Pour les Occidentaux et l'opposition syrienne, Bachar Al-Assad ne cède pas d'un pouce. Dans la forme oui, le maître de Damas donne effectivement l'impression de n'avoir rien lâché. Mais une lecture moins partisane laisse entrevoir que Bachar Al-Assad se rapproche du plan de sortie de crise proposé récemment par le médiateur de l'ONU et de la Ligue arabe, après son dernier tour de table avec les Américains, les Russes et les Syriens des deux bords. En gros, l'ambassadeur algérien prône un gouvernement de transition avec maintien de Bachar Al-Assad jusqu'à la fin de son mandat qui s'achève en 2014. Cet exécutif disposerait de larges prérogatives, une manière d'offrir au président syrien une voie de sortie qui ne serait pas humiliante et surtout acceptable par ses puissants soutiens que sont Moscou, Pékin et Téhéran. Le ministre russe des Affaires étrangères a ces dernières semaines fait état du glissement opéré par son pays à propos de la crise syrienne : le Kremlin est d'accord avec un gouvernement d'union nationale pour construire la Syrie post-Al-Assad. Le président syrien, qui s'est exprimé dimanche pour la première fois depuis sept mois, n'a pas uniquement campé sur ses positions. Il a, certes, appelé ses compatriotes à “la guerre pour défendre la nation", en qualifiant les insurgés de terroristes manipulés par les puissances étrangères, mais pour avancer qu'“il serait nécessaire, pour la première étape d'une solution politique, que les puissances régionales cessent de financer et d'armer l'opposition". Bachar Al-Assad a appelé également à la fin des opérations terroristes et au contrôle des frontières pour assurer la souveraineté du pays. L'arrêt des hostilités n'est-il pas la condition sine qua non du plan Brahimi ? Bon, lorsque Bachar dit : “Nous ne dialoguerons pas avec une marionnette fabriquée par l'Occident", il faut savoir faire la part des choses et ne pas tout lire au premier degré. C'est le baba de la politique et surtout dans le langage politicien. L‘esquisse du plan Bachar que celui-ci a évidemment présenté comme un “plan de paix", a été aussitôt rejeté par l'opposition ! Pourtant, cette initiative pour mettre fin à la guerre comprend une conférence de réconciliation. Pour la Coalition nationale syrienne (CNS), l'intervention du président vise à contrarier un accord international, soutenu par les Occidentaux, le Qatar, l'Arabie Saoudite et l'Egypte, sur la nécessité de sa démission. Ces pays arabes ont évoqué des promesses creuses de réformes qui ne trompent personne ! De leur part, ça prêterait à sourire si la facture de la crise syrienne entamé il y a vingt et un mois n'a pas fait, selon les Nations unies, 60 000 morts. En attendant, des forces djihadistes sont de plus en plus présentes sur le champ de bataille. Jabhat Al-Nosra a amené des milliers de combattants étrangers en Syrie, notamment d'Irak où Abou Mous'ab Al-Zarqawi a ses quartier dans la province frontalière d'Al-Anbar. Cette alliance entre djihadistes étrangers et l'opposition syrienne montre que la guerre en Syrie ne prendra pas fin avec la chute du régime de Bachar Al-Assad, Jabhat Al-Nosra a introduit la guerre confessionnelle à l'égard des non-sunnites et prône l'Etat islamique. D. B