Invité hier, au Forum du journal Liberté, Abdelmadjid Attar, ancien P-dg de Sonatrach, a expliqué que l'assise financière dont jouit aujourd'hui Sonatrach et le pays, la multiplicité des projets et la centralisation de la prise de décisions ont favorisé la corruption, dont la presse fait étalage ces dernières semaines. Attar s'est dit «attristé» par ce qui se passe ; «je me mets à la place des gens qui dirigent Sonatrach. Je suppose que tout cela va se répercuter sur les cadres de l'entreprise, ceux-ci vont hésiter à prendre des initiatives». Abdelmadjid Attar ouvre une parenthèse à ce sujet, en rappelant la période où il était à la tête du Groupe Sonatrach (dans les années 1990). «D'abord, il n'y avait pas d'argent, c'était une période de vache maigre. Et puis, ajoute-il, chaque chef de division, chaque vice-président avait des prérogatives qui lui permettaient de signer des contrats. Et c'est à cette époque, pas si lointaine, mais très difficile, que l'on a signé le maximum de contrats», s'est t-il réjoui. La question sécuritaire, l'ancien P-dg de Sonatrach l'évoque, en soulignant qu'il n'y pas de comparaisons à faire entre les années 1990 et aujourd'hui, allusion faite à la prise d'otage survenue le 16 janvier dernier, sur le site d'In Amenas. Selon lui, cette opération n'aura pas d'effets négatifs sur l'investissement dans le secteur pétrolier. Des compagnies pétrolières qui ont investi des milliards de dollars en Algérie ne vont pas en sortir, parce qu'il y a eu un acte terroriste, explique-t-il. Toujours au chapitre investissement, Abdelmadjid Attar estime que la loi sur les hydrocarbures de 2005 n'a pas été adoptée au bon moment. La production dans le secteur des hydrocarbures avait fortement diminué et il fallait trouver un cadre de loi incitatif, pour motiver les compagnies étrangères, mais, ajoute-il, cela n'était pas suffisant, en l'absence de plan de rénovation des plateformes de production. La production déclinait en 2007, une situation difficile. Heureusement, rappelle l'ancien P-dg de Sonatrach, les prix du pétrole avaient sensiblement augmenté à cette période où le baril de brut coûtait plus de cent dollars et le gaz 12 dollars le million de BTU. Et Sonatrach dont les plus importants gisements sont sous-exploités dégagent des bénéfices, une bonne fiscalité pétrolière et des revenus pétroliers pour l'Etat (plus de 60 milliards de dollars). La loi de 2005 qui n'a pas produit des résultats spectaculaires a été modifiée par Youcef Yousfi. Aussitôt installé à la tête du ministère de l'Energie, Yousfi a déclaré qu'il faudra faire en sorte que notre patrimoine minier soit attractif et que Sonatrach doit aller là où il y a des opportunités d'exploration. L'effort d'exploration doit être intensifié, avec une nouvelle législation qui comporte également des dispositions incitatives pour le non conventionnel. Le gaz de schiste, Abdelmadjid Attar y est favorable. Cette nouvelle loi va favoriser l'investissement dans le non conventionnel mais aussi dans de petits gisements. Pour Attar, il est opportun de mettre en place une nouvelle loi. L'ancien P-dg de Sonatrach estime relatifs les risques se rapportant à l'environnement et autour duquel il y a débat. Attar note qu'en Algérie, il y a eu 9 000 forages réalisés, et que cela n'a pas eu de répercussions sur l'environnement. Attar souligne également que l'Algérie ne dispose aujourd'hui que de 56 appareils de forage, alors qu'il en faudra des milliers pour engager l'exploration dans le non conventionnel. Il recommande que Sonatrach s'associe à des compagnies qui ont les moyens technologiques, pour commencer à forer. L'invité du Forum de Liberté a sur un autre plan parlé des réserves pétrolières et gazières. Attar avance que sur les 6,7 milliards de tonnes équivalents en pétrole, récupérables, il nous reste un peu plus de deux milliards de tonnes équivalents en pétrole. Pour ce qui est du gaz, il existe 4 500 mètres cube, un volume qui relève du récupérable, du possible. Y. S.