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Une stèle en hommage à l'OAS et aux assassins de Mouloud Feraoun démantelée à Marignane Plusieurs associations et ONG ont salué la disparition du symbole «de la honte»
Plusieurs associations et ONG ont salué le démantèlement d'une stèle érigée à la mémoire de membres de l'OAS, dont le chef du commando qui avait assassiné Mouloud Feraoun, condamnés à mort par la justice française, puis exécutés pour leurs crimes. Ce monument provocateur avait été autorisé en 2005 par l'ex-maire de la ville, Daniel Simonpiéri, ancien membre du Front national de Jean-Marie le Pen. Rappelons que, depuis, une polémique ne cessait d'enfler autour de cette stèle où était inscrites trois dates provocatrices pour la mémoire des victimes de l'OAS, à savoir celle du 6 juillet 1962 : fusillade de Roger Degueldre, responsable des «commandos delta» de l'OAS, un de ces commandos qui, le 15 mars 1962, assassina méthodiquement et de sang-froid Mouloud Feraoun et 5 autres inspecteurs de l'éducation nationale, celle du 7 juin 1962 : fusillade d'Albert Dovecar et Claude Piegts qui avaient participé à l'assassinat du commissaire Roger Gavoury et la date du 11 mars 1963 : fusillade de Jean-Marie Bastien-Thiry, l'organisateur des attentats manqués contre de Gaulle à Pont-de-Seine et au Petit-Clamart. Lors d'un hommage rendu jeudi soir à Germaine Tillon, au Centre culturel algérien de Paris, Henri Pouillot, historien et fervent militant anticolonial, s'est dit «scandalisé» par la facilité avec laquelle ces milieux révisionnistes érigent des stèles glorifiant des actes criminels. Il s'est également interrogé : «Comment peut-on parler de Germaine Tillon sans parler de Mouloud Feraoun, de Max Marchand et de leurs collègues, assassinés, dans un centre social mis en place par cet humaniste, par les tueurs de l'OAS que certains glorifient aujourd'hui, avec la bénédiction de certains élus ?» Le président de l'Association française pour la protection de la mémoire des victimes de l'OAS (Anpromevo), Jean-François Gavoury, a affirmé que le combat mené contre «les actions révisionnistes» des anciens éléments de cette organisation criminelle s'explique par «le refus de transmettre une histoire falsifiée aux générations futures» dans un entretien publié dans la dernière livraison de l'hebdomadaire français le Point. Le fils du commissaire Gavoury, assassiné par la sinistre organisation criminelle, a expliqué : «Ce combat est un impératif républicain. Jusqu'en 2005, date à laquelle a été érigée la stèle de Marignane, enlevée le 18 novembre, les hommages des anciens de l'OAS aux leurs étaient plutôt discrets. J'aurais donc pu oublier tout ce drame si on n'était pas venu assassiner mon père une deuxième fois, ainsi que la mémoire des milliers d'autres victimes de l'OAS.» La multiplication du nombre de ces monuments révisionnistes, notamment dans le sud de la France, ne cesse de susciter la colère de nombreuses associations et personnalités connues pour leur lutte contre les menées de ces nostalgiques d'un passé révolu et membres d'une organisation terroriste. Le Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples (MRAP) a salué la disparition de cette «stèle de la honte», ce qui ne peut donc que «réconforter tous les républicains». L'ONG s'oppose aussi à ce que des manifestations d'«hommage soient rendues et des stèles érigées à la mémoire de terroristes qui ont la mort sanglante de milliers de personnes sur la conscience». De son côté, la LDH (Ligue des droits de l'Homme) attend désormais qu'on fasse de même avec le monument du cimetière de Haut-Vernet à Perpignan, édifié en 2003 et dont celui de Marignane était la copie conforme, «ainsi qu'avec les plaques et autres monuments en hommage aux mêmes assassins édifiés dans des lieux publics à Nice, à Théoule-sur-Mer, à Béziers et dans d'autres lieux». Soulignons toutefois que, ne s'avouant pas vaincue, l'Amicale pour la défense des intérêts moraux et matériels des anciens détenus et exilés politiques de l'Algérie française (l'Adimad), qui est à l'origine de l'édification de la stèle, a fait savoir qu'elle avait saisi le tribunal de grande instance (TGI) d'Aix-en-Provence pour «atteinte à la propriété privée». Le TGI devrait se prononcer le 2 décembre prochain. Et si le jugement est confirmé en grande instance, elle ne désespère pas de trouver une autre commune qui serait disposée à accueillir la stèle. En revanche, Jean-François Gavoury a estimé que «le devoir de mémoire» revendiqué par les criminels de l'OAS est «une inversion des valeurs». Gavoury, qui est à l'origine du recours ayant abouti à la décision du 7 juillet dernier ordonnant le démantèlement de la stèle, a encore affirmé que «chaque fils, chaque fille, chaque veuve des victimes de l'OAS se reconnaît dans le combat que j'ai mené et qui a abouti à l'enlèvement d'un monument qui aurait dû, dès le départ, être considéré comme une menace de réécriture de l'histoire à travers la pierre». S. A.