En dépit d'un cadrage macroéconomique stable, l'économie algérienne «peut faire mieux» en matière de croissance, de création de richesses et d'emploi. C'est ce que pense la directrice générale du Fonds monétaire international (FMI) Christine Lagarde. Intervenant, hier, lors d'une conférence de presse à Alger, la patronne du FMI a estimé que l'Algérie a réalisé des avancées notables, mais doit faire face encore aux défis de l'emploi et de l'inflation. Pour l'inflation, elle a estimé que le phénomène a tendance à baisser, mais des efforts restent à faire dans ce domaine. Idem pour le chômage qui reste, à ses yeux, à des niveaux élevés pour la catégorie des jeunes. «Même si le taux du chômage est à 10% actuellement, le taux est doublé pour les catégorie jeunes», a-t-elle dit. Mais pour Mme Lagarde il y a eu «une série de résultats qui sont extrêmement favorables avec un potentiel qui peut être développé». Justement, en évoquant les secteurs créateurs de richesses, elle a cité particulièrement l'agroalimentaire et la pétrochimie comme alternatives. Toutefois, ce développement économique est conditionné par un environnement des affaires sain. Interrogé dans ce sens sur le regard que porte le FMI sur la règle 51/49%, régissant les investissements étrangers, le Fonds, par la voix de Mme Lagarde, s'est dit à demi-mot pour sa suppression ou son allégement. Elle a expliqué que «très peu de pays maintiennent encore cette règle». «Je ne suis personnellement pas convaincue de la nécessité d'avoir un actionnariat partagé entre des investisseurs publics algériens et des étrangers», a-t-elle déclaré, ajoutant toutefois qu'il s'agit là d'«une décision de souveraineté qui appartient aux autorités algériennes». Mme Lagarde a cependant estimé que cette règle est appliquée pour des secteurs stratégiques dans de nombreux pays. «Et je crois profondément aux signaux qui peuvent être donnés par les autorités en faveur des investisseurs directs étrangers», a-t-elle soutenu. Elle s'est dite aussi pour un renforcement du secteur privé, lequel a besoin du public pour se développer. Quant au prêt accordé par l'Algérie à l'institution multilatérale, Mme Lagarde a indiqué qu'il n'a pas été consommé tout comme d'autres ressources du Fonds, estimées à plus de 400 milliards de dollars. La patronne du FMI a tenu à préciser qu'elle n'est pas à Alger pour un deuxième prêt. Pour les crédits à la consommation, elle se dit méfiante. «C'est une catégorie de crédits qui peut être parfois utilisée sans mesures et sans égard pour la qualité des débiteurs», affirme-t-elle. Elle préconise pour cette question un encadrement particulier et une attention toute particulière sur le risque d'endettement et de surendettement. S. B.