Annaba, gâtée par une nature généreuse, offre au visiteur ses merveilleuses plages au sable fin qui s'étendent sur des kilomètres, un paysage paradisiaque qui force l'admiration et qui envoûte. A Seraïdi, à Chetaïbi ou au chef-lieu de wilaya, du côté de Aïn Achir, La Caroube ou Belvédère, l'infini de la grande bleue, la verdure, le sable doré, le soleil, cette harmonie naturelle compose cette symphonie enchanteresse qui attire le visiteur et le retient. Mais la magie et l'enchantement sont de courte durée et l'on se détourne très vite de ces lieux pour aller sous d'autres cieux où le respect de l'environnement, du cadre de vie, de l'autre est encore de mise et a toujours cours. En effet, à Annaba, en cette saison estivale 2013, rien de nouveau sur la vingtaine de plages autorisées à la baignade à part, peut-être, les bacs à ordures, les poubelles plantées dans le sable, les panneaux dressés par l'APC appelant au civisme des citoyens. Comme à l'accoutumée, c'est sur la base des résultats d'analyses physico-chimiques effectuées sur des prélèvements d'eau de mer, et qui sont faites chaque semaine, que la direction de l'environnement a autorisé la baignade dans ces plages. La Protection civile a mobilisé 200 de ses agents, maitres-nageurs, plongeurs, des ambulances et embarcations pneumatiques mettant ainsi en application son dispositif de sécurité pour parer à toute éventualité. Gendarmerie et police ont dépêché leurs agents sur les plages avec des équipements appropriés pour sécuriser les lieux et rassurer les estivants. Mais si l'Etat et ses institutions s'impliquent pleinement pour réussir cette saison estivale en mettant les bouchées doubles, certains citoyens au comportement indigne et irrespectueux défigurent ces paysages de rêve et font fuir la plupart des estivants. Certains commerçants déversent leurs eaux usées dans la mer, polluant ainsi les plages, d'autres jettent carrément les restes de leurs restaurants dans les rochers au niveau de la Corniche, encourageant ainsi la prolifération des rats qui y ont élu domicile. Des rats aussi gros que des chats qui ont pris l'habitude de dévorer leur pitance en public ne craignant plus rien. Après le départ des baigneurs la plage fait peine à voir : des sacs, des déchets, des restes sont laissés sur place, et sur les trottoirs longeant la chaussée, des centaines de bouteilles vides en plastique sont jetées par les estivants qui s'en étaient servis pour se laver les pieds avant de mettre leurs chaussures. Sur la plage squattée par des individus pas commodes qui ont confisqué au public le droit de s'installer malgré l'interdiction par le wali de toute concession, les familles sont contraintes de payer une dîme fixée par ces racketteurs sous l'œil impassible des agents de l'ordre. Et si d'aventure on s'y oppose et l'on veut planter son parasol, on vous empêche de le faire tout en vous déversant à la face un chapelet d'injures et de vulgarités devenues ces derniers temps le langage courant très usité par ces tristes personnages. Dans l'eau et à quelques mètres de la plage où les baigneurs nagent profitant du soleil, des jeunes à bord de jet-skis sillonnent les lieux et à toute vitesse, faisant fi de la réglementation qui interdit l'utilisation de ces engins à moins de 300 m de la plage. Des vedettes et des barques à moteur font de même. Ni la police, ni la gendarmerie, et encore moins les garde-côtes n'interviennent pour mettre fin à ces comportements, au grand dam des estivants qui préfèrent quitter l'eau attendant que ces énergumènes aillent frimer ailleurs. C'est le désenchantement. Tout ce que la nature dans sa générosité a offert à Annaba est perverti par ces comportements qui la défigurent et la détruisent. Des comportements qui font que les touristes la boudent et lui préfèrent d'autres lieux même si ceux-ci n'ont pas les atouts et la beauté de la Coquette, feu la Coquette. M. R.