La France perd des marchés en Algérie, et il serait temps que cette tendance soit inversée. C'est en gros l'essentiel du message délivré hier à Alger par la ministre française du Commerce extérieur Nicole Bricq pour qui les investissements français sont «prioritaires». En visite de travail pour préparer la visite de François Hollande en Algérie prévue début décembre, elle a estimé que «nous sommes encore excédentaires avec l'Algérie, mais nous perdons des marchés. Il faut que l'on redresse» la barre. La ministre française exprimait tout haut ce que beaucoup pensaient tout bas: les Français perdaient à tour de bras des opportunités de marché en Algérie à un moment où le plan de charge du programme quinquennal 2010-2014 pèse 286 milliards de dollars. Si la France est le premier investisseur étranger en Algérie et son quatrième client, «nous pouvons et nous devons faire mieux», a précisé Nicole Bricq pour qui «l'Algérie est une puissance émergente intermédiaire. Pour nous, ces investissements comme ces accompagnements d'entreprises sont prioritaires». Mieux: «le président Hollande souhaite rétablir une relation politique de confiance à la hauteur des ambitions de nos deux peuples et tournée vers l'avenir», peut-on lire dans une déclaration écrite de Mme Bricq distribuée à la presse. Pour la ministre française qui s'adressait à des journalistes, «l'Algérie a la particularité d'être à la fois un marché et en même temps un lieu essentiel d'investissements». «Mais rien n'est facile», a-t-elle reconnu. «Nous ne sommes pas seuls, nous avons des concurrents qui sont accrocheurs», a-t-elle souligné, précisant que la concurrence se trouvait notamment dans la «vieille Europe touchée par la crise». La ministre française relevait en fait une des carences des investisseurs français qui n'ont pas fait assez pour s'installer sur le marché algérien, contrairement à d'autres pays européens et surtout la Chine et le Japon, des partenaires incontournables de l'Algérie, notamment dans le secteur du BTP. «Nous cherchons des relais de croissance et il y en a en Algérie», a affirmé la ministre qui estime que tant que la concurrence est loyale, il n'y a pas de problèmes. Chargée de préparer le dossier économie et commerce lors de la visite de François Hollande en Algérie, la ministre française a cependant laissé entendre que les investissements français en Algérie seront à l'avenir plus importants. Sur les discussions en cours entre le gouvernement algérien et le constructeur automobile Renault sur l'implantation d'une usine en Algérie, elle a affirmé que «la France est attachée à ce projet au même titre que l'Algérie, mais c'est le groupe qui mène les négociations et non pas l'Etat français». Elle a révélé, à ce titre, que «les négociations se poursuivent toujours» et que «des négociations ont eu lieu le week-end dernier». Pour beaucoup, la présence effective de Renault en Algérie est en soi un gage de bonne volonté de Paris de développer ses relations économiques avec Alger. Evoquant la visite de M. Hollande, elle a indiqué que le président français «devrait venir début décembre», donnant pour la première fois une date plus précise pour cette visite, prévue avant la fin 2012. Plusieurs ministres français se sont déjà déplacés à Alger pour préparer cette visite, dont celle de Laurent Fabius, et la ministre de la Francophonie Yamina Benguigui, début septembre, leur homologue de l'Intérieur Manuel Valls est attendu début octobre. Et une visite du ministre de l'Education Vincent Peillon est également prévue.