Plus de 120 chefs d'Etat, Premiers ministres et ministres sont attendus, cette semaine à New York pour identifier les priorités d'une session pas comme les autres, chargée de défis reflétant, comme l'énonce le SG de l'ONu, Ban Ki-moon, « l'époque tumultueuse dans laquelle nous vivons, une époque de troubles et de transition » qui exige de lutter « contre un contexte de violence généralisée liée à l'intolérance ». L'islamophobie, qui se résume dans le film blasphématoire « l'Innocence des musulmans » et la réédition coupable des caricatures par Charlie Hebdo, ont mis le feu aux poudres en mettant à nu les fondations précaires du « printemps arabe » submergé par la déferlante salafiste de tous les dangers. Le siège des ambassades américaines à Benghazi, à Tunis et en Egypte a suscité l'inquiétude de Hillary Clinton multipliant les rencontres avec les dirigeants arabes et musulmans, à la veille de l'Assemblée générale, et décrétant le rassemblement pour « résister à ces forces et soutenir les transitions démocratiques en Afrique du Nord et au Moyen-Orient ». Dans ce « printemps arabe » de toutes les dérives et de l'occultation palestinienne, perpétuant le déni historique d'un Etat spolié de ses droits légitimes à une existence souveraine, le retour de flammes sanctionne les limites d'un processus englué dans un cycle de violences en Libye - un pays résolu en définitive à se défaire du legs encombrant des milices surarmées - et au Yémen, confronté à la menace d'al Qaïda fortement implantée au Sud et à l'Est, à la sédition sudiste et aux difficultés économiques croissantes dans le plus pauvre pays arabe. Le bilan n'est, donc, guère flatteur. Une session ministérielle est ainsi consacrée au « printemps arabe », particulièrement dédiée à la crise syrienne « présente dans tous les esprits », selon le SG de l'ONU. Ce dossier chaud, qui agite les grandes puissances occidentales, sera au cœur du débat. Face à la paralysie du Conseil de sécurité, le médiateur de l'ONU et de la Ligue arabe, Lakhdar Brahimi, a exprimé son désarroi devant la détérioration de la situation qualifiée d'« extrêmement grave » et l'absence de perspectives de règlement. « Il n'y a pas de progrès en vue, aujourd'hui ou demain », a-t-il déclaré. Le poids de la responsabilité que confère la mission de la dernière chance à laquelle il ne pouvait rester insensible pèse énormément sur les épaules du diplomate au long parcours. « Je n'ai pas de plan global pour le moment, mais j'ai quelques idées », a annoncé Brahimi décidé de conjurer « la menace pour la région, pour la paix et la sécurité dans le monde ». Autre priorité onusienne : le défi nucléaire iranien pour lequel Obama compte faire tout « ce qu'il doit faire » pour empêcher l'Iran de disposer de l'arme nucléaire. L'ombre d'Ahmadinejad continuera assurément de planer sur l'Assemblée générale. Au Mali, le scénario de l'intervention, légitimé par la demande de déploiement des troupes de la Cédéao au nord, fait son bonhomme de chemin. A l'Assemblée générale, il est attendu que le forcing du président français, François Hollande, s'accompagne de l'inévitable feu vert du Conseil de sécurité saisi officiellement par Bamako. Une réunion de haut niveau sur le Sahel est prévue, à cet effet, aujourdhui, en marge de l'Assemblée générale pour décider « rapidement », selon les vœux du ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, du sort du Nord du Mali tombé sous la coupe des groupes islamistes.