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L'insécurité marginalise les sujets les plus porteurs pour la société
Tizi-Ouzou
Publié dans La Tribune le 02 - 04 - 2013


Photo : Riad
De notre correspondant à Tizi Ouzou
Lakhdar Siad

La délinquance est, généralement, le produit de l'échec des politiques d'éducation, de formation, d'emploi, de logement et de justice des pouvoirs publics et de la démission des services de l'Etat dans les domaines de la sécurité et de la cohésion sociale et l'abandon des espaces qu'ils ont le devoir de gérer et d'y maintenir l'ordre. Mais aussi de l'échec de l'éducation familiale. La délinquance et globalement la violence sous toutes ses formes, rendent aussi service et font le jeu des politiques de pourrissement afin d'embrigader la société et de réduire l'influence des organisations pacifiques qui luttent pour le changement de système de gouvernance.
A Tizi Ouzou, où le thème de l'insécurité a dominé les débats pendant plus d'une décennie, le sujet reste toujours d'actualité, même s'il est souvent mêlé aux problèmes de désinvestissement qui frappent ses localités pauvres et d'absence de perspectives dans les secteurs économiques et social. Ainsi, pour des raisons ou prétextes qui passent mal dans l'entendement général en Kabylie, le droit à la sécurité est presque remis en cause dans l'exercice de la vie publique des habitants, qui ne cessent de rappeler les autorités à tous les niveaux à leurs fonctions basiques de protection des personnes et des biens. Et quand ces autorités et institutions s'inscrivent aux abonnés absents, ne pouvant attendre éternellement l'intervention hypothétique des services concernés devant l'imminence d'un danger ou face à des situations d'extrême urgence qui exigent d'agir dans l'immédiat, ce sont les habitants eux-mêmes qui prennent à bras-le-corps leurs préoccupations sécuritaires pour pouvoir se déplacer en sécurité sans être agressés ou kidnappés, voire pour ne pas mourir, dans l'attente de l'arrivée de ceux qui sont payés justement pour faire ce travail.A ce propos, on se rappelle qu'au milieu de l'été dernier, des centaines d'habitants de la région Aït Mendès, près de Boghni, avaient démoli et détruit plusieurs bars clandestins situés au lieudit Tiniri, parce que jugés source de nuisances multiples (pollution, incivisme,… etc.) et de débauche. Cette action extrême a été décidée après une réunion du comité de village. Dans la même région, au sein du village d'Aït Kouffi exactement, les habitants se sont mobilisés contre la violence après le décès par balles d'un jeune, tué par une bande armée au niveau d'une bijouterie locale.
«Devant cet état de consternation générale, le comité de village d'Aït Kouffi est plus que jamais déterminé à ne pas baisser les bras et à défendre bec et ongles et sans relâche cette affaire. Jusqu'à ce que les auteurs et la pègre de lâches qui l'ont assassiné soient arrêtés à la hauteur du crime ainsi commis», avait écrit le comité de village dans une déclaration rendue publique en juillet dernier. Tout en dénonçant l'absence de sécurité, le comité affirme que désormais l'heure est à la lutte contre la criminalité pour sauvegarder la dignité et «se libérer des jougs des assassins dès lors que personne n'est à l'abri de la violence».
Durant la même période, la coordination des comités des villages d'Aït Zmenzer, à quelques kilomètres seulement au sud de la ville de Tizi Ouzou, avait dénoncé dans une déclaration le laxisme des autorités face au phénomène inquiétant de la violence. «Nous dénonçons le laxisme des pouvoirs publics devant le climat d'insécurité qui règne depuis plus d'une décennie dans notre localité», était-il écrit dans la déclaration signée par 14 comités de villages d'Aït Zmenzer et des élus de la même région, qui y ont énuméré les méfaits et les violences quotidiennes que subissent les habitants de la localité toute proche du chef-lieu de wilaya de Tizi Ouzou. «Les pouvoirs publics, maintes fois interpellés, n'ont pas daigné réagir pour mettre un terme à une situation qui empire de plus en plus», pouvait-on lire dans la déclaration.
A ce propos, il est utile de souligner aussi les marches et les grèves qu'organisent à courts intervalles les comités estudiantins de l'Université Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou, qui tirent la sonnette d'alarme sur la dégradation de la situation sécuritaire dans l'enceinte même des campus et cités universitaires de Tizi Ouzou. Des étudiants et des étudiantes, principalement, ont été agressés à côté et même à l'intérieur des cités universitaires, sans qu'aucun service de sécurité n'intervienne. A qui les citoyens devront-ils donc confier leur sécurité ?


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