Près d'une semaine après l'annonce des résultats du baccalauréat 2013, des recalés de la filière «Lettres et Philosophie» continuent de crier à l'injustice, en affirmant avoir été victimes d'une sanction «lourde et arbitraire» suite au scandale qui a entaché l'épreuve de Philo. D'un autre côté, l'Office national des examens et des concours (Onec) et le ministère de tutelle persistent dans leur refus de céder à «la pression» des «fraudeurs», soutenus dans cette démarche par une bonne partie de l'opinion publique qui, elle aussi, utilise le mot «fraudeurs». Des enseignants et des syndicats aussi affichent une position contre les «tricheurs» malgré les cris incessants des recalés qui estiment être lésés dans leur droit à accéder à l'université et, pire encore, se retrouvent exclus de l'examen pour une période de trois à dix ans. Difficile de se situer dans ce conflit, en l'absence de données chiffrées et de rapports précis sur ce qui s'est passé le jour de cette épreuve très importante. En attendant les résultats de la commission d'enquête, chargée de mettre toute la lumière sur cet incident des plus graves dans l'histoire du baccalauréat en Algérie, le département de Abdelatif Baba Ahmed «assure» les candidats et leurs parents de sa disponibilité à reconsidérer chaque cas après l'introduction d'un recours. L'opération est en cours depuis mardi et elle se poursuit jusqu'à une date non définie encore. «Le ministère de l'Education reçoit, depuis deux jours, des demandes de candidates et de candidats pour la révision de la décision relative à la tricherie aux épreuves du Bac-session juin 2013», indique un communiqué du ministère. Et de poursuivre : «L'examen de ces demandes sera confié à une commission ministérielle neutre qui se chargera de les examiner au cas par cas». Une fois le travail terminé, il sera remis au cabinet du ministre et, par la suite, tous les résultats rendus publics, assure le ministère: «Les propositions seront soumises au ministre de l'Education nationale qui devra trancher. Les résultats seront connus dans les jours à venir.» En effet, les candidats recalés ont été «conseillés» d'introduire des recours depuis l'entame des mouvements de protestation observés devant les académies et les directions de l'Education. La plupart l'ont fait par dépit, ne croyant pas vraiment en l'utilité de cette procédure. «Ils nous disent de faire des recours. Je l'ai fait mais sans trop y croire. Je sais dès maintenant que cela ne servira à rien», rapportent certains recalés, garçons et filles. De leur côté, des citoyens soutiennent la démarche ministérielle et appellent à plus de rigueur envers les élèves. «Les élèves jouissent d'une liberté totale. Ils font tout ce qu'ils veulent sans être inquiétés. Aucun risque de sanction en cas de faute ne pèse sur eux. Ils sont devenus intouchables. Les profs sont alors malmenés, menacés, voire violentés. Aucune législation ne semble leur dresser un rempart contre l'indiscipline et la violence», dénonce un homme, la cinquantaine. Et un autre d'appuyer : «Il faut de la rigueur partout et le ministre doit s'ériger en décideur et non en tant qu'exécutant seulement. Les syndicats aussi doivent jouer un rôle. Leur présence doit être plus forte que jamais. C'est le moment d'unir les forces.» K. M.