Il semblerait que le dossier de l'usine Renault n'est pas prêt de connaître son épilogue. À en croire une enquête réalisée par notre confrère du Jeune Indépendant, qui cite un cercle d'initiés très proches du dossier, «Renault aurait menti» sur plusieurs volets relatifs aux négociations avec le gouvernement algérien. En fait, cette enquête nous apprend que «des responsables du ministère de l'Industrie accusent deux des intervenants algériens d'une bévue suspecte, véritable porte ouverte à l'arnaque». En clair, la même source estime que «des cadres de la SGP mécanique, chargés des négociations ont induit en erreur l'ex-ministre sur certaines données négociées, à l'exemple des capacités de la sous-traitance locale». Ces négociateurs, mis en cause, «auraient dit explicitement aux experts de Renault qu'il n'y a pas de sous-traitants algériens ni de spécialistes capables de s'occuper de la mise à niveau des entreprises algériennes dans ce domaine», révèle cette enquête. Ainsi, c'est l'une des questions et (objectifs) majeurs et stratégiques du dossier qui est remise en cause, puisque le gouvernement algérien a, dès la première heure, misé sur la constitution d'un réseau de sous-traitance qui permettra par la suite un transfert technologique. Le même travail nous fait savoir d'ailleurs qu'il «aurait été possible de lancer et d'encadrer un tissu de sous-traitance sur la base de notre expérience dans le génie mécanique héritée de l'épopée contrariée de la Snvi». Les investigations menées par notre confrère ont révélé aussi que cette «stratégie machiavélique» d'un projet d'usine de montage de véhicules en Algérie s'est greffée sur des «prémisses fausses, livrées sur un plateau par une équipe de négociateurs algériens ‘'chaleureusement'' reçue lors du round de négociations qui s'est déroulé en France».Pire encore, ces révélations graves évoquent même une interdiction des véhicules qui seraient construits en Algérie. Pourquoi ? Tout simplement, indique le même travail, à cause des «alliages de la matière première utilisés dans la fabrication de pièces détachées (qui) ne pourront jamais être contrôlés par notre pays, alors que ces pièces peuvent être réalisées à base d'une matière qui s'use plus vite que la normale». Ces propos sont appuyés par les dires d'un responsable de la Snvi au fait du dossier qui assure que «le taux d'utilisation de la matière de second et de dernier choix pour une voiture sortie de cette usine Renault Algérie pourrait dépasser les 85%, soit une voiture totalement dépréciée et destinée au marché local». Cette usine produira donc «un mauvais produit dont le prix de vente variera entre 800 000 et 1 000 000 de dinars pour les petites cylindrées avec un coût de fabrication d'environ 400 000 dinars». «L'objectif principal, selon cette enquête, est d'écouler les millions de pièces de rechange non conformes», des kits complets d'éléments «Taïwan» divers et des produits mécaniques de fabrication marocaine et israélienne, que Renault ambitionne d'utiliser dans ses chaînes de montage algériennes pour «des dividendes géostratégiques». S. B.