Le CNES présentera aujourd'hui un rapport sur l'état économique et social de la nation et un bilan des trois dernières années. Ce rendez-vous inédit regroupera les représentants de tous les opérateurs et acteurs économiques et sociaux ainsi que les représentants de la société civile. Au-delà de la note de conjoncture qui reste un constat d'une situation où seront consignés les points positifs et négatifs de l'année qui s'achève et des deux années précédentes, l'Algérie a besoin d'une projection dans l'avenir dans un contexte de crise économique mondiale et d'une récession qui étend ses tentacules lentement mais sûrement pour étouffer une économie mondiale marquée par un déséquilibre flagrant dans la redistribution des richesses de la planète et par une prédation sans précédent des riches appauvrissant ainsi les plus pauvres. En l'absence d'un réel institut de prospectives et d'études géostratégiques, -l'INESG s'étant enfermé dans des débats d'école sans prise avec le vécu national-, le CNES regroupe assez de compétences représentant différents secteurs et qui sont au fait de la réalité du terrain, des besoins, des problèmes, des contraintes et surtout des solutions possibles afin de se libérer de la rente pétrolière qui, au-delà de ses bienfaits immédiats, constitue un frein sérieux au développement des autres secteurs créateurs d'emplois, de richesses et de plus-value. Dans quel espace de réflexion autre que le CNES peut-on débattre et esquisser une réelle politique agricole qui optimiserait l'exploitation de toutes les terres arables, de toutes les potentialités des montagnes et, surtout, tout ce qu'offre l'immense Sahara qui regorge d'eau et de soleil ? Dans quel espace autre que le CNES peut-on engager une réflexion approfondie sur les perspectives du potentiel industriel algérien, ses possibilités de développement et sa nécessaire jonction avec les universités, les centres de recherche et les chercheurs et inventeurs qui ne manquent pas et qui n'attendent que d'être pris au sérieux afin que leurs travaux sortent de la théorie et des modèles réduits vers les usines, la production et la commercialisation et, pourquoi pas, l'exportation ? Au-delà des vœux et des discours, il est temps de cesser de se mépriser et de retrouver la confiance en soi, en son potentiel propre et en ses capacités créatives. Au-delà des difficultés objectives et des forces d'inertie qui freinent toute dynamique, il faut rêver, car les grandes nations industrieuses sont le produit de rêves fous. La faiblesse n'est pas innée et le sous-développement n'est pas une fatalité. Le patriotisme ne se mesure pas par la portée de la voix de celui qui s'en réclame mais par la mise en place de politiques éducative, économique et sociale émancipatrices qui libèrent l'individu, et la communauté, de ses propres faiblesses, de ses angoisses et de ses handicaps afin qu'il se prenne en charge et se construise à partir de son potentiel et de ses moyens. Nulle nation n'est meilleure qu'une autre, nul individu n'est plus intelligent qu'un autre. Mais chaque nation, chaque individu se doit de se donner les moyens de sa réussite, de son indépendance, de sa souveraineté. Tout le reste n'est que discours vain. A. G.