Photo : Riad Par Badiaa Amarni Il y a actuellement beaucoup de demandes d'emploi en Algérie, et aussi beaucoup d'offres sur le marché. Malgré cela, le taux de chômage reste assez élevé, et les jeunes et des moins jeunes sont toujours à la recherche d'un poste de travail. Mohamed El Ouahdoudi, président de la société SIRA qui organise le Salon international du recrutement et des ressources humaines en Algérie (SIRRHA) dont la cinquième édition se tiendra du 23 au 27 juin prochains au palais des Expositions des Pins Maritimes, nous donne sa vision des choses autour de cette problématique. Selon lui, structurellement le marché de l'emploi est dynamique. Il y a d'un côté des offres d'emploi partout mais le chômage persiste. «On constate aujourd'hui une offre extraordinaire d'emplois. Cette dernière se chiffre en dizaines de milliers d'offres au niveau de tous les secteurs, à savoir les banques, les assurances, les travaux publics, l'industrie, et bien d'autres segments encore. Mais d'un autre côté, il y a la persistance du phénomène du chômage.» Ce paradoxe apparent, souligne notre interlocuteur, «provient du fait qu'il manque des passerelles de formation». Et d'ajouter que cette situation «est due aussi à l'absence d'efforts consentis de la part des jeunes pour accepter des emplois qui leur apparaissent non qualifiants et non diplômants au départ, alors qu'ils peuvent représenter en réalité des emplois leur donnant des compétences techniques qui vont les servir et les aider plus tard dans leur avenir». M. El Ouahdoudi dira qu'«il est aujourd'hui important, voire urgent de réagir face à cette situation et surtout à l'arrivée en Algérie d'ouvriers et de techniciens de l'étranger alors que nous avons beaucoup de chômeurs dans notre pays». Pour lui, «il faut absolument promouvoir tous ces emplois techniques et manuels parce que, autrement, on s'orientera vers une économie où il y aura, d'un côté, des employés expatriés à tous les niveaux et, de l'autre, des chômeurs qui restent à la recherche d'un poste de travail». Comment promouvoir ces emplois et inciter les jeunes à les adopter ? Le directeur général de SIRA nous explique que beaucoup d'efforts peuvent être faits pour atteindre ce but. D'abord, dira-t-il, il y a une revalorisation salariale importante à faire. «C'est-à-dire, il faut que la pénibilité du travail soit récompensée, et à côté il faut qu'il y ait des primes.» Mais le plus important, suggère-t-il, «c'est surtout la valorisation de ces métiers qui doivent être mieux expliqués aux gens, lesquels ont tendance à les dénigrer, alors qu'il n'y a pas de sot métier. Aujourd'hui, on peut être un simple technicien et avoir un très beau métier». Interrogé pour savoir si ce n'est pas beaucoup plus une question de mentalité pour ce qui est de la sous-estimation des emplois, notre interlocuteur avoue qu'«il est vrai que les mentalités évoluent très doucement chez nous, mais c'est le rôle de l'Etat de les faire évoluer. Je dirais que cela peut être possible, grâce à des efforts pédagogiques à faire, par la sensibilisation des jeunes, par la formation et même par l'éducation. Sans cela, nous serons contraints à ne pas avancer». Et d'enchaîner : «Les mentalités sont faites pour évoluer et non pas pour durer surtout quand elles ne sont pas en phase avec la réalité.» Environ 20 000 emplois seront proposés au Salon du recrutement Sur un autre volet, M. El Ouahdoudi a tenu à faire savoir que l'Etat n'est pas responsable à lui seul de tous les emplois en Algérie. Car, dira-t-il, il y a aussi une panoplie de postes de travail proposés par le secteur privé qui est à la recherche de critères de compétences, de disponibilité et de mobilité. «Donc, c'est au jeune de vérifier s'il a des compétences pour les faire valoir. C'est-à-dire, se faire vendre. Mais c'est aussi à l'Etat d'adopter des mesures, par exemple la prise en charge du billet de train, d'apporter de l'aide au déménagement lorsqu'un jeune trouve du travail, de même qu'une aide au logement de façon à lui permettre de s'expatrier d'une région à une autre, comme c'est le cas en France.» A mon sens, poursuit El Ouahdoudi, «ces aides sont beaucoup plus utiles parce qu'elles répondent à un blocage bien précis, le logement essentiellement, qui ne permet pas vraiment la mobilité à nos jeunes. Donc, c'est la raison pour laquelle aujourd'hui il n'y a pas de solution miracle pour régler le chômage mais il n'y a que des solutions au cas par cas, des solutions particulières, des solutions adaptées qui doivent être adoptées par l'Etat. Sommes-nous prêts à cela alors que le métier de chasseurs de têtes n'est pas tout à fait présent chez nous ?» Le directeur de l'entreprise SIRA dira qu'il existe mais qu'il en est encore au stade embryonnaire. «Les chasseurs de têtes sont là mais ils sont très discrets. Regardez autour de vous dans les halls des grands hôtels et vous remarquerez qu'ils sont en train de travailler et qu'il y a souvent des entretiens d'embauche qui se font.» Cela étant, «je pense que des aides ciblées sur des problématiques comme le logement pour permettre la mobilité, sous condition que la personne décroche un contrat de travail ou arrache une promesse d'emploi, doivent être de mise, et je pense que c'est même quelque chose de très utile». «Lorsque l'Etat peut aider 300 000 jeunes, il peut aussi en aider 1 000 ou 2 000 de façon ciblée, en leur garantissant un logement, ce qui peut avoir des résultats probants», insiste encore notre interlocuteur. Revenant sur les opportunités d'offres d'emploi sur le marché national et quels sont les secteurs les plus demandeurs, notre interlocuteur déclare qu'aujourd'hui tous les secteurs pratiquement sont demandeurs. Mais les demandes sont ponctuelles et spécifiques et concernent le secteur des banques, du génie civil, des travaux Publics, de la grande distribution qui font aujourd'hui la tête d'affiche. Mais, à côté, il y a également les assurances, les métiers commerciaux et les métiers techniques. «Je ne parle ici que du secteur privé sans le public», précise El Ouahdoudi. Abordant justement ce dernier secteur, notre vis-à-vis dira qu'«il y a aussi Sonelgaz qui participe au SIRA et qui va proposer plus de 9 000 postes d'emploi, lesquels seront expliqués et présentés par les directeurs des ressources humaines [DRH]». De plus, beaucoup d'autres offres dans le domaine bancaire, à l'exemple de BNP Paribas qui propose des dizaines d'opportunités d'emploi, de la Société générale et de beaucoup de multinationales qui sont installées en Algérie, seront proposées aux chercheurs d'emploi. «Nous pensons qu'il y aura environ 15 000 à 20 000 offres d'emploi qui seront proposés et discutés à l'occasion de ce SIRRHA.» Pour information, la cinquième édition de ce Salon du recrutement comptera 45 exposants et partenaires. Une journée pour les professionnels du recrutement sera organisée, en plus d'un salon parallèle «Entreprendre en Algérie» ayant pour objectif de répondre aux attentes des gens qui ne veulent pas être salariés mais qui veulent créer leur propre entreprise. Ce seront 20 à 30% des visiteurs du SIRA qui visiteront ce salon parallèle a conclu M. El Ouahdoudi qui ajoutera que leur «partenaire, c'est la Cap, le partenaire officiel de ce nouveau salon».