Pour le dernier jour de la 8e édition du Festival national du théâtre professionnel, c'est l'artiste algérien Mohamed Yabdri qui a clôturé, samedi dernier à la salle El Mouggar, la programmation de la section Off, avec son monologue Un clown en exil. Mis en scène par l'américain Noah Bremen, le spectacle relate le quotidien d'un artiste, un clown, qui aspire à une grande carrière. Marginalisé dans son pays, le clown remballe son art dans une valise et part en France où il espère trouver un coin de ciel bleu et l'herbe plus verte. Hélas, de l'autre côté de la rive, le clown se retrouve dans une situation pire que celle qu'il vivait dans son pays. Transi par le froid parisien et refroidi par l'indifférence, le clown décide de partir plus loin. Il traverse l'océan et change de continent. Il va aux Etats-Unis, le pays de tous les miracles. Arrivé chez l'oncle Sam, le clown fera face à la dure réalité, ce qu'il croyait être une contrée de liberté s'est avéré un pays plongé dans la paranoïa. Le terrorisme islamiste est passé par là. Le délit de faciès est devenu un crime fédéral. Il est arabe, il est suspect. Le clown vivra de nombreuses situations rocambolesques avec les autorités américaines. Basé sur la gestuelle et les mimes, le spectacle est sans texte. Bruitages et musique comble le vide langagier. Les enfants venus nombreux à l'occasion de la célébration de la Journée internationale de l'enfance ont ri aux éclats, même si le spectacle ne leur était pas destiné. Les parents ont été sans doute trompés par l'intitulé de la pièce. D'ailleurs, des enfants dans la salle n'arrêteront pas de réclamer le clown, leur clown, avec nez rouge, perruque, grands souliers et costume bariolé ; ce qui n'était pas le cas de Yabdri. Créé à l'issue de sa rencontre avec le jeune américain Noah Bremen, ce spectacle, confiera Yabdri, contient des bribes de son propre vécu, mais pour dire la douleur des gens exilés. Le choix du personnage du clown n'est pas fortuit car, pour Yabdri, il s'agit d'un personnage sympathique et universel qui est fait pour semer la joie où qu'il passe. Véritable bête de scène, l'artiste a réussi à captiver l'attention du public grâce à son visage expressif et ses grimaces rigolotes. A plusieurs reprises il fera participer les spectateurs à son spectacle, surtout les enfants, comme lorsqu'il confiera la garde d'un petit chiot à un jeune garçon. On notera cependant que le spectacle est assez long, c'est ce qui a un peu joué en sa défaveur. Rappelons que cette représentation est inscrite dans le cadre d'une tournée internationale de l'artiste, entamée le mois dernier aux Etats-Unis et qui prendra fin en Algérie en juillet. W. M.