Il aura fallu une petite recherche sur Internet pour découvrir que l'Algérie vient de gagner la Coupe arabe des clubs vainqueurs de coupe de handball féminin, ce qui est un véritable exploit sportif compte tenu de la situation peu réjouissante dans laquelle se débat le sport algérien, notamment le handball dont le championnat national a vécu la situation de blocage inédite que l'on sait. Les joueuses du Groupement sportif pétrolier qui ont réussi à s'imposer face à leurs homologues tunisiennes de l'A. Mégrine par un large 32-15 ont-elles été portées aux nues comme l'auraient été les messieurs (3e place) s'ils avaient remporté le tournoi ? Des supporters enthousiastes et des dirigeants sportifs se sont-ils déplacés à l'aéroport d'Alger pour accueillir et fêter les héroïnes du jour ? Evidemment non, et c'est à peine si elles ont eu droit à quelques entrefilets ici et là dans des médias algériens autrement plus expressifs lorsqu'il est question de sport masculin, particulièrement le football. Ce mépris du sport féminin - que n'effacent pas les manifestations de joie et d'intérêt observées lors des victoires de Boulmerka, Souakri, Haddad et les autres- est presque naturel dans un pays qui a encore du mal à concéder à la femme la place qui doit être la sienne. Et nous l'avons vu lors de la commémoration de la Journée de la femme, le mois de mars dernier, les revendications sont toujours de loin supérieures aux acquis, même si la condition féminine s'est améliorée par rapport à la fin du siècle dernier. Il n'est qu'à comparer entre les budgets accordés aux sections masculines et féminines dans les clubs, la part de médiatisation réservée aux sports masculin et féminin ou la perception que la société algérienne a de la pratique sportive féminine pour comprendre que le fossé est profond et qu'il en faudrait de miracles pour que les uns et les autres soient mis sur un même pied d'égalité. C'est une question de mentalité et de mœurs qu'hier Boulmerka et, aujourd'hui, les handballeuses du GSP ont à peine réussi à secouer. Cette discrimination n'est pourtant pas propre à l'Algérie et il n'est jusqu'aux pays les plus développés où l'on note une nette préférence pour les sports masculins : nous n'avons pas encore entendu parler d'un Super Bowl féminin (ce méga rendez-vous sportif du football américain) ni de Ligue des champions féminine et, aujourd'hui comme hier, ce sont les finales hommes qui sont considérées comme les moments les plus forts dans la majorité des tournois sportifs. Il reste qu'en Occident, le sport féminin existe, est aidé financièrement et mobilise autant parmi les dirigeants que les sociétés. Ce qui est loin d'être le cas chez nous. S. O. A.