A cinq jours des élections provinciales, l'Irak a été, à nouveau, secoué par une vague d'attentats meurtriers. Au moins 24 morts et 212 blessés est le bilan macabre enregistré hier à travers l'Irak. La vingtaine d'attentats, commis pour la plupart au moyen de voitures piégées, se sont tous produits dans la matinée, alors que les Irakiens se rendaient sur leur lieu de travail. Baghdad a été la plus durement touchée avec six attentats. 11 personnes sont mortes et 57 autres ont été blessées. Une voiture piégée a fait un mort sur le parking attenant à un poste de contrôle qui mène à l'aéroport international de la capitale, une zone où les mesures de sécurité sont particulièrement importantes. Dans le quartier de Karrada, au centre de Baghdad, un autre attentat a fait trois morts en face d'un tribunal. A Touz Khourmatou, à 175 km au nord de Baghdad, trois attentats quasi-simultanés à la voiture piégée ont fait 6 morts et 60 blessés. D'autres attentats ont frappé Nassiriya, dans le sud du pays, Hilla, au sud de Baghdad, Samarra, dans la province instable de Salaheddine, Baqouba, le chef-lieu de la province de Diyala, Tikrit, Tarmiya et Mossoul, toutes trois au nord de la capitale. A Kirkouk, une ville du nord que revendiquent Bagdad et la région autonome du Kurdistan, 5 personnes ont été tuées et 26 autres blessées dans quatre attentats. Ces attaques n'ont pas été revendiquées mais les insurgés sunnites, dont Al-Qaïda en Irak, visent régulièrement les forces de sécurité, la communauté chiite et les responsables politiques pour déstabiliser les autorités. Ces nouvelles violences surviennent à moins d'une semaine des élections provinciales du 20 avril, qui doivent avoir lieu dans 12 des 18 provinces du pays. Les trois provinces kurdes ont un calendrier distinct, et celle de Kirkouk (nord) ne votera pas en raison de problèmes avec les listes électorales. Et le gouvernement du chiite Nouri al-Maliki a reporté le scrutin à Anbar (ouest) et Ninive (nord), évoquant l'instabilité dans ces deux provinces où la minorité sunnite proteste depuis près de quatre mois contre sa «marginalisation». M. Maliki est également au centre d'un conflit ouvert avec ses partenaires de la coalition gouvernementale qui l'accusent d'accaparer le pouvoir. Le scrutin, le premier depuis le départ des derniers soldats américains en décembre 2011, doit permettre de renouveler les assemblées provinciales, chargées à leur tour d'élire les gouverneurs, poste prépondérant en Irak. Le gouverneur a la haute main à la fois sur la reconstruction, les finances et l'administration de la province qu'il dirige. La campagne électorale a été marquée par une recrudescence des violences. Selon des données fournies par des sources médicales et de sécurité, 14 candidats ont été tués depuis le début de l'année. Et avec 271 personnes tuées, Mars a été le mois le plus meurtrier depuis août 2012. R. I.