âgé aujourd'hui de 70 ans, Belkhir Brahim accompagne de ses chants les joueuses d'imzad. Cette passion, héritée de sa mère, il l'exerce depuis ses 15 ans. La dernière joueuse qu'il côtoya fut Ouaouane Ferrou. Tout comme Baly et Terza, le septuagénaire s'est produit dans plusieurs pays étrangers, en Europe notamment. En Allemagne, en Suisse, en France… d'où il est revenu avec de nombreuses attestations de reconnaissance. De ses 30 enfants, issus de ses quatre mariages, aucun d'eux n'a choisi de suivre le chemin de son père. «Encore faut-il qu'ils veuillent mettre le chèche !» lancera-t-il, d'un air dépité. Fervent défenseur du legs culturel de ses ancêtres, il se dit «mécontent» de la façon dont s'est déroulé récemment le premier Festival de la musique targuie à Djanet. «Je ne suis pas content, où est la culture targuie dans ce festival, où sont l'imzad, le tindi, la sebiba, le tahmat, l'allagh, le tazanzaret… ?» Notre interlocuteur est prêt à citer toutes les appellations des symboles de la culture targuie tant son attachement à tout ce qui s'y rapporte est grand. Il s'insurgera notamment contre «l'envahissement» de la guitare électrique qu'il considère également comme étant intruse à la chanson targuie authentique. A travers celle-ci, Brahim chante l'amour, la tristesse, les élucubrations de la vie, la beauté et le maléfice de la femme, le compagnon de l'homme dans le désert qu'est le chameau, les guerres… Notre joyeux interlocuteur se targue aussi de détenir toutes les chansons qu'il exécute avec sa troupe transcrites en tifinagh. Il les garde jalousement comme un précieux trésor depuis de longues années. Pour perpétuer la mémoire et pour… la postérité.