Beaucoup de jeunes espèrent trouver dans le nouveau dispositif l'issue à leur impasse. La direction de l'Action sociale est chaque jour prise d'assaut par des centaines de jeunes venus s'inscrire dans le cadre du nouveau dispositif d'emploi appelé «Prime d'insertion des diplômés» (PID) remplaçant l'ancien système dit «contrat préemploi». Le bureau du PID, qui a ouvert ses portes le 12 avril passé et auquel on avait affecté 8 fonctionnaires, est submergé. La chaîne s'étend jusque dans la rue occupant les trottoirs limitrophes, sous le regard vigilant des services de sécurité. On se bouscule, on se presse, on veut passer le premier pour pouvoir bénéficier de ladite «prime» qu'on croit disponible dès l'inscription. Les jeunes avaient au départ assimilé ce dispositif à une prime de chômage et croyaient que le premier inscrit serait le premier «servi». Or, la situation est tout autre. La prime, comme son nom ne l'indique pas, est un placement auprès d'un employeur pour une durée limitée à une année au bout de laquelle, celui-ci peut reconduire le contrat ou l'interrompre. Après inscription, la priorité est accordée aux anciens diplômés selon leur situation familiale. Ceux mariés avec enfants à charge passent les premiers, suivis des sans enfants, les célibataires arrivent en dernière position. Mme Mayouche, directrice de la DAS, dira qu'un barème s'appuyant sur ces critères a été fixé par le ministère et que ses services le suivent à la lettre. «Nous avons découvert que des universitaires, dont les diplômes datent de 1997, 1998 ou 1999, n'ont jamais bénéficié de contrats préemploi, nous déclare-t-elle, nous faisons de notre mieux pour faire bénéficier tout le monde de ce nouveau dispositif. Les inscriptions sont ouvertes et il n'y aura aucun dépassement.» Et d'ajouter qu'«à ce jour, nous avons inscrit 10.160 jeunes. Nous travaillons parfois jusqu'à 21 heures pour absorber le flux de jeunes. Il s'agit pour nous de constituer une banque de données avec des chiffres fiables sur le nombre d'universitaires au chômage dans la wilaya de Annaba». Dans le bureau du PID où le personnel s'affaire, on vérifie le dossier remis, on inscrit sur un registre, coté et paraphé par le ministère, les nom et prénom des demandeurs et on délivre un reçu qui servira pour toute réclamation éventuelle. Une déclaration sur l'honneur attestant que le jeune chômeur n'a jamais bénéficié de l'ancien dispositif est exigée. Le cas échéant, on porte sur ladite déclaration, la durée à laquelle a bénéficié le jeune. Selon nos informations, 2300 postes ont été affectés à la DAS de Annaba, un quota jugé très insuffisant au vu du nombre de chômeurs inscrits, mais on estime que Annaba est mieux lotie que certaines wilayas voisines. Normalement, la commission chargée du placement et de la délivrance des primes d'insertion des diplômés devait se réunir au courant de la semaine passée pour statuer sur les cas retenus, mais la directrice a préféré repousser la date pour permettre aux retardataires de le faire. La réunion se tiendra la semaine prochaine et la liste des bénéficiaires sera affichée. Un recours est toujours permis pour ceux qui estiment avoir été lésés. Dehors, la chaîne avait grossi. Des dizaines de jeunes sont encore sur le trottoir d'en face et attendent leur tour. L'un d'eux affirme qu'il est là depuis le matin et qu'il attend son tour avec impatience. «Je voudrais, nous confie-t-il, pouvoir me lever le matin et avoir quelque chose à faire, je veux travailler, j'ai beaucoup d'espoir.»