La mission des Nations unies au Sahara occidental (Minurso) a de fortes chances de voir ses prérogatives renforcées par un nouveau mécanisme de surveillance des droits de l'Homme dans les territoires occupés, à la faveur de la proposition américaine portant élargissement de la mission de la Minurso à la surveillance des droits de l'Homme. Et en la matière, il est fort probable que la France, protecteur traditionnel du Maroc, ne va pas bloquer la proposition américaine, soulignent des sources médiatiques. «Il est peu probable que la France, protecteur traditionnel du Maroc au Conseil de sécurité de l'ONU, utilise son droit de veto pour bloquer une proposition américaine qui prévoit de confier aux Casques bleus la surveillance des droits de l'Homme au Sahara occidental», a souligné l'agence Reuters. Cette source rappelle que la proposition américaine pour l'introduction d'un instrument de contrôle des droits de l'Homme au Sahara occidental dans le cadre de la Minurso, «est venue après que le Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon ait déclaré au Conseil de sécurité qu'il plaidait pour soutenir ce projet». Dans son rapport, le SG de l'ONU a plaidé en faveur de la surveillance «indépendante» des droits de l'Homme, mais n'a donné aucun détail sur la façon dont cet instrument serait mis en œuvre dans les territoires occupés. «Compte tenu des rapports continus faisant état de violations des droits de l'Homme, la nécessité d'un contrôle impartial et indépendant de la situation des droits de l'Homme au Sahara occidental devient de plus en plus pressante», a-t-il mentionné dans son rapport. La proposition américaine était contenue dans un projet du Conseil de sécurité de l'ONU émanant de groupes militants en faveur de la cause sahraouie. Le projet de résolution vise à proroger le mandat de la mission de l'ONU au Sahara occidental pour une autre année. Il devait être soumis à un vote au Conseil de sécurité ce mois-ci. En réaction à cela, le Maroc, qui a toujours été opposé à l'élargissement de la mission de la Minurso aux droits de l'Homme dans les territoires occupés, s'est déclaré en «état d'alerte diplomatique» dans une tentative de contenir ce projet et ses conséquences, qu'il considère comme un «coup dur» pour ses intérêts dans ce conflit, annoncent des médias marocains. Mais contrairement aux précédents projets, la France ne tentera pas d'user de son droit de véto au sein du Conseil de sécurité, mais d'en atténuer le ton, surtout qu'il s'agit juste de surveillance des droits de l'Homme, et non d'autodétermination. Pour plusieurs raisons, la France semble lâcher du lest à ce sujet. D'abord le fait que le projet émane des Etats-Unis et que la France n'a pas intérêt à se mettre à dos, ensuite, que la France de Hollande ne semble pas épouser la position marocaine vis-à-vis de ce conflit, comme lors de la présidence de Sarkozy. De plus, la France paraît bien isolé sur le plan européen, suite à la pression exercée par les réseaux de soutien au peuple sahraoui y compris en France, pour appuyer la mise en place d'un mécanisme de surveillance des droit de l'Homme au Sahara occidental, tel que demandé par le Front Polisario et les ONG militant en faveur des droits de l'Homme, notamment de Human Right Watch, Amnesty International, RF Kennedy Center et l'ordre des avocats de New York et la Western Sahara Campaign, et qui est soutenue y compris même par l'Association marocaine des droits de l'Homme (Amdh). La Fondation internationale pour la protection des défenseurs des doits de l'Homme (Front line defenders), quant à elle, a considéré l'élargissement des pouvoirs de la Minurso à la surveillance et la protection des droits de l'Homme au Sahara occidental comme un «message clair et fort» au gouvernement marocain. C'est dans le même sillage que s'inscrit également l'appel adressé par la Rasd à la Commission africaine à faire pression pour l'élargissement de la mission de la Minurso à la surveillance des droits de l'Homme et l'élaboration de rapports sur les droits de l'Homme dans les territoires occupés, lors de sa participation aux travaux de le 58e session de la Cadhp qui se tient à Banjul (Gambie) du 8 au 21 avril en cours. Cette revendication, rappelle-t-on, s'est imposée aux yeux du monde après le démantèlement du camp de Gdeim Izik à Laâyoune, et le procès des activistes des droits de l'Homme sahraouis, ayant été traduits devant une juridiction militaire, et qui ont écopé de peines allant de 20 ans à la réclusion à perpétuité. A. R.