On l'attendait depuis mardi soir, jour de la démission de Hamadi Jebali du poste de Premier ministre tunisien, et plus encore après le refus de ce dernier d'être reconduit à la tête du nouveau cabinet. Le parti majoritaire en Tunisie, Ennahda, a trouvé un remplaçant au charismatique Jebali. Ça sera le ministre de l'Intérieur dans l'ancien gouvernement, Ali Larayedh. Le président tunisien, Moncef Marzouki, a approuvé donc, hier, la désignation d'Ali Larayedh au poste de Premier ministre, a annoncé le porte-parole de la présidence, Adnène Mancer. «Le président a souhaité du succès à M. Larayedh à qui il remettra ce soir la lettre de sa désignation officielle» comme Premier ministre, a-t-il indiqué dans une allocution en direct à la télévision. «M. Larayedh aura un délai de 15 jours pour composer son gouvernement et présenter son programme» au chef de l'Etat, a-t-il ajouté, résumant la procédure qui s'enclenche à compter de la nomination officielle. Le chef de l'Etat a souhaité que M. Larayedh, figure du mouvement Ennahda depuis sa création, s'y attèle «le plus rapidement possible, le pays ne supportant pas d'attendre davantage», a dit le porte-parole. Selon de fins observateurs de la situation en Tunisie, le choix de Larayedh, connu pour être un modéré, obéit à une urgence politique pour le parti majoritaire. Mettre un connaisseur de la situation sécuritaire à la tête du gouvernement pour mettre un terme aux débordements des salafistes qui lui créent de sérieux problèmes. Même s'il est vivement critiqué par la gauche tunisienne, qui impute à son département tous les dérapages sécuritaires, la désignation d'Ali Larayedh pourrait indiquer qu'Ennahda voudrait en découdre avec le laxisme qui a caractérisé sa gestion du dossier des salafistes auparavant. En d'autres termes montrer la fermeté nécessaire pour en finir avec la violence dans le pays. L'assassinat de Chokri Belaïd le 06 février dernier et l'attaque de l'ambassade américaine l'automne dernier sont des tournants dans la prise en charge de ce dossier. Le gouvernement tunisien est plus que jamais appelé à rétablir la confiance d'une partie de la classe politique. Une confiance qui passe par des signes d'intransigeance. Le gouvernement formé par M. Larayedh devra avoir le quitus de l'Assemblée nationale constituante (ANC) par une majorité d'au moins 109 députés sur 217. Ennahda a promis de bâtir la coalition la plus large possible pour sortir le pays de la crise politique dans laquelle il est plongé. Agé de 57 ans, M. Larayedh est une figure du mouvement Ennahda depuis sa création. Prisonnier torturé sous le régime tunisien déchu de Zine El Abidine Ben Ali, il devient Premier ministre après la révolution de 2011. Il était aussi le président du Conseil de la Choura de son parti de 1982 à 1986, puis le chef de son bureau politique. G. H./Agences