La réhabilitation et la mobilisation des services publics sont inscrites parmi les priorités du plan d'action du gouvernement Sellal installé depuis une quinzaine de jours. Lors de la tenue du premier Conseil des ministres, ce lundi 18 septembre 2012, présidé par le chef de l'Etat, il est question de «la poursuite de l'amélioration de la gouvernance pour renforcer l'Etat de droit, réhabiliter d'une manière radicale le service public et promouvoir la cohésion nationale» rapporte le compte rendu de la présidence de la République. Il est également prôné «la poursuite et la dynamisation de la moralisation de la vie publique» avec un plan d'action allant dans le sens «d'une écoute permanente des attentes et préoccupation des citoyens». La réhabilitation du service public est loin d'être une simple partie de plaisir, il s'agit là certainement du plus grands challenge qui attend les gouvernants. Car ce lien entre le pouvoir et le citoyen et l'un des baromètres de la bonne gouvernance sans lequel la cohésion sociale -comme il est bien rappelé lors du Conseil des ministres - risque de prendre un coup fatal. La tâche est ardue et complexe. La décrépitude de l'administration dans ses différents paliers des décennies durant a fini par créer un climat de tension entre gouvernants et gouvernés. Bureaucratie lourde, banalisation de la corruption et du népotisme, nihilisme ambiant, chevauchement des prérogatives entre institutions, absence d'évaluation à tous les niveaux, gestion trop centralisée ainsi que l'incompétence dans beaucoup de cas de responsables ont fait du service public la première source de mécontentement populaire. Dans cette situation quasi inextricable, ce sont les derniers niveaux de l'Administration ou des institutions en contact direct et quotidien avec les citoyens qui payent en premier les frais. Sans véritable interlocuteur capable de résoudre les problèmes quotidiens auxquels font face les résidants - qui ne sont pas encore devenus citoyens dans les faits et les esprits - les Algériens déversent leur colère dans les rues en bloquant les routes ou en assiégeant les mairies et autres institutions locales représentant l'Etat. Ainsi pour une coupure d'électricité, une distribution de logement jugée «injuste», un problème d'ordre sécuritaire ou autre, c'est toujours l'espace public qui reste la seule alternative pour faire entendre sa voix. C'est une preuve tangible de la rupture consommée entre responsables et résidants. Ces derniers déversent toute la charge de griefs sur le dos des élus locaux. Partout, les maires sont pointés du doigt. Les premiers magistrats de la commune sont les souffre-douleur de toutes les situations. Mais que reste-t-il au P/APC, un élu du peuple, comme prérogatives devant l'hégémonie d'une administration centralisée à l'excès. Si ces maires n'ont pas franchement les coudées franches pour prendre les décisions importantes dans la gestion des affaires de leurs communes, ils ne sont pas pour autant à dédouaner de toute responsabilité dans ce marasme. Ce poste de responsabilité est généralement dévié de sa mission première qui est d'être à l'écoute de ses ouailles vers la réalisation de desseins personnels ou claniques. Selon le forum des P/Apc algériens, en 2011, ils étaient plus de 600 poursuivis en justice et risquaient des sanctions sévères. Souvent indisponibles, éloignés du terrain et dépourvus du sens de responsabilité, beaucoup de maires se contentent d'émettre des promesses sans lendemain ou des reports interminables (quand ils ne sont pas méprisants). La seule tâche qui leur échoie, celle de transmettre les doléances des résidants aux véritables décideurs est souvent omise. Les élus locaux sont à plaindre et à blâmer. Pas plus défaillants que leurs supérieurs hiérarchiques (dans l'organigramme institutionnel), ils sont les plus visibles et plus accessibles à la colère des citoyens. Alors que faire devant cette situation ? La tâche est dure. Car multisectorielle et de différents ordres. A commencer par le côté législatif où le nouveau code des communes et des wilayas qui a apporté quelques nouvelles dispositions n'offre pas beaucoup plus de prérogatives à ces élus du peuples. Mais là, c'est la mesure la plus simple. Car la complexité et toute la complexité réside dans la revalorisation de notions morales difficilement décrétables comme l'honnêteté, la sincérité, l'effort, le don de soi, le sens des responsabilités …Et tout cela est du ressort des partis politiques et de la société civile. Alors que les partis politiques se préparent pour le seul aspect respecté de la démocratie, les élections locales qui se dérouleront le 29 novembre prochain, il est urgent qu'une nouvelle dynamique soit impulsée pour faire de ces institutions locales de véritables espaces d'échanges, de partage et d'écoute mutuelle avec les citoyens. Car, à défaut de régler tous les problèmes du quotidien, il s'agira au moins de transformer les résidants en véritables citoyens. S A