Même si les avis sont plus que partagés par les habitants de la cité Zouaghi, point d'ancrage du tramway de la ville de Constantine, il est une certitude : les prestataires de transport privé, en l'occurrence bus et taxis, voire transporteurs clandestins sont les premiers à en ressentir les retombées négatives sur leur chiffre d'affaires habituel. Avis partagés des habitants de la cité Zouaghi ! Pourquoi ? Des femmes auprès desquelles nous avons cherché à en comprendre les raisons, la réponse est unanime et sans doute légitime. «Si effectivement, le tramway est incontestablement un moyen de transport propre, plaisant compte tenu du parcours aéré, de la sécurité en raison de la vitesse modérée de son déplacement, il n'empêche que l'arrêt terminal à hauteur de la cité que nous habitons pose problème dans le sens où pour nous qui habitons à l'intérieur de la cité, voire dans les profondeurs devons quand même faire un parcours plutôt contraignant notamment quand nous sommes lestées de commissions. Et c'est, heureusement ou malheureusement, pour faire le marché que nous nous rendons en ville». Il y a lieu de préciser que si les points de vente de fruits, légumes et tous autres produits de consommation existent aujourd'hui dans n'importe quel endroit où il y a présence humaine et qui plus est si l'endroit en question est à forte densité populaire, les ménagères des cités situées en hauteur de la ville privilégient, si l'opportunité leur est offerte, de se rendre aux traditionnels marchés couverts du centre-ville ou du faubourg Belouizdad où, effectivement, la qualité est nettement supérieure à tout ce qui s'écoule dans le reste des onze communes de la wilaya. A cette réalité, il faudrait également ajouter le besoin des mêmes ménagères de garder intactes des sensations lorsque pour la majorité d'entre-elles, leur lieu de résidence se trouvait au centre de la ville même, la vieille ville ou dans une périphérie immédiate. Si la réponse donnée par les ménagères quant à leur désaffection par rapport à un moyen de transport moderne, à savoir le tramway autour duquel tellement d'encre a coulé, n'est pas à évacuer d'un revers de main sans tenir compte d'une réalité qu'elles sont les seules à apprécier et pour cause, il n'en paraît toutefois qu'étrange que des hommes en possession de leurs moyens physiques, des jeunes en arrivent à tenir le même raisonnement considérant que «…habituellement, je monte à bord des véhicules clandestins parce que leurs propriétaires sont plus condescendants aux exigences des clients. Ils savent qu'un détour dans les méandres de la cité Zouaghi leur prendra quelques minutes de plus qu'ils pourraient autrement exploiter mais ils savent tout aussi que cette faveur pérennise leur activité d'une part et leur fait faire une clientèle. Les chauffeurs de taxis, plus arrogants auparavant adoptent désormais, pour certains, la même conduite à l'endroit des usagers. Alors très franchement, prendre le tramway pour déjà un prix du ticket supérieur au taxi pour se retrouver à faire parfois plus d'un kilomètre à pied, il est normal que je choisisse un moyen auquel je suis habitué». Le nouveau moyen de transport collectif fait quand même le bonheur d'une bonne partie de la population de la cité Zouaghi, également de celle de la nouvelle ville Ali-Mendjeli, notamment les personnes qui cherchent à éviter les longues files d'attente à l'issue parfois hypothétique quand à trouver effectivement un moyen de transport. Ces personnes n'hésitent donc pas à rejoindre le terminal de la cité Zouaghi pour prendre à partir de cet arrêt un autre moyen de transport, qu'il s'agisse de bus et/ou de taxi pour rejoindre plus facilement la nouvelle ville et effectivement dans des délais très appréciables. S'il semble exister un désintérêt d'une partie de la population, un désintérêt qu'il faudrait néanmoins ne pas évaluer en cette période de l'année et surtout de ce mois exceptionnel de Ramadhan où d'abord tous ceux qui fréquentent lycées et universités sont en vacances, ce qui est loin d'être négligeable sur un plan comptable, et les fonctionnaires en congé. Il n'en demeure pas moins, pour revenir aux retombées négatives sur l'activité des taxieurs, transporteurs collectifs et clandestins habituels de la ligne en question, que celle-ci est bien loin d'être imaginaire et plusieurs de ces transporteurs exerçant «clandestinement» l'activité nous l'affirment : «Désormais, nous pratiquons le transport en direction de la ville du Khroub où il y a une demande à très fort potentiel.» Ce choix est plus que visible à hauteur de la rue Rahmani Achour, une artère étranglée par la multitude de véhicules et où rarement s'y aventurent les agents de la circulation, et si tant est qu'ils s'en trouvent, ces derniers semblent avoir fait le choix de regarder ailleurs que de chercher à décongestionner la circulation et mettre un terme aux dépassements de conducteurs qui prennent en otage l'ensemble du quartier, ses commerçants dont ils nuisent à l'activité, des habitants qu'ils gênent par le bruit, les cris, les rixes. Sur cette artère, réputée habituellement comme la station de départ en direction du Khroub et la nouvelle ville Ali-Mendjeli, la demande s'est totalement inversée faisant de la première destination le credo des transporteurs et de la deuxième une direction plus aussi privilégiée qu'il y a seulement une quinzaine de jours. En période estivale plutôt creuse, il semble pour le moins difficile d'apprécier les services rendus par le tramway. Vraisemblablement tout cela ne sera confirmé qu'à partir de septembre ou octobre prochain avec la rentrée des classes et la reprise des universités. A. L.
Pénurie de lait en sachet à Constantine Depuis dimanche passé, aucun sachet de lait n'a été servi à travers toute la wilaya de Constantine. Cette pénurie inexpliquée, étrangement, ne suscite aucune colère chez les Constantinois qui y sont même allés dans la dérision en se disant qu'un «mois de Ramadhan sans rupture d'un produit essentiel c'est tout aussi affligeant qu'un mets sans sel». Durant deux jours, nous avons tenté vaille que vaille de prendre attache avec les responsables de la laiterie Numidia pour connaître les tenants et aboutissants de cette soudaine rupture que la rumeur impute d'ailleurs au manque de poudre, ce qui en fait est invraisemblable, d'une mauvaise qualité de la même poudre qui ferait tourner le lait une fois la chaîne de froid rompue et enfin la présence d'une bactérie dans le lait de vache ajouté à la préparation de celui en sachet. Tous les responsables donnent l'impression de s'être transformés en courant d'air et même l'un des cadres qui a daigné communiquer avec nous au téléphone dans la matinée de lundi, et qui s'est présenté comme étant l'assistant du directeur général, a trouvé la parade pour nous envoyer dans une voie de garage invoquant l'impossibilité pour lui de «se substituer au DG en matière de relations avec les médias». A. L.