De notre correspondant à Annaba Mohamed Rahmani Le siège de la DAS de la wilaya de Annaba a été une fois de plus pris d'assaut hier matin par des dizaines de citoyens venus s'inscrire sur la liste des bénéficiaires de l'opération «mouton de la solidarité» lancée il y a plus d'un mois à l'initiative du chanteur Lotfi «Double Canon». Plus de 80 femmes, accompagnées de leurs enfants, se bousculaient et se pressaient devant cette direction dont les portes sont restées fermées. Seuls les employés pouvaient y entrer ou en sortir sous l'œil vigilant de policiers en faction. La circulation des véhicules empruntant la même rue est très ralentie et les automobilistes énervés doivent faire à chaque fois de grands détours pour éviter d'être pris dans cet embouteillage inattendu. Le long du trottoir et sur une partie de la chaussée, les gens avaient tous le regard rivé sur les portes de la DAS dans l'espoir de voir un responsable en sortir pour répondre à leur demande mais personne n'est venu les rassurer et la situation est restée la même. «Je suis là depuis ce matin, il est presque midi et j'attends toujours», nous déclare une mère de famille. «J'ai 4 enfants, je ne figure pas sur leur liste et pourtant je suis démunie. Je n'ai absolument rien, j'espère qu'ils me donneront un mouton afin que mes enfants puissent passer un Aïd heureux comme tous les autres enfants.» Les hommes présents sont pour la plupart sexagénaires. Tête baissée, l'air absent, ils fuient le regard des autres et essayent de passer inaperçus. Ils sont là, debout ou assis à même le trottoir. Ils sont silencieux et ne veulent discuter avec personne, attendant patiemment qu'il se passe quelque chose. La directrice de cette structure sociale a déclaré que l'opération «mouton de la solidarité» se déroule bien et que la collecte a permis de réunir la somme de 4 milliards de centimes qui ont servi à l'achat de 2 800 moutons dont la distribution a commencé vendredi dernier. A la question sur le pourquoi de cet attroupement devant la DAS, elle expliquera que ces gens ne sont pas bien informés sur les conditions retenues par son département pour pouvoir bénéficier du mouton et donc ceux-ci sont venus dans l'espoir d'en bénéficier croyant qu'il suffit de se présenter et de dire qu'on est nécessiteux et on est servi. Elle poursuivra en disant que la situation est tout autre, qu'il y a des listes à son niveau et que ses services connaissent parfaitement ceux qui sont vraiment dans le besoin. La même situation est constatée devant le siège de la wilaya où plusieurs femmes se sont rassemblées pour demander, elles aussi, leur mouton. La police, omniprésente, n'est pas intervenue. Ce sont pour la plupart des vieilles que les aléas de la vie ont réduites à cette extrémité. La misère a atteint à Annaba un seuil jamais égalé auparavant.