Photo : APS Par Smaïl Boughazi Le Conseil national économique et social (CNES) a présenté, hier, deux rapports relatifs à l'état économique et social de la nation en 2008 et aux perspectives de 2009. S'exprimant à l'ouverture de cette rencontre, le président du CNES, M. Mohamed Seghir Babes, a mis l'accent sur la nécessité de mettre en place des mécanismes institutionnels de veille et de suivi des politiques publiques. Pour M. Babes, il faut «réunir toutes les énergies nationales» pour donner un nouveau souffle à son institution et évaluer les politiques publiques. Il a indiqué que «la présentation du rapport de conjoncture de 2008, qui intervient après la présentation du document agrégatif des trois dernières années (2005, 2006 et 2007), va permettre d'installer un regard évaluateur du Conseil sur une période de quatre ans». «Nous sommes en train de tenter de ramasser l'essentiel de l'énergie nationale autour de cet acte, de mettre en place des dispositifs institutionnels de veille et de suivi de la façon dont sont élaborées et lancées les différentes politiques publiques», a noté M. Babes. L'accomplissement de cette mission «ne peut pas être fait en comptant sur le seul potentiel national», a-t-il souligné. «Pour cela, poursuit-il, nous sommes en coopération intense avec l'ensemble du système onusien pour aller à une construction nationale des systèmes d'évaluation des politiques publiques, notamment en matière de développement durable, de lutte contre la pauvreté, de gouvernance et d'économie fondée sur la connaissance.» L'évaluation faite par cet organisme consultatif a fait ressortir que le taux de croissance hors hydrocarbures, estimé à 11 % en 2009 est «appréciable». Cette croissance est tirée principalement par les dépenses engagées dans les grands projets d'équipements publics et par le secteur du bâtiment. Sur ce point, les experts du CNES ont relevé que «malgré une forte chute des prix des hydrocarbures, le financement public en 2009 demeure soutenu grâce à une forte accumulation des réserves financières durant les années précédentes, représentant 40% du produit intérieur brut en 2009». En dépit de ces efforts soutenus et continus, observe le CNES, l'Algérie «continue de reculer» en termes de classement, en ce qui concerne le climat des affaires. Il estime, dans ce contexte, que la part de l'investissement direct étranger (IDE) dans l'ensemble des investissements réalisés en Algérie durant la période allant de janvier à fin juin 2009 reste «très marginale», signalant que la part des investissements financés par le budget d'équipement de l'Etat au terme du semestre précité sont de l'ordre de 909,2 milliards de DA (78%) sur le total des investissements réalisés dont le montant est de 1 163,6 milliard de DA. En ce qui concerne l'investissement étranger réalisé au titre de l'ANDI, ce dernier s'élève à 12,6 milliards de DA, alors que le privé national a réalisé un montant de 173,7 milliards de DA du total investi. Abordant le volet de l'économie réelle, le CNES fait remarquer que le secteur agricole a connu une bonne croissance pour la campagne agricole 2008/2009 grâce à une production céréalière qui a atteint 61,2 millions de quintaux. Pour ce qui est de la mobilisation des ressources en eau, le conseil estime que celle-ci «est en croissance constante». «D'importantes infrastructures ont vu le jour», souligne-t-il, relevant que le nombre de barrages exploités au niveau national devrait passer de 61 à 71 barrages en 2009. Le secteur de l'habitat a également connu la réalisation de plus d'un million de logements à la fin de l'année 2009. Le secteur des transports a enregistré également une «croissance remarquable» en 2009 dans les réseaux aérien, ferroviaire et routier avec la réalisation et le lancement de plusieurs projets durant cette année. Pour la production industrielle, le CNES juge qu'elle est moyenne. «Le secteur industriel ne profite pas assez des avantages que lui offre le marché local. Le niveau de production demeure en deçà des projections avancées ces dernières années par les responsables du secteur», a-t-il estimé. D'après le CNES, le secteur industriel public a connu une croissance de 3,5 % en 2009 grâce à légère reprise du textile. Au plan social, le CNES relève que le niveau de l'inflation s'est maintenu à 5,7% en moyenne au cours de l'année 2009. Un niveau dû, selon les experts du CNES, à des facteurs «endogènes», particulièrement les disparités existant entre l'offre et la demande sur le marché. Pour la dernière tripartite, le rapport a qualifié l'augmentation du SNMG d'un «consensus». Le document souligne qu'entre 2000 et 2008, le SNMG a été revalorisé trois fois, «ce qui, en moyenne annuelle, s'est traduit par un accroissement de 9,8%, pendant que l'inflation a augmenté à un rythme moyen annuel de 3,02%». Le conseil indique aussi que le rythme d'évolution moyen annuel au cours de la période 2000-2009 «est supérieur à celui de l'inflation». Il explique que le SNMG «s'est accru de 7,8% en moyenne annuelle», alors que, dans la même période, l'inflation a augmenté de 4,4% en moyenne annuelle. Selon le CNES, le pouvoir d'achat «s'est amélioré au cours de la période 2000-2008» mais «sans contrepartie équivalente en gain de productivité». Les revalorisations du SNMG s'effectuent d'une manière «cyclique et sans rapport direct avec la productivité du travail et l'inflation», estime enfin le CNES, qui note que cette réalité relance la question des revenues salariaux et des critères contribuant à leur détermination et à leur augmentation. Par ailleurs, les experts du CNES ont jugé que les mesures de la LFC 2009 «reflètent une certaine perspicacité justifiée des pouvoirs publics devant un phénomène déjà vécu, celui du gonflement de la facture d'importation et la perte de parts de marché de notre production nationale». L'institution économique et sociale relève en outre que la LFC 2009 dispose d'avantages avérés en faveur de l'investissement productif et de la recherche et développement. Cependant, le CNES juge «important» de fournir d'autres prismes de lecture de la LFC 2009 que ceux attachés aux régulations conjoncturelles au regard des implications en matière d'ajustement des instruments de politique économique qui «ne sont pas forcément reliés à la crise financière internationale et dont l'objectif est de rationaliser, d'encourager ou de moraliser les activités économiques», a-t-il ajouté. Enfin, pour le bilan des grandes tendances économiques et sociales de la nation, le CNES a relevé notamment «la stabilité renforcée de la position extérieure, le niveau important des réserves de changes, qui atteignent plus de 143 milliards de dollars», entre autres indicateurs macro-économiques, qui «ont permis à l'économie algérienne de faire face aux défis de la crise financière internationale». Selon le CNES, la consolidation des grands indicateurs macroéconomiques de l'Algérie pour l'année 2008 a été boostée notamment par de bons chiffres de la dette extérieure, en amélioration constante depuis 2005. «La forte diminution de l'encours de la dette extérieure en 2008 (2,5% du PIB) est venu en complément d'un désendettement public externe significatif», soit 31% de l'encours de la dette à moyen et long terme, ainsi qu'un faible ratio du service de la dette extérieure, relève le conseil. S. B. Un comité ad hoc sur le système bancaire et financier Un comité ad hoc, chargé de rendre le système bancaire et financier plus performant, sera installé dès la première semaine du mois de janvier 2010, a a indiqué hier à Alger le président du Conseil national économique et social (CNES), M. Mohamed Esseghir Babès. Ce comité sera «chargé de mettre en phase la sphère bancaire et financière avec la sphère économique réelle», a expliqué le président du CNES en marge des travaux du conseil consacrés à la présentation des rapports de conjoncture. «Ce sont ces acteurs-là qui tiennent l'entreprise et qui créent l'emploi pérenne et la croissance durable», a-t-il soutenu. L'installation de ce comité intervient après celui déjà mis en place il y a quelques semaines pour élaborer une stratégie visant à promouvoir la création des PME en Algérie.