Inauguré jeudi dernier, le Festival cinématographique international d'Alger dédié au film engagé continue à attirer les amoureux du 7e art. Les projections se déroulent dans deux sites, à la salle Ibn Zeïdoun, pour les longs métrages de fiction, et à la Cinémathèque d'Alger où l'on retrouve à l'affiche des œuvres de la catégorie documentaire.Pour la soirée de dimanche dernier, c'est le documentaire Indochine sur les traces de ma mère qui a été présenté en compétition officielle au niveau de la cinémathèque. Réalisé par le Béninois Idrissou Mora Kpai, ce documentaire de 71 minutes raconte le drame de centaines d'enfants nés d'unions afro-vietnamiennes lors de la guerre d'Indochine. On retrouve dans ce documentaire les témoignages de personnes, de pères africains et de mères vietnamiennes, déportées en Afrique après la guerre. Des enfants ont été adoptés au Sénégal et au Bénin. «Ce sont nos enfants», déclare l'une d'elles. On y retrouve le cas du général Soglo, qui a adopté sept enfants, dont Christophe qui part à la recherche de sa maman au Vietnam. Mais ce qui est le plus impressionnant dans cette œuvre, c'est la mise à nu des autorités françaises qui ont obligé leurs jeunes des colonies à incorporer l'armée coloniale française et à aller à la guerre en Indochine, contre des Indochinois combattant pour leur liberté et l'indépendance. Le réalisateur a donné la parole à plusieurs reprises à d'anciens combattants, des appelés que les autorités françaises présentent comme des volontaires pour tromper l'opinion internationale. «Nous avons été obligés de rejoindre l'armée et, à la fin de notre service, les autorités nous demandaient de rempiler d'une année à titre volontaire, donc on devenait des volontaires qui partent à la guerre d'eux-mêmes», déclare un ancien combattant victime de cette tromperie.Le documentaire se penche aussi sur la fraternité née entre les soldats africains combattants pour la France et les Vietnamiens. «Nous étions tous des colonisés, c'est ce qui nous a rapproché d'ailleurs. Il y a même des soldats du camp ennemi qui nous ont rejoints», affirme un ancien responsable de la résistance vietnamienne.Le tournage du documentaire s'est déroulé en Afrique mais aussi au Vietnam quand la caméra à suivi Christophe dans son voyage à la recherche d'informations sur sa mère. Des images d'archives ont également été incorporées dans le film pour «authentifier» ce documentaire poignant qui s'est intéressé à un sujet sensible, une douleur intime pour des centaines d'enfants nés durant la guerre. Arrachés à leurs mamans, ces enfants ont, pour la plupart, fort heureusement, été adoptés mais cela n'a pas été suffisant pour leur faire oublier la disparition d'une maman, dont la plupart n'ont même pas une photographie. W. S.