La wilaya, dans le système administratif algérien, s'apparente à un petit gouvernement régional qui se charge de l'application des politiques publiques élaborées au niveau central. Son rôle est déterminant, non seulement en raison de ses missions exécutives, mais aussi pour son apport prospectif dans l'élaboration des programmes en question. La wilaya, pour ainsi dire, est le maillon qui est censé concilier les attentes des populations et les choix arrêtés par l'Etat en matière de développement. Le wali et son cabinet comptent pour beaucoup dans le choix des projets destinés à une région donnée et leur bonne conduite ensuite. Ils interviennent dans toutes les sphères d'activités ; l'économie, le social, le politique, et même le cultuel. Le wali doit être au courant de tous les aspects de la vie au niveau de sa région. Une telle charge exige évidemment beaucoup de compétence et de clairvoyance. L'action gouvernementale, depuis sa phase de maturation jusqu'au passage à son accomplissement, dépend entièrement de l'expertise et de la qualité des cadres de la wilaya. L'échec d'un chantier quelconque suppose une mauvaise maîtrise à cet échelon-là. Pour exprimer leur colère et leur frustration, les populations désignent clairement des dysfonctionnements au niveau de l'appareil exécutif de wilaya. Au nord comme au sud du pays, le simple citoyen est souvent enthousiasmé par l'envergure des plans quinquennaux destinés au développement de l'infrastructure de base, à l'amélioration du cadre de vie, la relance de l'économie et la création d'emplois, le soutien à l'agriculture et l'amélioration du pouvoir d'achat. Mais une fois les chantiers lancés, il ne tarde pas à déchanter. Les atermoiements dans la réalisation des travaux, les obstacles bureaucratiques, le favoritisme et le laisser-aller découragent fréquemment les administrés. Dans une wilaya comme Béjaïa, le taux de consommation des crédits publics destinés au développement, tous secteurs confondus, ne dépasse pas le seuil médiocre de 15% pour la troisième année consécutive. C'est une contre-performance que personne ne peut occulter. Cette carence, qui n'est pas propre à Béjaïa, caractérise la quasi-majorité des wilayas du pays. Dans les régions du grand sud, les jeunes diplômés ne cessent de réclamer du travail. Le territoire y est pourtant riche et offre d'innombrables opportunités. Ce sont les initiatives et les idées novatrices qui se font rares. Opérer des mouvements réguliers dans le corps des wali est incontestablement une bouffée d'oxygène pour secouer le cocotier. Mais ce n'est pas suffisant pour autant. Il faut aussi ériger la compétence et le savoir-faire en préalable à l'accès aux responsabilités publiques. Il est vrai que les personnels de l'administration locale manquent de stages de perfectionnement et d'expérience dans la bonne conduite des affaires. Il faut répondre impérativement à ce souci majeur de formation. En parallèle, il est indiqué de récompenser l'effort et de sanctionner la paresse et les contre-performances. Un cadre qui échoue doit céder la place à plus calé que lui. Un wali qui faute, doit rendre des comptes. Au nord du pays, les populations, généralement bien structurées, dénoncent les cas de mauvaise gestion avérée. Mais dans le Sud, les mouvements de contestation, pas toujours bien encadrés, sont accusés de tous les maux avec la complaisance de notabilités, qui ne se soucient que de leurs propres intérêts. Malgré toutes ses potentialités, le Sahara apparaît toujours comme le parent pauvre en matière de développement local et régional. Le taux de chômage y est très élevé. La couverture en matière de services publics (écoles, hôpitaux, universités, transports et télécommunications) reste bien en dessous de la moyenne nationale. Les populations locales montent épisodiquement au créneau pour revendiquer leur «part» d'émancipation. Prenant conscience de l'importance stratégique de cette partie du territoire national, l'Etat a consacré ces dernières années de volumineuses enveloppes budgétaires pour rattraper les retards cumulés en la matière et mettre en valeur les wilayas du Grand Sud. Une politique de promotion de l'ensemble de cette partie du territoire national a été, en effet, mise en œuvre tant pour assurer une meilleure exploitation de ses potentialités économiques en garantissant l'indispensable équilibre régional, que pour se concilier les Sahariens qui s'estimaient abandonnés par les pouvoirs centraux. Un suivi rigoureux, en association avec les populations concernées, doit absolument accompagner cet effort. Le Sud et les Hauts-Plateaux représentent l'avenir de tout le pays. K. A.