De notre correspondant à Constantine Nasser Hannachi
La prise en charge effective des maladies «gingivales» et des dents demeurent insuffisante au niveau des structures. Et les patients ne s'y adonnent pas sérieusement en raison des coûts élevés des soins appliqués en extra public. Les unités de dépistage scolaire, qui tentent de dépister et traiter la carie à sa base, c'est-à-dire chez cette frange de bambins scolarisés, sont parfois en bute à des difficultés d'orientation faute de places suffisantes pour une prise en charge en milieu spécialisé. Bouches, gencives, dents sont-elles prises à la légère par la population tout âge confondue ? A priori oui. Généralement le dentiste est sollicité seulement en présence d'une rage de canine ou pour des cas sévères diagnostiqués lors d'une visite chez un médecin généraliste. Cela est un fait, estime un chirurgien privé pour qui «les patients ne s'inquiètent vraiment de leur dentition qu'en cas de carie sévère ou pour une éventuelle extraction». Pourtant la bonne santé buccodentaire préserve l'état global de santé des personnes. Il n'est pas question de faire briller son émail par besoin «esthétique». Des recherches font état de lien assez fort «entre une mauvaise santé buccodentaire et d'autres affections telles que les cardiopathies, le diabète et les maladies respiratoires». Pour une bonne santé buccodentaire tout au long de sa vie, un seul geste majeur s'impose au quotidien : se brosser les dents. Et le recours systématique à son dentiste pour des consultations périodiques s'avère plus que primordial pour s'occuper à temps d'une éventuelle affection dentaire. «Si la carie n'est pas traitée à temps elle deviendra à la longue difficile à circonscrire», soutient encore notre source avant d'ajouter : «La santé buccodentaire prémunit le corps contre diverses pathologies (les caries et les maladies gingivales) délicates à maîtriser à la longue». Un autre facteur favorisant et dangereux, il s'agit du tabagisme. Il provoque «des maladies buccales et dentaires», selon des généralistes pour qui : «la fumée du tabac affecte les gencives et d'autres parties de la bouche. Certaines toxines de la fumée contribuent au cancer buccal et endommagent les os des dents. Le tabac est l'ennemi des dents et le facteur principal des maladies des gencives». Le coût des soins, qui a pris des ailes ces dernières années, décourage les plus «cariés» des patients. Toutefois cela ne doit pas primer la prévention. Une hygiène quotidienne permet de minimiser des risques. Les spécialistes ont beaucoup insisté sur cette évidence, déjà émise depuis des lustres, ce qui a mené les pouvoirs publics à instaurer une nouvelle politique pour la prise en charge de la santé buccodentaire, après que celle-ci se soit focalisée sur la «formation et la création de centres curatifs», expose notre interlocuteur. Ce fut un échec qui les a amenés (les pouvoirs publics) à revoir cette conception et à privilégier «l'odontologie préventive». Encore faudra-t-il l'accompagner de plusieurs campagnes de prévention car les spécialistes estiment qu'un système de santé dépourvu de cette charnière n'apporte point d'effet escompté. Ces dernières années les gestionnaires de la réforme hospitalière et de la santé avaient actionné des campagnes pour anéantir le fléau «cariogène» ou cariant en incitant à l'utilisation «massive» du fluor. Aussi les pouvoirs publics ont-ils déclaré la guerre aux caries. Les actions portaient sur la santé scolaire avec en prime le concours des unités de dépistages scolaires(UDS).Une fois des anomalies décelées chez les écoliers une lettre d'orientation leur est remise pour se faire prendre en charge au niveau d'un centre de stomatologie. Pas facile. Souvent les jeunes patients doivent attendre des mois pour se procurer un simple appareil dentaire. On s'est attaqué aux cas extrêmes ! Alors qu'en milieu scolaire, à travers les bilans effectués entre 1994 et 2000 (selon des sources scientifiques algériennes), la carie dentaire y est la pathologie la plus fréquente. «C'est la prise en charge qui est difficile à assurer. Certains patients sous l'effet des déficits en capacité au niveau des infrastructures spécialisées, rebroussent chemin. Les plus à l'aise financièrement optent pour le privé, sinon c'est une santé buccodentaire hypothéquée pour le restant des malades…», admet un cadre de la santé. Plusieurs observateurs spécialisés en la matière imputent cette mauvaise prise en charge à plusieurs paramètres contraignants, dont principalement le manque d'information, l'absence de sensibilisation et de prévention permanentes sur le sujet. Le reste occupe une place prépondérante : les soins sont longs et saccadés faute d'un suivi sans tracas au niveau des espaces sanitaires. Pour dire que la santé buccodentaire, de par ses aspects décourageants, incite peu les citoyens au geste simple geste de consultation. Sauf pour une rage de dent.