Les plaintes déposées par deux parents d'enfant dont l'un est décédé justifient largement les informations qui circulent autour de pratiques peu orthodoxes de certains membres du corps médical. Deux médecins exerçant au service de pédiatrie du Mansourah, relevant de l'EHS Mères et Enfants de Sidi-Mabrouk, émergent plus particulièrement sur ce qui nous a été dit d'abord par notre source et confirmé par d'autres canaux qui ont requis l'anonymat «compte tenu du climat exécrable qui règne et d'une suspicion générale». Les travailleurs, tous corps confondus, que nous avons approchés parlent d'une ambiance pesante qui fait que chaque élément est obligé de faire de l'aplaventrisme et/ou suivre le sens du vent dès qu'il s'agit de s'impliquer dans les turbulences qui agitent les lieux. Les docteurs T et K. qui ne doivent pas être les seules à se livrer à des pratiques plutôt loin de toute morale, quoiqu'il en soit l'une et l'autre ont une conception de leur sacerdoce plutôt, voire même exagérément, lié à leurs intérêts personnels. La docteur T. que les textes en vigueur dans le secteur autorisent, après accord de la hiérarchie, à exercer des prestations dans le secteur privé à raison de deux fois par semaine pour peu qu'elle en accepte les conditions (un léger rognage sur des éléments de salaire) use de cette faveur administrative, au demeurant légitime, sauf qu'elle n'effectue pas ces prestations dans le cabinet ou la clinique qui est censée l'employer mais sur place. Autrement dit, en faisant usage des espaces, moyens et équipements du secteur public. Ses patients viennent en général d'entreprises avec lesquelles elle est conventionnée. Une prestation somme toute gagnant-gagnant puisque la praticienne a tout bénef. Notre informateur est catégorique : «Bien sûr…tout le monde, à quelques exceptions près, est au courant. En fait, il y a un deal et une ligne rouge que tous ceux qui n'ont pas la conscience tranquille ou ceux qui s'évertuent à préserver leur confort au poste ne franchiront pas.» En ce qui concerne la docteur K. c'est, en plus nuancée, la même démarche sauf que celle-ci oriente ses patients sur le cabinet de son époux, lequel dispose d'équipements sophistiqués et modernes qui permettent des investigations poussées dans certaines pathologies. Sauf, là également, que bien des prestations ne sont faites que pour faire semblant, la majorité des malades, est-il besoin de le rappeler, est constituée d'enfants n'étant orientés rien que pour justifier la facture salée qui s'en suivra. «C'est d'ailleurs à partir d'un faux diagnostic et des radiologies tout à fait farfelues que l'un de parents a déposé plainte contre l'établissement ou la doctoresse…mais plainte il y a. je ne dispose pas de l'information exacte», nous dira notre interlocuteur. Au siège de wilaya d'un syndicat des travailleurs, un élu trouve que «…beaucoup de travers dans le fonctionnement des structures de la santé contribuent au déclenchement des grèves et leur perpétuation souvent pour des raisons irrationnelles, comme celle qui paralyse actuellement le CHU. Entre-temps, la plus grande partie des grévistes est en train de vaquer à des affaires personnelles en dehors de l'enceinte. Pis, ils s'en trouvent même qui coulent des jours de vacances en Tunisie après avoir arrondi leurs fins de mois auprès de cliniques privées». Le directeur de wilaya de la santé n'ignore pas ce qui se passe au niveau du service de pédiatrie du Mansourah et a même pris la mesure d'installer une commission chargée d'y démêler l'écheveau mais en vain. Nous l'avons sollicité à l'effet de nous accorder un entretien sur ce sujet, notre envoi matérialisé n'a pas eu de suite. A. L.