Dans le cadre des hommages rendus aux pionniers de la musique algérienne initiés par le ministère de la Culture, un hommage sera rendu, vendredi à la salle Ibn Zeidoun, à l'artiste Mohamed Kheznadji. Pour cette soirée, prévue à 17h, un concert sera animé par l'Orchestre régional d'Alger, dirigé par Mokdad Zerouk, avec la participation d'artistes de renom à l'image de Zakia Kara Terki, Naserddine Chaouli, Lamia Maadini et Imen Sahir. Considéré par les puristes comme l'un des interprètes les plus représentatifs du style andalou algérois, Mohamed Kheznadji a influencé, tant par son style que par le charisme de son attachante personnalité, des générations entières de musiciens et d'interprètes. Né à la Casbah en 1929, il est issu d'un milieu algérois où la musique classique algérienne dite andalouse est un art de vivre. Son père tenait un commerce d'instruments de musique traditionnels. Le jeune Mohamed se rendait régulièrement au souk d'El Harrach pour s'approvisionner en peaux de chèvre nécessaires à la confection de bendirs, de derboukas et de tambourins. Le jeune homme était fasciné par les musiciens qui fréquentaient l'échoppe pour, notamment, acheter les cordes des violons et des mandolines. Il montrera très tôt des prédispositions artistiques au contact de grands maîtres, tels Mohamed Benchaouch, Mourad Bestandji, Mohamed et Mahieddine Lakhal, qui lui feront découvrir les horizons artistiques et spirituels de la nouba. Il a, à l'époque pour cheikh (maître) Abderrahmane Belhocine (père de Hamid, tromboniste de Kassav'), le mentor qui lui révélera tous les secrets d'un art, en particulier la sana'a, et le guidera lors de ses premiers pas sur scène. Très vite, l'ancien récitant de Coran, amateur de vers mystiques, va imposer sa marque aussi bien comme interprète, d'abord au sein du grand orchestre dirigé par Cheikh Mohamed Fekhardji, puis en soliste, comme professeur dans diverses structures musicales. Mohamed Kheznadji séduit beaucoup par sa maîtrise de la tagliba (litt. renversement) qui consiste à faire passer rapidement la voix de la note la plus élevée dans les aigus à des degrés qui vont de la tierce à l'octave inférieure.La carrière de ce maître de musique a fini par franchir les frontières de l'Algérie pour porter son authentique art arabo-andalou. Il forma également plusieurs musiciens de talent, notamment Beihdja Rahal. Il prêta son concours aux festivals organisés à travers le territoire national et a participé à différentes manifestations culturelles, notamment en Tunisie, au Maroc, en France, en Italie, aux Pays-Bas ainsi qu'aux Etats-Unis d'Amérique. Il est le chef d'orchestre de l'ensemble Kheznadji, sa troupe avec laquelle il joue régulièrement. W. S.