La dépouille du troisième président de l'Algérie indépendante, Chadli Bendjedid, décédé samedi d'une longue maladie, a été exposée hier au Palais du peuple, à Alger, pour un hommage d'adieu. Le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a été le premier d'un groupe de personnalités et de hauts gradés de l'armée nationale populaire à se recueillir devant le cercueil du défunt. Le cercueil recouvert de l'emblème national populaire porté par six officiers de l'armée nationale, a été accompagné de ses proches, dont l'un de ses frères. Le président du Sénat, Abdelkader Bensalah, le président de l'APN, Larbi Ould Khelifa, le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, et des membres de son staff, étaient également présents hier, au Palais du peuple. On comptait parmi les présents l'ancien ministre algérien des Affaires étrangères et actuel médiateur du la Ligue arabe et de l'ONU en Syrie, Lakhdar Brahimi. Il y avait aussi des personnalités politiques à l'instar du SG du FLN, Abdelaziz Belkhadem, l'ambassadeur d'Algérie en Tunisie, Abdelkader Hadjar, et l'ancien chef de gouvernement, Mouloud Hamrouche. Des compagnons d'armes du défunt président durant la Guerre de libération nationale étaient venus rendre un dernier hommage au défunt président avant son enterrement, aujourd'hui à El Alia. Le public pouvait se recueillir en fin d'après-midi, après le départ des officiels. Arrivé de Tunis où il occupe le poste d'ambassadeur d'Algérie en Tunisie, Abdelkader Hadjar était parmi les premiers à arriver au Palais du peuple. Avec beaucoup d'émotion, l'ancien ambassadeur d'Algérie à Tripoli a tenu à rendre hommage au défunt président en rappelant les qualités du chef de l'Etat qu'était feu Chadli Bendjedid. M. Hadjar insiste notamment sur le rôle décisif qu'a eu à jouer l'ancien président s'agissant des questions internationales. Selon lui, contrairement aux idées reçues, Chadli Bendjedid avait une parfaite connaissance des questions internationales et des conflits qui agitaient le monde durant sa présidence (1979-1992). Parmi les positions courageuses qu'on connait à feu Bendjedid, sa réplique cinglante à l'ancien homme fort du Kremlin, Leonid Brejnev. C'était en 1982, Bendjedid s'adresse à l'ancien président russe en le prévenant que la guerre d'Afghanistan, dans laquelle il s'était embourbé, allait devenir «le second Viet- Nam» des Russes. Au début des années 1990, lors de l'invasion par les forces armées irakiennes des territoires koweïtiens, Chadli Bendjedid a entrepris un intense travail de coulisse pour convaincre Saddam Hussein de retirer ses troupes avant que l'irréparable ne se produise, sans succès. Sur la question palestinienne, feu Bendjedid n'a pas dérogé à la position de l'Algérie prônée par son prédécesseur, Houari Boumediène en apportant un soutien indéfectible au peuple palestinien martyr en lutte pour sa liberté. En 1988, lors d'un sommet à Malte, raconte Mohieddine Amimour, ancien ministre, feu Bendjedid a refusé catégoriquement l'offre de médiation de l'ancien Premier ministre maltais avec l'ancien Premier ministre israélien Shimon Pérès, en vue d'une éventuelle normalisation des relations entre l'Algérie et l'Etat hébreu. Le refus sec de Bendjedid traduisait la position de soutien sans condition envers le peuple palestinien, position qui n'a pas changé depuis. A propos de la Palestine, feu Bendjedid avait réussi à réconcilier les frères ennemis palestiniens et a fait d'Alger le lieu de naissance de l'Etat palestinien. Sur le plan régional, Bendjedid était un partisan de l'Union maghrébine. Sous sa présidence, les Maghrébins assistaient à la première naissance, avant la rencontre de Marrakech, de l'UMA (Union du Maghreb arabe). Au plan interne, feu Bendjedid, qui avait rencontré une forte résistance des conservateurs de l'ancien parti unique, FLN, dans sa volonté de réviser la Charte nationale de 1976, a ouvert la porte à l'un des acquis des évènements sanglants du 5 octobre 1988, à savoir le multipartisme et la liberté de la presse. A noter que feu Bendjedid sera inhumé, aujourd'hui, au carré des martyrs à El Alia.