Aujourd'hui, s'ouvre la campagne électorale pour les élections locales du 29 novembre, au milieu du désintérêt de l'électorat. En lice pour la course aux Assemblées communales et de wilayas, pas moins de sept groupes d'alliances et 52 partis. Chacun de ces groupes d'alliances se verra attribuer un seul numéro sur l'ensemble du territoire national après un troisième tirage au sort, effectué jeudi. A la décharge des acteurs politiques engagés dans cette campagne, on enregistre la naissance d'alliances que d'aucuns qualifient d'unions «contre nature» entre des partis dont les directions respectives se vouent des inimitiés qu'elles n'ont pas manqué d'étaler sur la place publique. A l'instar de l'alliance entre le parti de Bouguerra Soltani et son ancien partenaire de la défunte alliance présidentielle, le parti du Rassemblement national démocratique (RND) d'Ahmed Ouyahia. Cela s'explique, non pas par un soudain retournement de situation, mais bien après que les états généraux de ces partis aient délégué pleins pouvoirs aux militants de base de contracter les alliances qu'ils jugent plus à même de rafler le maximum de sièges, tant au sein des APC que des APW. Connus pour avoir des lignes politiques diamétralement opposées, les partis d'Ennahda et du RND ont aussi consenti de s'allier, quitte à laisser de côté, le temps d'une campagne leurs égos et, même encore, leurs velléités partisanes. Déjà alliés dans le cadre de la coalition islamiste de l'Alliance de l'Algérie verte (AAV), le parti El-Islah de Hamlaoui Akkouchi et le Mouvement de la société pour la paix (MSP), font cause commune à l'occasion des locales, pour tenter de remettre en scelle un camp islamiste sorti bredouille des dernières législatives, alors que ses ténors misaient sur un raz de marée électoral. En plus d'un score électoral en deçà des attentes, les islamistes, notamment le MSP, devaient subir des dissidences en cascade matérialisées par la dissidence de l'ancien ministre des travaux publics, Amar Ghoul. Ce dernier, par pur égoïsme ou opportunisme politique, a refusé de suivre les orientations de la plus haute instance entre deux congrès du parti décrétant un retrait pur et simple du gouvernement. Mieux, M. Ghoul, en plus de se voir rappelé dans l'Exécutif Sellal en conservant son portefeuille, s'est doté d'une chapelle politique à la tête de laquelle il a été plébiscité, en l'occurrence TAJ (Tajamoû Amal El Djazaïr). Les islamistes ont vite crié au complot et traité Ghoul de «traître». Comme pour narguer ses anciens «amis», Ghoul appelle au rassemblement et prône le principe de «non exclusion». Pas encore remis de cette «trahison», c'est vers un autre ponte du MSP que les islamistes se tournent pour déverser leur colère. Il s'agit du ministre du Commerce, Mustapha Benbada qui a choisi de marcher sur les pas de son ancien compagnon. A la différence que lui (Benbada. Ndlr) n'a pas de chapelle politique. La veille de cette campagne pour les locales rappelle étrangement la même ambiance qui avait précédé celle des législatives du 10 mai. Un manque d'enthousiasme, voire un désintérêt total de la part des citoyens. Quant aux «signes extérieurs», ils sont à peine visibles : les panneaux électoraux refont leur apparition. S'agissant de l'activisme politique, il est, à quelques rares exceptions, absent. Manifestement, on n'attend que le coup de sifflet annonçant le top départ pour que la cohorte s'élance dans une bataille qui pourrait s'annoncer vaine puisque occultant un élément clé : l'électeur. Du coup, le risque d'abstention lors de ces locales est on ne peut plus présent. Peut-être encore davantage que les législatives de mai -qui ont vu 75% des Algériens opter pour l'abstention ou le bulletin nu-. La Commission nationale indépendante de surveillance des élections locales (Cnisel), rappelée à la même mission, déplore par la voix de son président, Mohamed Seddiki, que l'instance qu'il préside n'ait que «peu de prérogatives» et que son rôle «se limitait à la surveillance et la saisine», alors que ce rôle devait être «complémentaire» à celui de la Commission de supervision des élections, constituée de magistrats. M. Seddiki est allé jusqu'à menacer de geler les activités de la commission si les pouvoirs publics n'accédaient pas à la doléance de ses membres : ouvrir droit aux mêmes indemnités que les magistrats composant la Commission de supervision.