Le talent des individualités de l'ES Sétif conjugué à l'assise collective de l'équipe ont pesé lourd devant l'absence d'application des Burkinais de l 'ASFA Yennenga. Même si logiquement, l'équipe algérienne s'est qualifiée pour les quarts de finale de la ligue des champions africains de football, en battant son adversaire du jour sur le score de 4 buts à 2, beaucoup de questions méritent d'être posées. Et comme dit l'adage : à force de jouer avec le feu, on finira par se brûler. Ce qui est navrant et désolant, ce n'est pas spécialement parce qu'on a presque failli perdre un match à notre portée, mais plutôt parce qu'on a montré que nous n'avions pas la force mentale et les ressources nécessaires pour gérer la pression des résultats. Tant qu'on jouait sans se poser de questions, les joueurs se libéraient, mais avec un enjeu on retombe dans nos travers. Espérons que ça ne soit qu'un accident de parcours et que la leçon de la saison écoulée face au FC Simba de la Tanzanie qui nous a éliminé à Sétif, ne se reproduise plus. Forte d'un effectif jeune et doué techniquement, ayant le moral au beau fixe, l'équipe des Hauts-Plateaux semblait fin prête pour livrer un duel épique face aux Burkinais venus limiter les dégâts. Hélas ! Les supporters se sont fait beaucoup d'illusions, ils ont dû, au fil de la rencontre, se rendre à l'évidence et réaliser que leur formation, invaincue depuis presque une saison sur son terrain fétiche du 08 mai 45 de Sétif, n'était que l'ombre d'elle-même en fin de partie. Incompréhensible différence entre les deux mi-temps (et on prend la regrettable habitude de rater pas mal d'occasions, se relâcher, et laisser l'initiative à l'adversaire : ce qui a presque fini par nous coûter cher vendredi soir), espérons qu'on saura réagir même si ce n'était pas un gros coup d'arrêt contre un adversaire qui a crû en sa bonne étoile. En effet, après avoir fait illusion pendant les 30 premières minutes de jeu, avec un pressing constant, une bonne circulation du ballon et des centres menaçants, les Burkinais ont fini par plier l'échine sur un coup de tête de Mohamed Amine Aoudia qui parviendra à convertir en but, de la tête, un centre à mi-hauteur de l'arrière gauche Ryad Benchadi. Le festival offensif allait débuter, grâce au but-exhibition du duo Aoudia-Djahnit qui allait montrer la voie à Madouni, tout aussi talentueux et opportuniste pour conclure l'action. Si l'ES Sétif a réussi à «étouffer» son vis-à-vis, c'est grâce également à ses jeunes attaquants Djahnit et Gourmi qui se sont dépensés sans compter, créant à chaque montée le surnombre devant. Deux jeunes pétris de qualités qui ont rempli parfaitement leur rôle. Leur apport dans le jeu d'ensemble fut d'une grande efficacité grâce à des appels incessants et des ouvertures lumineuses en direction d'Aoudia et de Madouni un autre jeune qui promet, qui a retrouvé le sens du but. Maîtres de l'entrejeu, plus techniques, les Sétifiens entament la seconde période tambour battant et aggraveront la marque, après un heading légèrement au-dessus d'Aoudia), par l'ailier Gourmi qui conclut en deux temps un joli travail de Madouni sur le flanc gauche. L'équipe sétifienne «déroule» et c'est en toute logique que Madouni parviendra à planter une quatrième banderille (signant par là-même son premier doublé de la saison) en reprenant victorieusement un service de Khoutir Ziti. Les attaquants sétifiens ont gratifié l'assistance de jolis gestes techniques, ils ont livré la prestation qu'il fallait. Alors que l'on se dirigeait vers la fin du match, les Aigles des Hauts-Plateaux ont rapidement versé dans l'euphorie excessive et l'emballement injustifié. Chose qui a piqué au vif les visiteurs et les a fait sortir de leur ornière, puisque quelques minutes plus tard, l'effondrement rapide des locaux qui est à chercher aussi dans la manière avec laquelle ils ont appréhendé le match, les joueurs de l'ASFA Yennenga profiteront d'une coupable déconcentration sétifienne pour réduire la marque, d'abord par le keeper Kaboré d'un maître coup-franc de 25 m, puis par Simplice le remplaçant, à la réception d'un centre venu de la droite. Les protégés de Velud ont baissé tôt les bras et se sont contentés de regarder faire. Bref, les trois compartiments de jeu, sous le poids de l'enjeu et de la volonté de l'adversaire, se sont lézardés et ont laissé entrevoir des failles et des lacunes évidentes. Cette attitude inacceptable doit être corrigée. Une prise de conscience est urgente à l'ESS pour passer ce cap difficile à quelques jours de la demi-finale face au doyen des clubs algériens, dans un stade plein à craquer.