Photo : M. Hacène Par Abdelkrim Ghezali C'est un président de la République content d'être en Algérie qui a fait irruption dans la salle où les journalistes l'attendaient. D'emblée, François Hollande justifie sa visite à Alger. «Parce que c'est le premier voyage d'Etat que je fais en tant que président de la République, parce que c'est le premier que je fais dans cette région, parce que c'est un voyage qui intervient en 2012, un moment symbolique qui coïncide avec le Cinquantenaire de l'indépendance de l'Algérie, ce voyage attendu, espéré, redouté, ce voyage était nécessaire.» C'est en ces termes que le président français a entamé sa conférence de presse. Hollande qui dit avoir «une relation personnelle avec l'Algérie», déclare qu'il est venu à Alger pour entamer «un nouvel âge» dans les relations entre l'Algérie et la France. Les temps ont changé, les méthodes et les contenus aussi a-t-il déclaré. Pour lui, l'action et le contenu importe plus que les discours. C'est à ce titre qu'il a affirmé : «Nous sommes pour un partenariat stratégique d'égal à égal avec l'Algérie pour entrer dans une nouvelle ère». Hollande qui s'adressera aujourd'hui au Parlement à Club des Pins, devra faire un discours où il exposera ses vérités sur le passé colonial et sa vision des relations d'avenir entre l'Algérie et la France. Il fera également une annonce «très forte» sur le projet d'implantation de l'usine Renault en Algérie. «Un beau projet pour l'Algérie, pour la France et pour Renault», a-t-il souligné. A ce propos, il a confirmé la signature d'un accord entre l'Algérie et le groupe Renault pour la création d'une société commune qui sera chargée de la construction d'une usine de voitures du groupe à Oran. «Des annonces très fortes seront faites, dont la décision de Renault d'ouvrir une usine pour construire des automobiles», non seulement pour le marché algérien mais pour tout le continent, a déclaré le président français. Pour le président Français, ce projet témoigne «de la volonté de coproduction entre l'Algérie et la France». A propos du processus des réformes en Algérie, Hollande a estimé qu'il «arrive à son terme» avec, comme «dernière étape», la prochaine révision de la Constitution. «Après le processus de réconciliation et de reconstruction, le Parlement algérien ne lui reste que la révision de la Constitution dernière étape des réformes politiques», a-t-il dit. Le président français a relevé, par ailleurs, que l'Algérie n'a pas connu «le printemps arabe» comme certains pays arabes, expliquant que «chaque pays a ses spécificités». «Je veux saluer le courage des Algériens qui ont lutté, pendant toutes ces années, (contre le terrorisme) et la manière avec laquelle ils ont réussi à rester unis». Abordant certaines questions régionales, François Hollande a nié l'existence de divergence de vues entre l'Algérie et la France sur le règlement de la crise au Mali. «En France, comme en Algérie, nous sommes pour les négociations. Nous sommes pour la lutte contre le terrorisme», a déclaré M. Hollande. «Si on est contre le terrorisme, on ne peut pas permettre à Aqmi de s'installer dans le nord du Mali», a-t-il précisé. S'agissant d'une éventuelle intervention militaire pour déloger Aqmi de la partie nord du Mali, M. Hollande a indiqué que «c'est le Conseil de sécurité de l'ONU qui va décider, pas la France». Il a affirmé, en outre, que l'Algérie jouait un rôle «très important» à la fois pour lutter contre le terrorisme, mais aussi pour favoriser les négociations politiques dans le traitement de la crise au Mali. «L'Algérie a lutté contre le terrorisme et elle est en train de nous livrer son expérience. Le président Bouteflika et moi-même sommes en convergence de vues pour le traitement de la crise du Mali», a-t-il souligné. «Nous pensons qu'il convient de faire le dialogue politique pour que les négociations puissent permettre au Mali de recouvrer son intégrité territoriale avec les mouvements et les forces qui luttent directement contre le terrorisme», a-t-il dit.