Le ministre de l'Education nationale, Abdellatif Baba Ahmed, a inauguré hier après-midi, le Salon «De la mémoire et des réalisations», dédié au secteur à l'aune du Cinquantenaire de l'indépendance. Le ministre, fraichement installé à la tête de l'institution, s'est longuement attardé au niveau des stands des exposants pour prendre la mesure des «réalisations» et des tâches qui lui incombent. La tournée donnait l'impression d'une prise de contact entre le ministre et les cadres de son ministère. Le temps n'était donc pas aux critiques ni aux déclarations fracassantes. Après cinquante ans d'école algérienne, «c'est le temps de l'évaluation et des études pour cerner les carences», déclare-t-il à la presse. Avec des pincettes, le ministre explique que l'éradication de ces «carences» n'est pas chose aisée, car il s'agit d'un secteur qui touche «plus de 700 000 fonctionnaires et 8 millions d'élèves». Le secteur de l'éducation, domaine névralgique et sensible, ne peut être réformé en un tour de main. D'ailleurs, Baba Ahmed annonce être en discussion avec les syndicats de l'Education. Interrogé sur la surcharge des classes et les insuffisances constatées en matière de répartition des établissements scolaires, il explique le phénomène par l'érection et la distribution de cités sans avoir au préalable livré ces établissements. Il rappellera que l'Algérie compte plus de 25 000 établissements scolaires, dont 2 000 lycées et annoncera que «480 établissements sont en cours de réalisation». En matière de décisions prises par ses soins, Baba Ahmed cite une instruction pour la généralisation de l'accès à la restauration scolaire à tous les élèves -actuellement 80% des élèves y ont accès- ainsi que la généralisation de systèmes de chauffage dans les établissements. S'agissant des programmes pédagogiques, le ministre nie tout changement dans le contenu des manuels scolaires. Il s'agira juste «d'alléger le volume des manuels pour réduire leurs poids». L'école algérienne, tant décriée au vu des résultats des différentes politiques de réformes pédagogiques, est un lourd chantier en perspective. Si en chiffres de réalisations d'infrastructures, de scolarisation et de bacheliers, l'évolution quantitative est indéniable, il reste qu'au niveau de la qualité pédagogique le malaise est profond. Une révision de méthodologie, d'approche, d'idéologie et de pédagogie est plus qu'urgente dans une école qui forme des lettrés quasi incultes. Mais que dire quand un ministre de l'Education, dans une interview accordé au quotidien arabophone El Khabar, dans son édition de mercredi, affirme qu'il y a un grand nombre d'enseignants atteints de maladies psychiques menaçant l'intégrité physique et mentale des élèves, qu'en l'absence d'un cadre juridique et devant le manque d'encadrement le ministère ne peut licencier ! S. A.