Le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a prononcé, samedi, à Alger, une allocution à l'occasion de l'ouverture de la réunion gouvernement-walis. Voici le texte intégral : "Mesdames et Messieurs les membres du gouvernement, Madame et Messieurs les walis, Mesdames et Messieurs, Honorable assistance, Je profite de l'occasion que m'offre la commémoration de la Journée internationale contre la corruption, fixée au 9 décembre par l'Assemblée générale de l'ONU, pour saluer l'entrée en vigueur de la Convention des Nations unies contre la corruption. La communauté internationale est engagée dans la mise en oeuvre de cet instrument avec la volonté d'assurer son efficacité, la corruption ayant atteint, dans le monde, des limites dangereuses et intolérables. En cette journée internationale commémorative, je voudrais réaffirmer notre ferme détermination à combattre la corruption avec toute la vigueur nécessaire et à prendre les mesures utiles pour faire cesser ses effets dévastateurs. En luttant contre la corruption, nous voulons éliminer un des plus grands obstacles au développement et au bien-être de nos populations. Ce défi, nous le relèverons avec la participation de toutes les composantes de la société, loin de toute surenchère, démagogie et activisme, individuel ou partisan. Toute personne ayant des dossiers ou des preuves se doit, impérativement et promptement, en saisir les services compétents de la justice sans autorisation préalable de qui que ce soit. C'est là un droit de chaque citoyen, de chaque responsable à tous les niveaux, en même temps qu'un devoir qui procède de la contribution volontaire à l'assainissement de la salubrité publique. Ceci, bien entendu, ne doit conduire ni à la délation ni à des règlements de compte indignes de la respectabilité de tout citoyen et bien entendu de celle de tout responsable. Convaincue que la lutte contre la corruption est un élément clé dans la promotion de la bonne gouvernance et l'avènement d'un développement durable, l'Algérie a été parmi les premiers pays à ratifier la Convention des Nations unies, ainsi que la Convention africaine contre la corruption. Nous avons traduit dans notre législation nationale ces conventions, en promulguant la loi relative à la prévention et à la lutte contre la corruption, qui constitue un cadre législatif global, novateur et rigoureux. Ce combat est l'affaire de l'ensemble de notre société et traduit la volonté du peuple algérien de moraliser la vie publique et de libérer nos énergies en vue de mener à bien la tâche gigantesque à laquelle nous nous sommes attelés de parfaire l'édification de notre Etat de droit et de poursuivre notre développement économique.
Mesdames, Messieurs, Cette rencontre vous a permis d'apprécier l'état d'avancement des programmes d'équipement public en cours d'exécution, au titre de la période 2005-2009, qui mobilisent des montants d'une importance jamais enregistrée par notre pays dans sa stratégie de développement, au cours d'une période quinquennale. Ces montants, inscrits entièrement dans des autorisations de programme, seront disponibles pour la réalisation, notamment du programme complémentaire de soutien à la croissance de 9 533 milliards de DA concernant l'ensemble du territoire, du programme spécifique des régions des Hauts-Plateaux de 692 milliards de DA et du programme spécifique des wilayas du Sud de 434 milliards de DA. Cette enveloppe budgétaire globale de l'ordre de 144 milliards de dollars est impressionnante, mais elle tient compte des retards accusés, durant les années difficiles de 1990 à 2000, dans le développement des infrastructures économiques et sociales ainsi que dans le processus des réformes. Elle répond à nos ambitions et à notre détermination à concrétiser un développement intégré et accéléré du pays, par la consolidation des structures de la société et la réalisation d'une croissance économique en phase avec ses potentialités et ses aspirations. L'analyse de l'état d'avancement des projets inscrits montre, en substance, que les chantiers de faible consistance ou de consistance répétitive progressent dans les secteurs du logement, des routes, des infrastructures scolaires, universitaires et de formation professionnelle, dans les programmes communaux de développement, dans la petite hydraulique, l'énergie et dans d'autres secteurs encore. De leur côté, les grands projets structurants sont en phase de finalisation de leurs études détaillées, dans les secteurs des travaux publics et des transports ferroviaires particulièrement, pour un démarrage imminent de leurs méga-chantiers. Certains secteurs sont confrontés au manque d'entreprises de réalisation, notamment dans les zones éloignées ou enclavées et à la raréfaction des matériaux de construction tels que les granulats et le ciment. Ces contraintes étaient prévisibles et le gouvernement devra redoubler d'efforts pour leur dépassement. Les mesures déjà prises dans ce sens doivent être consolidées à l'effet d'accélérer l'ouverture et l'exploitation des carrières, d'utiliser au mieux les capacités de production des cimenteries, de recourir, chaque fois que nécessaire, au partenariat pour augmenter le potentiel des entreprises de réalisation et assurer, en même temps, leur mise à niveau. Le budget d'équipement public de 2007 prévoit un montant de 1.453 milliards de DA au programme complémentaire de soutien à la croissance, 237 milliards de DA au programme des Hauts- Plateaux, 151 milliards de DA au programme des wilayas du Sud et 207 milliards de DA à la réalisation de tranches supplémentaires en chemins communaux, voiries urbaines et réseaux divers. Je vous ai signalé en juin passé que le montant des investissements était de 13.500 DA par habitant en 2005, avec les données précédentes, il sera de 62.060 DA par habitant en 2007, enregistrant une hausse de 360 % en deux ans, la hausse de ce ratio entre 2001 et 2005 avait été de 237 %.
Mesdames, Messieurs, Je prends acte des dispositions qui sont déjà prises à tous les niveaux pour, d'une part, consolider le rôle et la place de l'administration locale, dans les domaines financiers, économiques et organisationnels et, d'autre part, renforcer la coordination intersectorielle sur le plan normatif et de réalisation des programmes d'investissement. Il est, cependant, essentiel de dépasser la phase de l'action normative pour atteindre rapidement la mise en oeuvre concrète sur le terrain opérationnel de l'amélioration de l'efficacité de l'action publique et de la satisfaction des besoins des citoyens.Toutes ces mesures devront être relayées et soutenues par un effort de professionnalisation des structures et des hommes et de modernisation des méthodes et des procédures administratives. Tout d'abord, les systèmes budgétaires devront intégrer des budgets-programmes à vocation pluriannuelle. Cette approche de type managérial a pour but d'orienter les finances publiques vers la performance et le résultat mesurable, à travers une utilisation plus rationnelle de la ressource financière et une meilleure satisfaction de la demande sociale. Elle permettra également, d'accroître la transparence des informations budgétaires, de faciliter le suivi de la réalisation des programmes et la plénitude de l'exercice des fonctions d'évaluation et de contrôle. La réforme fiscale doit se poursuivre après les baisses récentes de la charge fiscale pesant sur les entreprises, notamment en matière d'impôt sur les bénéfices des sociétés, la taxe sur l'activité professionnelle et de la suppression du versement forfaitaire. La réduction des taux d'imposition sera accompagnée d'un effort d'élargissement de l'assiette fiscale dont l'objectif recherché est d'assurer une meilleure répartition de la charge fiscale. L'institution de l'Impôt forfaitaire unique pour les petits contribuables, la création d'une structure spécialisée pour les grandes entreprises, la simplification des procédures de l'administration fiscale, notamment en matière de contentieux fiscaux et de l'octroi de garanties supplémentaires au profit du contribuable sont, autant d'actions à mener par les pouvoirs publics pour la concrétisation des objectifs assignés. Cette réforme, tant dans le contenu de la fiscalité, y compris la fiscalité locale, qu'à travers la reconfiguration de l'administration fiscale, devrait allier la modernité à l'efficacité pour soutenir la vigueur et la compétitivité de notre économie. La conduite du développement socio-économique nécessite le renforcement du système d'informations statistiques, la maîtrise des instruments de prévisions conformes aux pratiques universelles et la réhabilitation de la fonction de planification dans le cadre d'une économie de marché. La mise en place récente du Commissariat général de la planification et de la prospective a pour objet, notamment, d'apporter les éclairages nécessaires à la vision d'avenir du développement national de moyen et long termes et de dépasser la programmation fondée sur une juxtaposition de projets sectoriels dont la cohérence s'établissait a posteriori. L'adaptation du dispositif légal et réglementaire régissant le fonctionnement des collectivités territoriales doit viser l'amélioration du fonctionnement de la démocratie locale, l'application d'une véritable décentralisation et la clarification des missions et des compétences de l'ensemble des acteurs locaux, adossée à un contrôle rigoureux de tous les actes de gestion et de leur impact. Il s'agira, en particulier, de clarifier davantage la répartition des responsabilités entre les niveaux central et local et de définir les rapports entre les différents organes élus et entre ces organes et l'administration. Il s'agira, également, de préciser les conditions minimales requises pour les postulants à l'exercice de la responsabilité dans les organes élus, appelés à gérer des ressources humaines de compétences avérées, des structures importantes et des projets de plus en plus complexes, au service de la communauté et de la démocratie. La promotion des capacités managériales des organes élus est une condition première de l'accroissement souhaité des ressources financières et permettra aux collectivités locales d'affronter les défis et les changements qualitatifs projetés, dans le cadre d'un transfert des compétences et de la responsabilité des crédits, selon une conception avancée de la décentralisation et de la déconcentration. La qualification des ressources humaines constitue une exigence primordiale d'un développement réel et rapide du pays. La formation de l'encadrement en est la pierre angulaire. Le système éducatif actuel, dans ses trois composantes d'éducation nationale, d'enseignement et de formation supérieurs ainsi que de formation et d'enseignement professionnels, est à même de satisfaire quantitativement la plupart des besoins en ressources humaines. En revanche, il reste à assurer la compétence et le professionnalisme, et il est indispensable de développer des capacités de formation de profils spécialisés, spécifiques à chaque secteur, ou à chaque métier, prenant en charge les diplômés de l'enseignement supérieur pour des formations complémentaires qualifiantes. II est nécessaire, par ailleurs, d'organiser en réseau les capacités d'enseignement, de formation et de perfectionnement des différents secteurs, y compris celles des entreprises, à l'effet d'asseoir la fonction de gestion prévisionnelle des ressources humaines et des carrières, sur le savoir-faire, le rendement et le mérite. Dans la Fonction publique, la promulgation récente du statut général ainsi que les statuts particuliers attendus visent, notamment, la promotion de la compétence et la régénération des corps des fonctionnaires pour un service public de qualité accompagnant le développement humain recherché par le pays.
Mesdames, Messieurs, Notre pays a repris le sentier du développement au cours de ces dernières années. Les taux de croissance économique, hors hydrocarbures, ont été significatifs, au cours de cette période. Il est cependant, important de reconnaître que l'essentiel de l'investissement, hors hydrocarbures, émane du budget de l'Etat et concerne les équipements publics. C'est une tendance qui perdure et il est temps d'oeuvrer pour une mobilisation réelle de l'ensemble des capacités productives et une utilisation rationnelle des avantages comparatifs que recèle le pays. La promotion des entreprises existantes, la création d'entreprises nouvelles et l'extension du champ d'intervention de l'investissement direct étranger constituent le chemin privilégié et universel de mise en place d'une structure porteuse d'une organisation économique productive, performante, source d'enrichissement permanent et pourvoyeuse d'emplois stables. Diverses mesures devraient créer les meilleures conditions possibles d'une économie de marché concurrentielle. L'adaptation récente du code des investissements a été faite dans un but évident de simplification et d'amélioration de l'efficience de l'ordonnance N° 01-03 du 20 août 2001, relative au développement de l'investissement. Ainsi, le processus d'octroi des avantages est désormais basé sur un système déclaratif et transparent, l'investissement est complètement libre. L'éligibilité aux avantages est également ouverte, à l'exception d'une liste d'activités, de biens et de services fixée par voie réglementaire, offrant la souplesse nécessaire aux pouvoirs publics d'introduire la sélectivité et l'adaptabilité de leur action économique. Comme il convient de signaler l'institution d'une commission de recours pour l'investisseur en cas de litige. Le système d'avantages a été réaménagé dans le sens d'une meilleure attractivité, en introduisant des avantages d'exploitation dans le régime général et en rendant plus explicites les critères d'identification des projets éligibles au régime très favorable à titre dérogatoire. L'Agence nationale du développement de l'investissement, avec ses guichets décentralisés à travers le territoire, aura dorénavant la vocation d'animer et de gérer les avantages, en assurant les missions de facilitation et de promotion de l'investissement. Les missions de suivi et de contrôle du respect, par les investisseurs, des engagements souscrits en contrepartie des avantages accordés, sont dévolues maintenant aux administrations fiscales et douanières ainsi qu'aux autres organismes publics spécialisés. Le Conseil national des investissements s'occupera, pour l'essentiel, des aspects liés à la stratégie de promotion et de développement de l'investissement. Une autre mesure concerne le règlement de la question du foncier économique qui constituait un goulot d'étranglement lié au rétrécissement de l'offre, à une concentration de la demande dans et autour des principales métropoles du pays, à un cadre juridique contraignant et à des procédures administratives lourdes. Cette contrainte est appelée à se détendre graduellement par une utilisation plus économique du foncier résiduel des entreprises publiques dissoutes, du foncier excédentaire des entreprises publiques en activité et du foncier du domaine privé de l'Etat, conformément aux dispositions de l'ordonnance promulguée en août 2006 et fixant les conditions et modalités de concession et de cession des terrains relevant du domaine privé de l'Etat et destinés à la réalisation de projets d'investissement. II est important de préciser que des terrains ont toujours été disponibles pour des activités spécifiques, comme les parcelles situées à l'intérieur des zones d'expansion et sites touristiques mobilisables pour l'investissement touristique, les terrains des périmètres miniers, les parcelles situées dans les périmètres de recherche et d'exploitation des hydrocarbures, les espaces destinés à la promotion immobilière. A cela, nous devons ajouter les terrains de statut privé qui seront mobilisables dans le cadre de là promotion du marché du foncier industriel et touristique qui verra son offre se développer aussi par l'amélioration des conditions de transport et des moyens de communication, consécutivement à la réalisation des grandes infrastructures routières et ferroviaires, notamment l'autoroute Est-Ouest. De nouvelles zones industrielles et zones d'activités commerciales vont ainsi voir le jour. Nous sommes en train de mettre en oeuvre la réforme financière dans le cadre de la modernisation et la restructuration de la place bancaire, la promotion du marché des capitaux, le lancement des systèmes de paiements performants et sécurisés et, en un mot, la mise en place d'une intermédiation bancaire conforme aux exigences d'une économie dynamique et compétitive. Le secteur comprend, à ce jour, 24 banques et établissements financiers dont 11 banques privées de standard international et d'autres banques de grande envergure qui s'intéressent de plus en plus à notre pays. Le développement du marché des capitaux est une condition primordiale d'une politique d'accumulation équilibrée fondée davantage sur le marché financier que sur le financement par le budget de l'Etat. La progression du marché obligataire est significative à cet égard avec un montant de 161 milliards de DA atteint en 2006. L'accroissement du crédit est également encourageant pour l'avenir, compte tenu, d'une part, de l'évolution favorable du taux de réescompte et des taux d'intérêt débiteur et, d'autre part, de l'émergence d'un cadre législatif et réglementaire que nous venons de tracer, propice à l'extension du crédit sous d'autres formes telles que le leasing et le crédit hypothécaire. La place bancaire a procédé à la mise à niveau de ses systèmes d'information, à la normalisation des instruments de paiement (chèques, cartes bancaires et autres) et au développement d'un réseau de transmission fiable et sécurisé, dans le cadre du projet de modernisation des systèmes de paiements. Ainsi, l'année 2006 a connu successivement l'entrée en fonctionnement du système de règlements en temps réels des gros montants et des paiements urgents, qui traite aujourd'hui en moyenne un montant quotidien de 670 milliards de DA et l'entrée en exploitation du système de paiement de masse qui accélère les transactions financières au moyen de la télé-compensation interbancaire. Toutes ces actions ont pour objet de doter notre système économique et financier des instruments universels de la performance, de rendre les opérateurs plus compétitifs et de contribuer à faciliter la vie quotidienne du citoyen. Nous voulons encourager directement l'entreprise de production qui constitue un axe permanent de notre développement, tant pour sa création que pour son épanouissement économique, par une action sur son environnement immédiat, au moyen d'une politique publique active dans les différentes phases de l'investissement et du cycle d'exploitation. Cet effort s'adresse en priorité aux petites et moyennes entreprises, à travers l'activation du fonds et la création de la caisse de garantie des crédits aux petites et moyennes entreprises, la réglementation des sociétés d'investissement et des sociétés de capital-risque, la création d'un réseau de pépinières et de centres de facilitation couvrant le territoire, l'encouragement de la sous-traitance et l'assistance à la mise à niveau. La moyenne annuelle de 17.000 petites et moyennes entreprises créées à travers l'ensemble du pays est intéressante mais elle est en deçà des énormes potentialités du marché algérien. Il convient de multiplier les efforts pour accélérer cette dynamique de création, accroître la compétitivité des petites et moyennes entreprises pour défendre leurs parts du marché national et conquérir certains segments des marchés extérieurs. Notre pays a, certes besoin, de gestionnaires professionnels, maîtrisant le savoir-faire managérial et de maintenance, mais il a un manque flagrant d'entrepreneurs modernes et de capitaines d'industrie qui sachent mobiliser les capitaux et acceptent de courir le risque des affaires, dans le cadre de la légalité et de leur intérêt bien compris. Conformément à sa mission dans une économie centralisée, notre système éducatif a excellé dans la formation quantitative de salariés et de demandeurs d'emplois. Il a moins réussi à bâtir une mentalité d'entrepreneurs telle qu'elle existe dans d'autres sociétés qui n'ont pas vécu notre expérience et notre isolement. Mais notre société n'est pas inerte, ni allergique à l'initiative et les actions d'encadrement entreprises par l'Agence nationale de soutien à l'emploi des jeunes (ANSEJ), la Caisse nationale d'assurance Chômage (CNAC) et l'agence du micro-crédit, bien que relativement récentes, montrent des potentialités avérées auprès de nos jeunes, pour les inciter à créer des entreprises sources de richesses et pourvoyeuses d'emplois. Les secteurs de l'enseignement supérieur et de la formation professionnelle sont particulièrement interpellés pour contribuer à développer l'esprit d'entreprise dans tous leurs profils de formation. Les pouvoirs publics ainsi que les institutions financières sont appelés, également à soutenir les porteurs de projets et à encourager les citoyens qualifiés et les compétences reconnues à fonder des entreprises de production de biens et de services et servir autrement le développement national.
Mesdames et Messieurs, L'année 2006 a vu l'engagement des partenaires de la tripartite dans un pacte économique et social qui constitue un mémorandum d'entente fondée sur le dialogue, la paix sociale, la préservation du pouvoir d'achat des travailleurs et la sauvegarde de l'entreprise. Comme je l'ai annoncé lors de votre dernière réunion, le salaire national minimum garanti a été augmenté de 20 % passant de 10.000 à 12.000 DA, les salaires de la Fonction publique ont été revalorisés ainsi que les salaires du secteur économique, dans le cadre de conventions collectives librement négociées en fonction des capacités de chaque branche d'activités. Les acquis sociaux se sont enrichis aussi par l'institution du fonds de réserves et les relèvements des pensions de retraite. Ce sont-là les conditions d'une évolution qualitative en matière de stabilité sociale, du niveau de productivité et dans le climat des affaires, à même de donner une impulsion plus grande à l'investissement et à l'utilisation des capacités de production. L'année 2006 se distingue ainsi par une amélioration des déclarations des nouveaux projets d'investissement qui demandent à bénéficier des avantages légaux. En effet, de janvier à octobre 2006, le nombre de déclarations auprès des guichets régionalisés de l'Agence nationale de développement de l'investissement a atteint 3.219 nouveaux projets, en augmentation de plus de 42 % par rapport à l'année pleine 2005, pour un montant global de 536 milliards de DA et un volume de 91.000 nouveaux postes d'emplois. Les investissements directs étrangers et en partenariat en constituent 41 %, pour un montant de 221 milliards de DA. Ces résultats sont, cependant, différenciés d'une wilaya à l'autre et la performance de l'action publique devra se mesurer désormais par ce même critère qui traduit le niveau de dynamisme du tissu social et de son encadrement économique et administratif.
Mesdames et Messieurs, Je vous rappelle les directives que je vous avais adressées à l'occasion de votre rencontre précédente, en vous réitérant que la mise en oeuvre de tous nos programmes et la garantie de leur efficacité requièrent la mobilisation de toutes les énergies ainsi que la cohérence des grandes orientations nationales et les programmes locaux et sectoriels, de même que la synergie la mieux adaptée entre les acteurs et les partenaires économiques et sociaux. L'encadrement de la politique de développement concerne les autorités publiques nationales, mais implique pleinement les collectivités locales et les élus de tout niveau de la représentation citoyenne. La concrétisation des programmes inscrits est une exigence du développement de notre économie qui doit assumer une intégration profitable dans l'économie mondiale, par des échanges fondés de moins en moins sur les hydrocarbures et de plus en plus sur l'effort productif et la compétitivité de ses produits et services. C'est également une exigence du développement local qui vise une meilleure répartition géographique de la population, la correction des disparités territoriales et l'amélioration des conditions de vie de nos compatriotes. L'importance des montants financiers dégagés par l'Etat, la qualité des ressources humaines mobilisées à l'échelle de la nation, l'intérêt suscité par notre économie sur la scène internationale, la paix retrouvée ne permettent pas uniquement de semer de l'espoir, somme toute légitime, mais doivent enraciner la conviction, au sein de notre jeunesse particulièrement, que notre pays est en train d'entreprendre le saut qualitatif attendu et de dépasser les périodes de récession, de doute et de malvie.
Mesdames et Messieurs, 2007 sera une année marquée par le renouvellement des assemblées élues aux niveaux national et local. Elle sera également une année majeure dans la montée en cadence de tous nos programmes de développement socio-économique. En tant qu'autorités locales, je suis persuadé de votre engagement. De plus, de par votre proximité et votre contact direct avec les populations, vous êtes interpellés plus que quiconque par un devoir d'explication et de sensibilisation sur les enjeux et les résultats des politiques nationales et locales, à la mesure des potentialités du pays, des exigences de la démocratie et des ambitions de notre jeunesse. Mais je ne puis conclure ce débat sur le développement national sans partager avec vous, avec chacun de vous, une partie du fardeau qui pèse sur mes épaules concernant le legs que nous laisserons aux générations futures. Je veux partager avec vous l'angoisse qui est la mienne devant cette responsabilité. Il est clair que le pays peut garantir à la génération actuelle, une vie normale, sinon décente, il est moins sûr de l'affirmer pour les prochaines générations. En effet, quelles que soient les décisions ou les initiatives prises, elles ne sauraient être pertinentes, ni valides que dans la mesure où le pays s'engage résolument dans l'édification d'une véritable économie de substitution à celle des hydrocarbures. Vous devez non seulement le savoir, mais répéter tous les jours que les recettes des exportations de notre pays dépendent à 98 % des hydrocarbures. Si bien que lorsqu'une embellie élève le prix du baril de pétrole, le PIB du pays peut doubler, en revanche, dans le cas d'une baisse du prix du baril, le PIB connaît une révision drastique, les ressources diminuent et nos programmes de développement risquent la remise en question. De même, l'accroissement de nos exportations d'hydrocarbures fait monter de manière spectaculaire le taux de croissance économique du pays, alors que la réduction de ces exportations a une incidence directe négative sur le taux de croissance. C'est que notre économie tout entière évolue actuellement autour d'un centre de gravité qui s'appelle le pétrole, ressource non renouvelable, il faut le répéter. Ce n'est pas une situation réconfortante pour l'avenir du pays. Il est de la responsabilité de chacun, aujourd'hui, de faire mieux et d'investir davantage dans les secteurs de l'agriculture, du bâtiment, des travaux publics, de l'hydraulique, des services, du tourisme, de l'industrie, des mines, de la pétrochimie et des technologies nouvelles. C'est un défi à la portée du pays, de ses institutions, de ses opérateurs et de ses acteurs économiques et sociaux. Nous avons été gratifiés de ressources humaines extraordinaires et de potentialités insoupçonnables et il n'est pas permis à notre jeunesse, parce que le pays a traversé une période de nihilisme criminel et de violence coupable, de sombrer dans le pessimisme et le laisser-aller. Les malheurs tragiques qui nous ont éprouvés ont aussi cimenté l'unité du pays, consolidé la solidarité sociale et renforcé la conviction que nous sommes maintenant plus forts pour affronter les défis d'aujourd'hui et ceux de demain. II suffit de le vouloir et de se mettre au travail, car le pays est en train d'émerger, l'horizon est dégagé et l'espoir est permis pour tous. Il est clair que l'Algérie ne sera que ce que sa jeunesse voudra qu'elle soit. Si les aînés l'ont libérée, il revient à la jeunesse actuelle de la préserver, la construire et l'installer au premier plan des nations de même importance grâce à une économie productive et compétitive et une société stable et solidaire.
Mesdames et Messieurs, je vous remercie de votre attention".