Au cœur de la crise qui déchire le pays, le peuple syrien, dans ses différences, souffre le martyre et ne voit pas le bout de ce tunnel infernal. La solution politique continue d'être outrageusement rejetée, notamment par l'opposition qui s'agrippe au préalable pourtant périlleux du départ du président Bachar al-Assad. Ce dernier résiste à la pression dantesque, se voulant ferme envers l'opposition et ses soutiens étrangers, tout en tendant la main au dialogue. Dans un entretien au quotidien britannique Sunday Times, le président syrien s'est dit prêt à discuter avec l'opposition non-armée mais exclut de démissionner. Le régime syrien étant fait d'une telle structure que le départ violent du président pourrait précipiter le pays vers la désintégration. Les signes positifs sont pour l'heure le fait du régime. Lors d'une visite à Moscou, le ministre des Affaires étrangères, Walid al-Mouallem, s'était, pour la première fois, dit prêt au dialogue avec les rebelles armés pour mettre fin au conflit. Un drame qui, selon les chiffres de l'ONU, a fait plus de 70 000 tués en deux ans. Mais comme attendu, les rebelles ont rejeté toute négociation avant le départ du chef de l'Etat. Une éventualité que le président syrien a, une nouvelle fois, fermement exclue. Quitter le pouvoir ne résoudrait pas la crise actuelle en Syrie, estime le président, qui a toujours rejeté les appels en ce sens lancés par les Occidentaux et de nombreux pays arabes. «Si cet argument est correct, alors mon départ mettra fin aux affrontements. C'est clairement absurde, comme en témoignent les récents précédents en Libye, au Yémen et en Egypte», a fait remarquer Assad, comme pour dire que le dénouement se trouve dans le dialogue. Et que c'est bien les ennemis de la Syrie qui poussent vers le clash. Assad a d'ailleurs fustigé l'attitude belligérante du Royaume-Uni, favorable à la levée de l'embargo européen sur les armes. Londres soutient l'idée d'accroître l'aide fournie aux rebelles syriens et n'exclut pas de leur fournir des armes. «Comment attendre de ce gouvernement une diminution de la violence quand il veut envoyer une aide militaire aux terroristes ?», s'est interrogé Bachar al-Assad. Ce dernier n'entend pas baisser la garde et pourrait bien annoncer sa participation à l'élection présidentielle de 2014. En attendant, la guerre se poursuit détruisant de jour en jour le pays. Une situation qui semble n'inquiéter que modérément la communauté internationale. La rencontre en Suisse entre le Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, et le médiateur international pour la Syrie, l'Algérien Lakhdar Brahimi, sera consacrée aux évolutions sur le terrain politique. Ban et Brahimi devraient discuter des récentes déclarations du gouvernement syrien et de l'opposition faisant part de «leur volonté d'engager un dialogue». Les Nations unies se disent prêtes à faciliter un dialogue entre une délégation solide et représentative de l'opposition et une délégation du gouvernement syrien crédible et habilitée à discuter. Un format pour l'heure introuvable. Dans le drame qui se joue maintenant depuis deux année sur le terrain syrien, des acteurs nouveaux se sont invités s'inscrivant dans des agendas pour le moins troubles. Parmi eux un groupe trouble du nom d'Al Nosra. Inscrit par les Etats-Unis sur la liste des organisations terroristes, il a revendiqué la majorité des attaques suicides menées en Syrie, causant mort et désolation. Ce groupe jihadiste, inconnu avant l'éclatement des violences, a curieusement connu une ascension fulgurante. A partir de la mi-2012, il s'impose comme le fer de lance de la rébellion au détriment de l'Armée syrienne libre (ASL), principale composante de l'opposition armée au début de la crise. Cette nouveauté a même irrité les combattants de l'ASL, qui affirment que les éléments d'Al Nosra, malgré leur faible nombre, disposaient étrangement d'un appui économique et logistique étranger supérieur aux autres insurgés. Dans l'est du pays particulièrement, ce groupe islamiste vise les points stratégiques de la Syrie. Les puits gaziers et pétroliers notamment. Moyennant solde, ce groupe arrive à recruter des combattants locaux. Ce que ne pouvait faire l'ASL. Dans les discours le groupe Al Nosra ne cache pas ses aspirations de voir la Syrie devenir un Etat islamique. Et cette perspective inquiète sérieusement la majorité de la société syrienne, caractérisée par une grande diversité ethnique et religieuse. Le gouvernement syrien accuse nommément l'Arabie saoudite ou le Qatar de financer ces groupes islamistes en activité en Syrie. Lors de son interview, Assad n'a pas hésité à lancer une pique acerbe à certains Etats de la région qui déclarent n'avoir que de bonnes intentions envers le peuple syrien. «Celui qui veut aider la Syrie doit aller en Turquie, en Arabie saoudite et au Qatar pour leur demander de cesser de financer les terroristes.»