La mort d'un prisonnier palestinien sous la torture dans une prison israélienne remet en scène la situation d'injustice endurée par le peuple palestinien depuis plus de soixante ans. Cette mort violente a déclenché des manifestations en Cisjordanie occupée, où la tension monte. La situation est tellement grave que l'on parle d'une probable troisième Intifadha. Les manifestations de solidarité avec les quelque 4 700 Palestiniens embastillés dans les geôles israéliennes, dont onze sont en grève de la faim, ont de nouveau dégénéré. Le décès en détention d'Arafat Jaradat, un Palestinien de 30 ans, est considéré comme un acte de cruauté caractérisé. Selon le ministre palestinien des Prisonniers, Issa Qaraqaë, le jeune homme est mort des suites de tortures. Les résultats préliminaires de l'autopsie «prouvent qu'Israël l'a assassiné», selon le responsable palestinien. Le ministre a divulgué des détails de l'expertise, mentionnant des blessures et des contusions sur le dos et à la poitrine, des traces de torture sur le haut de l'épaule gauche ainsi que deux côtes cassées. Craignant l'effet de la nouvelle de l'assassinat sur l'opinion internationale, les Israéliens déclarent imputer le décès à «une crise cardiaque». La branche armée du Fatah a promis de venger la mort du détenu palestinien décédé entre les mains de ses geôliers israéliens. «Ce crime horrible ne restera pas impuni et nous promettons à l'occupant sioniste de répondre», ont avertit les Brigades des Martyrs Al-Aqsa. Le président palestinien Mahmoud Abbas a accusé clairement Israël de vouloir délibérément «créer le chaos» dans les territoires. Le président palestinien a répondu à «l'injonction» du gouvernement israélien de ramener le calme en Cisjordanie, agitée depuis plusieurs jours par des manifestations en solidarité avec les prisonniers palestiniens dans les geôles israéliennes. «Nous voulons la paix et la liberté pour nos prisonniers et nous ne nous laisserons pas entraîner dans leurs manœuvres malgré leurs tentatives», estime le président Abbas. La tension est montée d'un cran dans les territoires occupés. Environ 3 000 palestiniens détenus dans les prisons en Israël ont décidé d'observer une journée de grève de la faim pour protester contre la mort en détention et sous la torture de Jaradat, dont le décès a entraîné des heurts en Cisjordanie. Jaradat âgé de 30 ans, père de deux enfants, avait été arrêté le 18 février près de la colonie de Kiryat Arba, à proximité de la ville d'El Khalil, au cours des rafles dont sont coutumières les patrouilles de l'armée d'occupation israélienne. Le Premier ministre palestinien Salam Fayyadh a exprimé son indignation après le décès du détenu, soulignant la nécessité de «divulguer promptement les vraies raisons qui ont conduit à son martyre». Le Premier ministre palestinien «considère qu'en tout état de cause, l'occupant israélien ne peut être exempté de responsabilité puisque la mort de Jaradat est survenue alors qu'il se trouvait en détention, et dans des geôles de l'occupant à l'intérieur d'Israël». Le Hamas a souligné la responsabilité d'Israël dans la mort du détenu et dénoncé «les conditions inhumaines dans les prisons» israéliennes. Une dénonciation qui sera sans écho dans le monde puisqu'Israël est considéré comme la seule démocratie au Proche-Orient. Les Palestiniens exigent une enquête internationale afin de déterminer les raisons de la mort du détenu. La tragédie des Palestiniens détenus par les Israéliens se poursuit dans un climat de tension générale. Face au sérieux de la situation, l'Etat hébreu décide de débloquer une petite partie des fonds liés au taxes appartenant à l'Autorité, pour «aider» à calmer la situation de plus en plus intenable. Dans l'illégalité et l'arbitraire le transfert des taxes avait été bloqué en décembre, en représailles à l'accession de la Palestine au statut d'Etat observateur à l'ONU. Un acte scandaleux qui n'a pas provoqué une levée de bouclier des capitales européennes notamment. Israël dans une position de domination territoriale et militaire, use du goutte à goutte envers une population meurtrie. En janvier, sous la pression occidentale Israël avait daigné débloquer 100 millions de dollars de taxes douanières et impôts appartenant à l'Autorité palestinienne, confrontée à une crise financière et sociale aiguë. Les heurts déclenchés en Cisjordanie se durcissent de plus en plus. Les manifestations des palestiniens aux alentours de la prison militaire d'Ofer, près de Ramallah, ont fait plusieurs blessés. Le ton monte à Al Khalil, Naplouse, Jénine, et Ghaza annonçant la grande Intifadha. M. B.