Le Conseil de sécurité de l'ONU accorde un délai de 45 jours à la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) et l'Union africaine (UA), pour établir un plan d'intervention visant à reconquérir le nord du Mali. Ce délai a été fixé à la suite de l'adoption à l'unanimité par le Conseil de sécurité d'une résolution (n°2071), proposée par la France sur la crise au Mali. Ladite résolution charge le secrétariat général de l'ONU de travailler avec la Cédéao et l'UA pour présenter dans les 45 jours des «recommandations détaillées et applicables» en vue de l'intervention armée. Ce dernier devra mettre immédiatement à disposition des spécialistes de la planification militaire et des questions de sécurité, qui viendront aider la Cédéao et l'UA, en consultation étroite avec le Mali, les pays voisins du Mali, les pays de la région et tous les partenaires bilatéraux et organisations internationales intéressés, afin de procéder à la planification conjointe qui permettrait à la force militaire internationale de voir le jour. Il s'agit d'établir, notamment, le «concept d'opérations», des effectifs et de faire une évaluation des coûts. Le texte invite en parallèle le gouvernement malien et les rebelles touareg à «entamer, dès que possible, un processus de négociation crédible». Le Conseil s'est déclaré prêt à donner son feu vert pour l'intervention militaire au nord du Mali dès qu'il aura les renseignements demandés. En attendant, il invite les pays membres de l'ONU et les organisations comme l'Union européenne à commencer à entraîner et équiper l'armée malienne et à «appuyer la lutte contre les groupes terroristes». L'UE envisage l'envoi rapide de 150 instructeurs militaires et en discutera lundi entre ministres des Affaires étrangères. L'Algérie et par la voix du porte-parole du ministère des Affaires étrangères, a qualifié, hier, la résolution 2071 adoptée par le Conseil de sécurité de «positive» en ce qu'elle reprend de «nombreux éléments» de la démarche algérienne. «Il s'agit d'une résolution qui cristallise la convergence entre les différentes approches qui étaient sur la table et, à ce titre, nous la considérons comme positive car elle reprend de nombreux éléments de la démarche algérienne», a expliqué M. Amar Belani. De son côté, la France, qui a présenté le texte de la résolution, s'est déclarée à nouveau prête à apporter son soutien à l'intervention militaire. Son président, François Hollande a affirmé que «toute la communauté internationale se tiendra aux côtés des Maliens dans cet effort» pour reconquérir le nord du Mali. Pour Washington, qui soutiendra une action militaire africaine au Mali, la résolution est «une approche globale». La porte-parole du département d'Etat, Mme Victoria Nuland, a déclaré dans un communiqué que «les Etats-Unis soutiennent la résolution adoptée par le Conseil de sécurité sur le Mali, qui se présente comme une approche globale pour des crises qui se chevauchent en matière de gouvernance, de sécurité et de problème humanitaire touchant le Mali». Les Etats-Unis, a ajouté la porte-parole, «estiment que la Cédéao et l'UA devraient jouer un rôle de premier plan dans la planification et la mise en œuvre d'une telle réponse, avec le soutien fort et actif de la communauté internationale». Mme Nuland a précisé que «les objectifs du gouvernement américain visant à redresser la situation au Mali comprennent la restauration de l'autorité de l'Etat malien sur son territoire national tout entier, la sauvegarde de l'unité et de l'intégrité territoriales du Mali, et de faire face à la menace posée par Aqmi et les groupes affiliés». Le département d'Etat n'a pas manqué d'insister afin que le Secrétaire général de l'ONU dote M. Prodi, l'envoyé spécial de l'ONU pour le Sahel, des moyens nécessaires qui lui permettraient non seulement d'aider Bamako à organiser les élections prévues en avril 2013, mais aussi «de s'engager avec les Maliens, les Touareg et les parties prenantes de la région afin de promouvoir un règlement négocié de la rébellion touarègue». Il s'agit là de l'essence même de la démarche algérienne. A signaler enfin que la résolution 2071, qui dénonce les violations des droits de l'Homme dans le Nord-Mali, invite les autorités maliennes de transition à accélérer le retour à l'ordre constitutionnel avec «des mesures concrètes et un calendrier précis». H. Y.