Le motif invoqué par l'Arabie saoudite qui a décidé de réduire le nombre de pèlerins pour la saison du Hadj 2013 ne semble pas convaincre la communauté musulmane qui a de tout temps accompli les rites au milieu de travaux de toutes sortes. Les Lieux Saints sont méconnaissables pour de nombreux anciens pèlerins avec toutes les nouvelles réalisations et tous les réaménagements effectués, mais c'est bien la première fois que des limitations de quotas ont été décidées. La mesure n'est pas pour satisfaire, non plus, cette communauté, les musulmans désirant accomplir le pèlerinage étant invités à reporter leur projet, ce qui signifie que tout dépendra de l'octroi du visa selon le nombre arrêté dans leurs pays respectifs. Pour de nombreux observateurs, l'épidémie de Coronavirus n'est pas étrangère à cette décision. Elle pourrait même en être la raison principale, les autorités saoudiennes voulant contenir la propagation de ce virus qui a encore fait un décès, lundi dernier, dans ce pays, portant à 34 le nombre de décès causés par le Coronavirus en Arabie saoudite depuis la découverte du premier cas en octobre de l'année dernière. Il s'agit donc pour ces observateurs d'une justification officielle, celle officieuse étant liée à la crainte de voir cette maladie se propager à la faveur de l'important flux qui caractérise la période du Hadj. Qu'en est-il de la Omra qui est effectuée tout au long de l'année, et qui n'est pas dénuée du risque de propagation dans les pays de provenance des pèlerins, à leur retour ? D'autant plus que sur le nombre de cas enregistrés dans le monde (des cas ont été comptabilisés dans certains pays comme le Qatar, les Emirats arabes unis, l'Italie, la Tunisie, la Jordanie, l'Allemagne, la Grande-Bretagne et la France), la majorité est localisée dans le royaume. Les chiffres donnés, lundi dernier, par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) parlent de 70 cas et de 39 morts dans le monde, alors que l'Arabie saoudite a fait état dans la même journée de 66 cas et de 34 décès à elle seule. Concernant l'Algérie, des mesures ont été prises par le ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, mais seulement pour le Hadj, les allées et venues des Algériens effectuant la Omra n'étant pas maîtrisées selon Slim Belkessam, conseiller au ministère de la Santé, qui souligne que celle-ci (la Omra) n'est pas effectuée dans un cadre organisé, ce qui signifie que les citoyens effectuant ce rite sont difficiles à contrôler. De plus, le ministère de la Santé se réfère aux «réserves» de l'OMS qui s'appuie sur «les données épidémiologiques factuelles» et sur «le caractère limité de la transmission d'homme à homme» En effet, l'organisation onusienne, tout en recommandant le maintien «d'une surveillance des infections respiratoires aiguës sévères, ne préconise aucune restriction des voyages». «L'OMS ne conseille pas de dépistage particulier aux points d'entrée, ni ne recommande pour l'instant l'application de restrictions aux voyages ou au commerce», peut-on lire dans la mise à jour datée de lundi dernier sur le site de cette organisation. Parallèlement à la mise en place d'une cellule de veille au ministère de la Santé et au suivi des recommandations de l'OMS, celui-ci (le ministère) est «en contact avec les autorités sanitaires des pays concernés pour se tenir informés de toute évolution de la situation», ajoutera M. Belkessam qui fait état des mesures qui sont prises en prévision du Hadj. La sensibilisation d'abord à travers des prêches «adaptés au concept religieux» et des affiches et la distribution de dépliants accessibles à tous. Ensuite, des mesures sanitaires sur les Lieux Saints à travers le renforcement des moyens mis à la disposition de l'équipe médicale et sa dotation en moyens thérapeutiques nécessaires à la prise en charge de cette maladie. Des masques seront également distribués aux pèlerins. Pour l'heure, seuls des masques pourront être distribués aux personnes se rendant en Arabie saoudite pour une Omra, dont l'affluence risque de caractériser le mois de Ramadhan, période très prisée par les Algériens alors qu'il n'existe même pas d'équipe médicale en mesure de les prendre en charge sur place. Le mieux est peut-être de s'en abstenir, à titre de prévention, mais faut-il que les prétendants à ce voyage prennent conscience des risques qu'ils y encourent et auxquels ils pourraient exposer leur entourage. R. M.