Le ministre français de l'Intérieur, Manuel Valls, effectue aujourd'hui une visite à Alger, de deux jours, à l'invitation des autorités algériennes. Au cours de son séjour, il s'entretiendra avec le Premier ministre algérien, Abdelmalek Sellal, le ministre de l'Intérieur, Dahou Ould Kablia, le ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci et le ministre des Affaires religieuses et des Waqfs, Bouabdallah Ghlamallah. Cette visite, qui est la quatrième d'un ministre français à se rendre en Algérie en moins de trois mois, après celles de Laurent Fabius (Affaires étrangères), Yamina Benguigui (Francophonie) et Nicole Bricq (Commerce extérieur), s'inscrit dans le cadre de la préparation de la visite, à la mi-décembre, du président François Hollande.M. Valls devrait, préparer le terrain à la prise de décisions dans le domaine de l'immigration et la sécurité qui, selon toute vraisemblance, devraient figurer à l'ordre du jour des discussions au sommet des deux chefs d'Etat, MM. Bouteflika et Hollande.En la matière, M. Valls, qui est à la tête du département de l'Intérieur depuis l'arrivée de Hollande, a tenté de montrer des signes d'ouverture et de dépassionner les relations avec l'Algérie. Il s'est, notamment, distingué par une nouvelle politique sur l'immigration laquelle se décline par l'intention affichée d'assouplir les critères de naturalisation et de mettre fin au pouvoir discrétionnaire de l'Administration en supprimant, notamment, l'obligation de contrat à durée indéterminée ou le questionnaire de connaissances générales imposé par le précédent gouvernement de droite. Mais d'un autre côté, fait montre d'une attitude plus ferme à l'égard de l'islamisme en menaçant d'expulser les prédicateurs ou les islamistes étrangers qui attenteraient à l'ordre public et à la sécurité publique en France. Le ministre du gouvernement Ayrault s'est, par ailleurs, clairement prononcé pour l'encouragement d'un islam de France et l'affranchissement des lieux de culte musulman de l'emprise financière et politique de certains pays, notamment maghrébins. En rencontrant en décembre 2001 son ancien homologue de droite, Claude Guéant, Ould Kablia avait souhaité que la Grande mosquée de Paris puisse continuer à jouer son rôle historique de lieu de rayonnement religieux et également de rayonnement moral et culturel et, cela, en faveur, prioritairement, des Algériens. Cette divergence de vue ne manquerai pas de jeter du froid dans les relations avec la France et de mettre fin à l'idylle créée par le même élu socialiste, maire d'Evry qui avait plaidé pour le développement des relations économiques avec l'Algérie. Il s'est distingué, en outre, par des déclarations, entre autres, lors d'une visite en Algérie, qu'il a effectuée en novembre 2011, en affirmant que nos deux pays sont très complémentaires et ont, chacun, à faire face au défi de l'emploi des jeunes, aux enjeux de l'après-pétrole que nous devons anticiper dès aujourd'hui. «La France possède un important savoir-faire dans des technologies pouvant intéresser l'Algérie qui, elle-même, dispose d'un fort potentiel en matière d'énergies renouvelables. Il y a, enfin, la circulation des personnes qu'il faudrait fluidifier dans les deux sens d'ailleurs», a-t-il détaillé. Par ailleurs, la visite de M. Valls fait suite à celle effectuée par Abdelkader Messahel, à Paris laquelle à été dédiée à la question de la situation au Sahel, plus particulièrement au Mali pour lequel l'Algérie plaide pour une solution politique au conflit, contrairement à la France qui soutient une intervention militaire, position dont François Hollande a tenté d'atténuer les effets en affirmant que la France n'interviendra pas au Mali, elle ne peut pas intervenir à la place des Africains. Il a déclaré, jeudi, à la veille de son départ pour Dakar et Kinshasa, dans une interview à France 24, RFI et TV5 Monde, qu'il s'efforcerait de rassurer l'Algérie, notamment sur le fait qu'il s'agit de lutter contre le terrorisme mais pas d'occuper un territoire. A noter qu'un point de presse est prévu au salon d'honneur de l'aéroport international d'Alger, Houari-Boumediene, dimanche à 17h30, peu avant le retour du ministre français à Paris, selon un communiqué du ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales. A. R.