Comme annoncé, l'émir du Qatar a abdiqué, hier, au profit de son fils Tamim, affirmant dans ce sillage vouloir passer le flambeau à la nouvelle génération dans ce richissime émirat gazier du Golfe. Même si certains croient voir la main des Américains derrière l'abdication de cheikh Hamad ben Khalifa Al Thani, arrivé au pouvoir en 1995 par une révolution de palais, il n'en demeure pas moins que c'est une première au Qatar et dans l'histoire récente du monde arabe, où aucun souverain n'a jamais renoncé au pouvoir de son plein gré. Cette passation de pouvoir, ne devrait cependant pas avoir d'incidence sur la politique générale du Qatar, proche allié des Etats-Unis dont il abrite une importante base. Dans un discours télévisé adressé à la nation, l'émir a affirmé que «le temps est venu d'ouvrir un nouveau chapitre» et de «confier les responsabilités à la nouvelle génération» et d'ajouter : «Je suis convaincu que pour Tamim l'intérêt du pays et la prospérité de son peuple seront des priorités.» Cheikh Hamad avait déposé son père, cheikh Khalifa, le 27 juin 1995. Il a pu en 18 ans faire du Qatar l'un des pays les plus riches au monde, avec un PIB par habitant de 98 000 euros en 2011, selon la Banque mondiale, et un acteur incontournable dans toutes les crises dans la région. Âgé de 33 ans, le nouvel émir, qui s'adressera aujourd'hui à ses sujets, sera le plus jeune souverain d'une monarchie du Golfe. Le roi Abdallah, de l'Arabie saoudite voisine, âgé de 89 ans, s'est empressé de féliciter le nouvel émir. Cheikh Hamad avait réuni lundi les membres de la famille régnante et les notables de ce pays pour les informer de sa décision. La journée d'hier a été proclamée jour férié au Qatar et la télévision a montré des personnalités se pressant au palais pour faire allégeance au nouvel émir. Nommé prince héritier il y a dix ans, cheikh Tamim, quatrième fils de l'émir et fils de la très influente cheikha Moza, a progressivement conforté son autorité au cours des dernières années en prenant la gestion de dossiers sensibles de politique étrangère et intérieure, notamment la gestion de l'armée et de la sécurité. La passation de pouvoir pourrait être accompagnée d'un important remaniement ministériel qui verrait le départ du puissant Premier ministre cheikh Hamad ben Jassem ben Jabr Al Thani, qui occupe ce poste depuis 2007. Un départ qui n'est pas incessant mais prévisible. R. I.