De notre correspondant à Oran Samir Ould Ali La scène est désormais archiconnue du citoyen lambda. Après chaque pluie, les routes oranaises sont inondées par les eaux et les travailleurs communaux, cirés jaunes sur les épaules, s'échinent à déboucher des conduites et des canalisations continuellement obstruées. «C'est comme cela chaque année, confirme l'un des ouvriers affectés à cette tâche. Les canalisations sont bouchées tout le temps et à chaque fois qu'il pleut, nous sommes contraints d'intervenir pour évacuer toute cette eau.» Ainsi inondé, le réseau routier contraint les automobilistes à de désagréables déviations, comme c'est le cas des utilisateurs de la route nationale 11, reliant Oran à Arzew, qui doivent souvent se rabattre sur Bir El Djir pour éviter l'intersection dite des «Pompiers», impraticable à cause de l'immense mare d'eau qui s'y forme à chaque averse. Dans les autres ronds-points de la ville, la situation n'est pas plus reluisante : des trombes d'eaux et des coulées de boue créent de gros cafouillages et mettent les nerfs à rude épreuve : «C'est une situation qui dure depuis des années et les gestionnaires de la ville n'arrivent toujours pas trouver des solutions. Ou bien ils sont incompétents ou, alors, ils ne s'en préoccupent pas. Dans les deux cas, ils devraient avoir honte», estiment la majorité des habitants d'Oran qui ne comprennent pas -à juste titre d'ailleurs- qu'une telle situation perdure alors que les discours officiels prédisent à la ville un «destin méditerranéen» (Festival du cinéma arabe, organisation du sommet de l'Opep en décembre, du congrès GNL en 2010…) : «Regardez la route menant du pont Zabana à la résidence de l'Hôte : aucune crevasse, pas de nid-de-poule et lorsqu'il pleut, aucune mare ne se forme. Les eaux sont vite évacuées. Voilà une route qui a été réalisée dans les règles de l'art il y a 20 ans, au moins, et qui tient toujours le coup», donne-t-on comme exemple du travail bien fait. Un travail loin d'être algérien, bien entendu, la route de l'Indépendance ayant été réalisée par des Italiens, durant les années 80. Et comme pour souligner toute la différence qui peut exister entre des routes algériennes et étrangères, l'extension de cette voie (vers Canastel notamment) qui a été réalisée par des constructeurs locaux est un florilège de nids-de-poule, d'anfractuosités et autres crevasses : «Ici aussi, il est très difficile de circuler lorsqu'il pleut : les eaux stagnantes et la boue rendent la mission extrêmement délicate», affirment les habitants de la nouvelle cité Akid Lotfi. Du côté de la commune d'Oran pourtant, on affirme que tous les efforts sont fournis pour désobstruer le labyrinthe souterrain : «Mais il faudra, sans doute, plusieurs années encore avant que le réseau, oublié pendant des décennies, ne soit complètement débouché.» Assurances qui ne semblent convaincre personne parmi une population abituée à des engagements jamais, ou très rarement, tenus…