuré récemment dans un rapport qu'un baril au-dessous de 110 dollars provoquerait un déficit du budget. Cette mise en garde a poussé le premier argentier du pays à rectifier le tir en précisant que les augmentations des salaires de la Fonction publique ne seront pas remises en causes. Globalement, Djoudi dit que «l'important pour nous est de trouver le point d'équilibre d'une politique prudente en matière budgétaire et la nécessité de conserver la croissance économique, de l'emploi et de l'activité économique». Une politique donc qui sera maintenue, mais tout en «observant le marché international», promet Djoudi. Une manière de dire que les fluctuations des prix du baril seront prises en compte.Le ministre a, par ailleurs, évoqué à l'ouverture du symposium la problématique des prix des matières premières et leurs fluctuations qui empêchent le gouvernement de faire des prévisions et des politiques à moyen terme. Un problème qui a été débattu durant la rencontre qui a réuni les gouverneurs des banques centrales africaines. Pour le gouverneur de la Banque d'Algérie, ces fluctuations engendrent des taux d'inflation élevés. Pour le cas de l'Algérie, il dira qu'après avoir été relativement stables, mais élevés, «les taux d'inflation en moyenne ont enregistré un rythme haussier de juillet 2011 à juin 2012 qui s'est même accéléré à partir de janvier 2012, atteignant un niveau record de 7,29%». Pour lui, «cela peut s'apparenter à une persistance en la matière, suite au choc sur les prix intérieurs de certains produits de bases depuis 2011». Il explique dans la foulée que «la décomposition de l'indice des prix à la consommation par catégorie de produits montre que ce sont les produits agricoles frais et les biens manufacturés qui ont le plus contribué, à hauteur de 71 %, à l'inflation en moyenne annuelle à juin 2012». Les prix des produits agricoles frais, qui ont contribué pour 36% à l'inflation globale, ont également progressé de 12% à juin 2012, fait-il remarquer. Laksaci a assuré toutefois qu'au premier semestre 2012, l'inflation importée n'a pas contribué à la hausse des prix sur les marchés internes, puisqu'elle a été atténuée par la relative appréciation du taux de change du dinar. Une étude de la Banque d'Algérie explique que l'expansion de la masse monétaire a été le principal déterminant de l'inflation durant la période 2000 à 2011. Elle contribue à hauteur de 61% dans l'inflation globale, suivie des prix à l'importation qui participent à hauteur de 18% dans sa montée, alors que les prix à la production industrielle agroalimentaire et le taux de change sont à l'origine de hausses respectives de 13% et 8%.