L'Espagne est en deuil. Les Espagnols toujours sous le choc. L'accident de train qui a fait au moins 80 morts jeudi est probablement dû à une vitesse excessive. Le conducteur roulait à 190 km/h alors que la vitesse était limitée à 80 sur le tronçon meurtrier. Saint-Jacques de Compostelle, ville de pèlerinage mondialement célèbre, dans le nord-ouest de l'Espagne, a vécu cette journée dans la douleur et l'angoisse. Devant la morgue, allaient et venaient les corbillards pendant que des familles en pleurs cherchaient un peu de réconfort auprès des psychologues dans le centre d'assistance mis à leur disposition par la mairie. D'autres attendaient, rongées par l'angoisse, une partie seulement des corps ayant été identifiés. Le chef du gouvernement espagnol, Mariano Rajoy, qui a rendu visite aux blessés, a annoncé trois jours de deuil dans tout le pays. La Galice se préparait, quant à elle, à sept jours de deuil et le roi Juan Carlos comme le prince héritier Felipe suspendaient leurs activités. Dès mercredi soir, très vite après le déraillement du train à son arrivée à Saint-Jacques, l'hypothèse d'une vitesse excessive, sur un tronçon de voie limité à 80 kilomètres/heure, a pris corps. Deux enquêtes, judiciaire et administrative, ont été ouvertes. «J'espère qu'il n'y aura pas de morts parce que je les aurai sur la conscience», a lancé, selon le quotidien El Pais, l'un des deux conducteurs du train dans une communication radio avec la gare, juste après le déraillement. Un peu plus tôt, il aurait reconnu avoir abordé le dangereux virage où s'est produit l'accident à 190 km/h. Ce conducteur va être entendu par la police. Le train «n'a eu aucun problème opérationnel» et venait de passer une révision technique le matin même, a affirmé le président de la compagnie ferroviaire publique Renfe, Julio Gomez-Pomar Rodriguez. Plusieurs témoins ont raconté avoir entendu le bruit sourd d'une violente explosion. L'accident s'est produit à 20h42 (18h42 GMT) sur un tronçon de voie à grande vitesse, dans un virage très prononcé à environ quatre kilomètres de la gare de Saint-Jacques de Compostelle. 80 personnes ont été tuées, selon la préfecture de Galice. Le gouvernement régional a fait état de 178 blessés, dont des étrangers. Plusieurs wagons sont sortis de la voie, s'empilant les uns sur les autres, de la fumée et des flammes se dégageant du convoi. L'un d'eux a été projeté en l'air, jusque sur un terre-plein au-dessus de la voie. Dans les heures qui ont suivi l'accident, plusieurs cadavres gisaient sur les voies, recouverts de couvertures. L'accident s'est produit à la veille de la fête chrétienne Saint-Jacques, le saint patron des Galiciens, une fête traditionnelle dans cette région. Toutes les cérémonies prévues à Saint-Jacques ont été annulées. M. S.