Emma, sept ans, est quasiment guérie d'une leucémie aiguë lymphoblastique. Par quel miracle ? Grâce à un traitement d'une innovation complète : des médecins lui ont inoculé un «morceau» du virus du sida qui a fait disparaître les cellules cancéreuses. Ce traitement expérimental, dont Emma est le tout premier enfant à bénéficier, a été réalisé à l'hôpital pour enfants de Philadelphie.La leucémie dont souffrait la fillette atteint la mœlle osseuse et elle est d'autant plus dangereuse lorsqu'elle récidive. Dans le cas d'Emma, la rechute est intervenue alors qu'elle avait six ans. Le traitement de chimiothérapie qu'elle a subi à deux reprises n'a alors pas permis d'enrayer la maladie. C'est ainsi que, en désespoir de cause, les parents de la fillette ont demandé aux médecins de l'hôpital pour enfants de Philadelphie de réaliser sur elle le traitement expérimental qui n'avait, jusque-là, été essayé que sur trois adultes souffrant de leucémie chronique.Le traitement consiste à inoculer une forme atténuée du VIH afin de reprogrammer le système immunitaire, notamment les lymphocytes T et ainsi détruire les cellules cancéreuses. Pour récupérer les lymphocytes T, les médecins ont filtré le sang de la malade. Ils ont ensuite injecté une forme modifiée du VIH dans ses cellules qui a permis de modifier génétiquement les lymphocytes T et les rendre capables de lutter contre un certain type de cellules cancéreuses. Dans le cas d'Emma, il s'agissait de lymphocytes B. Plus précisément, grâce au virus, les lymphocytes se sont mis à exprimer à leur surface un récepteur chimérique capable de reconnaitre des protéines ne figurant qu'à la surface des cellules cancéreuses. Ainsi, les lymphocytes ont pu fixer ces dernières et les détruire. Une fois que les chercheurs se sont assurés que la technique marchait, ils ont injecté les lymphocytes génétiquement modifiés dans le sang de la petite fille où ils ont pu se multiplier et agir. Deux mois après cela, les tests ont montré qu'Emma ne présentait plus aucun signe de cancer. Les cellules T altérées étaient toujours présentes mais en plus petites quantités. Six mois plus tard, la fillette est aujourd'hui en pleine rémission et est même retournée à l'école. Le médecin américain, Michel Sadelin, qui a déjà pratiqué cette technique sur quelques adultes précise que le virus du sida ne présente pas de risques et que l'enfant «ne deviendra pas séropositive».«C'est tout simplement merveilleux», affirme ce médecin, interrogé par Europe 1. Pour autant, «il faut être prudent, il pourrait encore y avoir quelques cellules leucémiques qui pourraient rechuter. Mais pour l'instant, les résultats sont très encourageants», ajoute-t-il. Plusieurs cancérologues français ont estimé que cette technique était révolutionnaire bien qu'il faille encore poursuivre les travaux.En effet, tous les patients qui ont testé le traitement n'ont pas montré des résultats aussi satisfaisants : si trois ont connu une rémission complète comme Emma, quatre ont connu une amélioration sans vraiment vaincre définitivement la maladie.De plus, les lymphocytes T modifiés ne reconnaissent pas que les lymphocytes B cancéreux et s'attaquent donc aussi aux cellules saines, ce qui fragilise les patients et les rend plus sensibles aux infections. Cependant, les perspectives sont tout de même considérées comme nombreuses au vu des résultats obtenus et les scientifiques cherchent déjà à appliquer cette méthode à d'autres cancers : celui du sein ou de la prostate, notamment. E. P. In lexpress.fr