Photo : A. Lemili Constantine, la ville étouffe. Elle étouffe d'ailleurs, à partir de sa périphérie immédiate, là où prennent naissance les goulots d'étranglement, c'est-à-dire au niveau de tous les accès conduisant au centre-ville ou le reste des grandes cités sur lesquelles ils débouchent. Ainsi en va-t-il des entrées à partir de tous les points cardinaux, ce qui rend la circulation impossible à partir de 7h30 du matin pour qu'elle prenne par la suite des proportions apocalyptiques à mesure que s'égrène le temps. Sur le volume de la circulation et plus particulièrement du nombre de véhicules qui rend aussi complexe la circulation et gèle par onde de choc sa fluidité, le directeur de wilaya des transports nous fournit la réponse lors d'un entretien. «S'agissant de l'inextricable problème de circulation, nos services en ont déterminé les raisons grâce à un comptage minutieux et mathématique fait à hauteur de l'avenue Zaamouche, laquelle, comme nul n'est censé l'ignorer, est, entre autres, l'un des passages obligés parmi les plus fréquentés à telle enseigne que 80% de la circulation qui se déroule en ville lui est en réalité totalement étrangère du fait d'un formidable transit sur cet axe de tous les véhicules quels que soient leur nature, gabarit venant des nombreuses autres wilayas de l'ensemble du pays. Autrement dit, si une solution était trouvée à ce taux d'étranglement, il relèverait pratiquement de la pusillanimité de dire que tous les problèmes de circulation qui asphyxient la ville de Constantine seraient réglés. Il suffirait alors d'imaginer que sur ce même axe, au lieu qu'il y ait dix véhicules, il ne s'en trouvera que deux. Nous nous passerons alors de vous faire un dessin sur ce que sera la véritable physionomie du paysage a posteriori.»Cela paraît évident même, d'autant plus que le nombre de véhicules a également augmenté grâce aux nouvelles facilités administratives de motorisation des Algériens ainsi que de la multiplication des sociétés de concessions et d'une disponibilité régulière. Mais en fait, cet argument ne tient la route qu'à cause d'une action concomitante qu'est l'ouverture tous azimuts de grands chantiers dont la finalité est la modernisation d'une ville vieillie et à la limite en marge du temps pour justement la doter d'équipements infrastructurels à même de résorber et améliorer dans une vision à long terme le cadre de vie de ses habitants. La ville des ponts comme son qualificatif l'indique s'apprête donc à accueillir un immense viaduc qui sera le réceptacle d'un important trafic urbain qui sera équilibré grâce à un judicieux dispatching qui en régulera le flux et décongestionnera incontestablement l'une des voies intra-muros les plus lourdes, en l'occurrence celle du Chalet des pins d'une part et la rue Aouati Mostefa prolongée d'autre part. Bien entendu il paraît pour le moins fastidieux et aussi complexe de donner une explication détaillée de cette projection à toute autre personne que l'habitant de Constantine qui y est régulièrement confronté et dont il connaît les moindres recoins. Ensuite, il y a le tramway et ceux, dont la ville est programmée pour en être dotée, se font très aisément une idée de la distorsion du cadre de vie habituel, la fragmentation des habitudes et comportements qui ont pour conséquence la confrontation directe avec des situations où les désagréments inhérents à la réalisation d'un projet de la sorte, même s'il est appelé à régler définitivement un chronique problème de déplacement.
Grand retard d'abord, cadence accélérée ensuite S'il a existé un grand retard dans sa réalisation en ce sens qu'il devait être mis en exploitation à partir d'avril 2010, ce retard semble vraisemblablement rattrapé au vu de la cadence imprimée depuis quelques mois, d'où l'avancement à un taux de 66% des travaux, justifié par la pose des rails sur l'ensemble du parcours. Les 27 rames, selon M. Khelifi F., directeur de wilaya des transports auraient déjà «été livrées et se trouvent au niveau du pôle de Zouaghi, et que les premiers essais sur voie auront lieu avant la fin de l'année» précisera-t-il.La réalisation du tramway laisse évidemment supposer celles d'infrastructures annexes obligatoires comme les stations et, dans ce cas de figure, le plus gros intérêt est conféré notamment à la gare bimodale de Zouaghi en ce sens qu'elle est appelée à contribuer à la résorption du phénoménal trafic routier qui encombre et asphyxie la ville comme décrit précédemment, une résorption qui se fera grâce à l'absorption des divers flux de véhicules venant de l'ensemble des wilayas de l'ouest et du sud du pays, voire de l'extrême Est, grâce à l'autoroute Est-Ouest laquelle notamment, pour l'ultime tronçon desservant les wilayas de Skikda, Annaba, Tarf… si tant est toutefois qu'elle entre effectivement en exploitation sur ce parcours au mois de juillet 2012. Pour l'anecdote, elle devait être livrée le 5 juillet 2011. De ce point de vue, tous les transports collectifs que constituent les taxis et les bus assurant les liaisons entre les communes et/ou les wilayas déposeront les voyageurs à hauteur de cette gare bimodale pour une prise en charge de ceux (voyageurs) dont la destination se situerait sur le parcours du tramway. Ceux parmi les personnes transportées dont le déplacement est effectué sur une toute autre direction nécessitent un moyen spécifique. La solution consisterait en le recours à des transports urbains dont les limites sont déjà répertoriées et la répétition de situations vécues (encombrement, congestion, circulation) d'ores et déjà éludées.A mesure que le temps passe, le tramway s'est avéré, voire s'est imposé pour la wilaya de Constantine comme pour les villes voisines qui prennent de plus en plus d'importance, une nécessité. C'est dans cette optique que la nouvelle ville Ali Mendjeli dont le développement exponentiel à tous les égards, justifie l'extension du tramway sur l'axe prolongeant Zouaghi, cela dans le but d'anticiper sur la question du vraisemblable déplacement humain de masse dans un proche avenir sur celui-ci. Ainsi, l'extension de la ligne du tramway vers la nouvelle ville Ali Mendjeli n'est plus une vue de l'esprit mais une réalité dés lors que l'étude de faisabilité a été bouclée et le bureau d'études chargé de l'exécution du projet déjà en place. Mieux encore, pour maximiser au mieux ce moyen de transport, le wali de Constantine a fait part de son désir d'étendre le parcours du tramway à la ville du Khroub, formulant ainsi du ministre des Transports une sollicitation d'inscription du projet. Une dizaine de jours plus tard la réponse favorable parvenait à la wilaya.
Des gares routières modernes pour un efficient dispatching Cela étant, la modernisation de la ville ne se limite pas uniquement à sa dotation d'un viaduc stratégique, un tramway, il y a la nécessité toute absolue de réaliser des jonctions qui en harmoniseraient le fonctionnement et surtout la cohérence. Les nouvelles gares routières font partie de ce schéma. Ce sont celles-là même qui assureront le relais des gares bimodales du tramway et se situent donc à Zouaghi et à Ali Mendjeli, la première est en voie d'achèvement d'études alors que la seconde est à 75% de réalisation.En attendant, la bouffée d'oxygène qui résulterait de la finalisation de tous les projets pharaoniques décrits, les Constantinois devront prendre leur mal en patience et continuer à subir le déferlement quotidien des 2 615 bus et donc des milliers de personnes transportées dans tous les sens et à chaque fois, plus vers le centre-ville, qu'à la périphérie urbaine, compte tenu de la concentration des services administratifs à ce niveau. Constantine, c'est aussi des communes soit une cinquantaine de lignes de transport rural ou encore 270 bus, 51 lignes de transport interwilaya auxquelles répondent, pour assurer la prise en charge des voyageurs 301 bus, des étudiants déplacés sans désemparer dans un carrousel interminable via 370 bus pour 79 lignes et enfin ce qui est la hantise générale : les taxis au nombre de 4 535 dont 4 009 exploités auxquels il faut rajouter au bas mot un millier de transporteurs clandestins et par voie de conséquence un trafic chaotique auquel nul n'a pu répondre ou prendre en charge véritablement parmi les institutions représentants les pouvoirs publics. Quant aux citoyens, il paraît pour le moins relever du vœu pieux que quiconque puisse se soucier de leur cas.