Le pessimisme de Lakhdar Brahimi sur la Syrie et les remarques, fort à propos, du président iranien sur les sanctions ont placé d'emblée ces dossiers sensibles au cœur des discussions à New York, à l'Assemblée générale de l'ONU. Plus de 120 chefs d'Etat, Premiers ministres et ministres sont à New York pour la 67e session de l'Assemblée. Malgré le blocage du Conseil de sécurité sur la Syrie, le conflit syrien devrait être largement évoqué au cours et en marge des travaux de l'Assemblée, de même que la colère dans le monde musulman contre le film américain islamophobe. L'émissaire de l'ONU et de la Ligue arabe, Lakhdar Brahimi, rendait compte au Conseil de sa récente visite en Syrie, au cours de laquelle il a rencontré le président Bachar al-Assad. La situation est «extrêmement grave et se détériore de jour en jour», a déploré le médiateur. Mais il a aussi répété que, pour l'instant, il n'avait «pas de plan» de règlement. Après avoir pris des contacts pendant l'Assemblée générale, Brahimi va retourner dans la région pour «présenter quelques idées sur la manière de procéder». Brahimi a remplacé Kofi Annan, qui n'était jamais parvenu à faire appliquer un cessez-le-feu, théoriquement accepté par les deux parties, et qui avait fini par jeter l'éponge au bout de six mois. Brahimi a affirmé devant le Conseil que les prisonniers subissaient des «formes médiévales de torture» en Syrie , que plus d'un millier d'entre eux était mort dans les centres de détention du régime, et que la pénurie alimentaire menace le peuple «à cause des mauvaises récoltes». Le ministre allemand des Affaires étrangères, Guido Westerwelle, a appelé à cette occasion la communauté internationale à adresser «un signal clair et uni» sur la Syrie. La guerre civile en Syrie a fait plus d'une dizaine de milliers de morts et aucune prémice de sortie de crise ne se profile à l'horizon. De son côté, le président iranien Mahmoud Ahmadinejad a profité de la tribune que lui offre l'Assemblée générale pour fustiger l'hostilité des puissances occidentales qui imposent des sanctions à l'Iran à cause de soupçons sur son programme nucléaire. Ahmadinejad dénonce l'attitude de Washington, Paris et Londres considérant qu'elles violent «les droits et libertés d'autres nations». Les Occidentaux et Israël exercent une pression dantesque sur l'Iran sous le prétexte que Téhéran voudrait se doter de l'arme atomique sous couvert d'un programme nucléaire civil. Prenant la parole à l'ouverture de la séance, le Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, s'est déclaré inquiet des menaces de guerre agitées ces dernières semaines par Israël autour du programme nucléaire de Téhéran. De son côté, la secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, a multiplié les contacts avec des dirigeants musulmans pour réchauffer les relations après des manifestations anti-américaines et a appellé à lutter contre l'extrémisme. Elle a notamment rencontré les présidents libyen et pakistanais, Mohamed Magariaf et Asif Ali Zardari. L'attaque du consulat américain à Benghazi, le 11 septembre dernier, avait coûté la vie à l'ambassadeur américain en Libye. R. I.