Par Ziad Abdelhadi C'est le retour à la baisse du prix de la sardine. Elle est proposée actuellement à seulement 100 dinars le kilogramme, voire même à 70 DA dans certaines villes côtières du pays, alors que deux semaines auparavant ce poisson très prisé par les ménages avait atteint sur les étals des poissonniers les 400 DA le kilogramme. Cette baisse du prix de la sardine, selon certains directeurs de wilayas de la pêche et des ressources halieutiques (Dprh), est due au fait que la période de repos biologique, qui prend effet du 1er mai au 31 août de chaque année, ait été grandement observée cette fois-ci par les patrons de pêche nationaux. «Ce qui a permis donc la régénération de la faune marine pélagique, ce qui s'est traduit par une augmentation de la production», nous a indiqué, Kaddour Omar, le directeur de la pêche maritime et océanique auprès du ministère de tutelle que nous avons pu rencontrer dernièrement dans son bureau. Toutefois, M. Kaddour a reconnu qu'un nombre restreint d'infractions relatives au non respect du repos pélagique a été relevé ici et là, sans citer le ou les port(s) de pêche mis en cause. Car pour le responsable ce ne sont là que «des infractions minimes étant donné le faible volume pêché illicitement». Pourtant, «des femelles grainées (en phase de pré-ponte) et des alevins qui se concentrent près du littoral sont ramenés dans les filets et autant perceptible dans des caisses prêtes à être déposées sur les quais d'amarrage», nous ont appris bon nombre de gens de la mer et experts en la matière. Cette pratique de la pêche illicite en période de repos pélagique les inquiète dans la mesure où elle menace la préservation des stocks de poissons. «Il faut éviter de pêcher les femelles grainées et assurer la survie des alevins en évitant de les pêcher», soutiennent les experts. En effet, lors de nos passages dans plusieurs points de vente de la capitale tout au long de la période de repos biologique, nous avons aperçu un nombre important de caisse remplies de sardines de petite taille, c'est à dire de taille non marchande. Devant un tel constat de terrain, on peut déduire que malgré son intérêt qui n'est plus à démontrer, le repos biologique connaît des niveaux d'application différents dans les quatorze wilayas côtières du pays. C'est d'ailleurs admis et reconnus par des gens de la mer. D'après des professionnels et proches du dossier, «d'une wilaya côtière à une autre, le taux d'observation n'est pas le même». En effet, si dans certaines il est de 100%, dans d'autres, le nombre élevé d'infractions enregistrées à l'encontre de ce dispositif renseigne sur l'irresponsabilité des contrevenants à la loi n°1-11 du 3 juillet 2001 relative à la pêche et à l'aquaculture qui, dans son article 89, prévoit des sanctions pouvant aller jusqu'à une année de prison ferme et/ou 1 million de dinars d'amende. «C'est toujours dans les mêmes ports que l'on enregistre des infractions sur le repos biologique», affirment-ils. Toujours au registre des infractions, on apprendra de nos interlocuteurs que nombre de patrons de pêche font fi de la réglementation relative à la limitation de la taille minimale des mailles des filets. Des filets ramenés à quai regorgeant d'alevins. «Pratique qui va persister en l'absence de contrôle du niveau de pêche et du régime d'exploitation appliquer au stock de chaque embarcation à son retour de sortie en mer. Et pourtant, une cellule nationale de suivi et de contrôle de la réglementation en vigueur a été installée par le ministère de la Pêche», déplorent des acteurs dans le secteur de pêche pélagique. «C'est à se demander si cette structure existe réellement», s'interrogent-ils. Toujours à propos du repos biologique dont la date limite de l'interdiction de la pêche pélagique a expiré le 31 août dernier, et de son effet immédiat sur les étals des poissonniers, Kaddour Omar a tenu à nous préciser que «compte tenu du fait que la période d'interdiction de pêche de jour comme de nuit qui s'étale sur une zone de trois milles marins à partir de la côte et du coup c'est une grande quantité de poisson bleu qui a peut être ramené ces derniers jours dans les cales des senneurs (sardiniers) et des petits métiers à l'issu de leur sorti en mer, l'offre sur les quais d'amarrage est de nos jours importante ce qui explique la baisse des prix de la sardine». Mais cette tendance à la baise va-t-elle durer ? A cette question notre locuteur nous a répondu tout de go : «Cela dépend du niveau de la reconstitution du stock actuel après quatre mois de repos biologique. Si il est élevé la tendance baissière va encore durer mais pour seulement pour quelques semaines.» Pour quelle raison ? Le directeur de la pêche maritime et océanique répond qu'il existe des ressources importantes des espèces pélagiques, comme la sardine, l'anchois, la sole et le maquereau qui constituent 80% de la production nationale. «Une estimation qui vient d'être confirmée à l'issu de deux campagnes d'évaluation. Celle menée entre février et mars 2013 qui a duré 35 jours et l'autre de juin en juillet consacré aux espèces medersales», nous a fait savoir ce responsable qui précisera que des réévaluations de la richesse halieutique et des stocks sont constamment faites. «Nous faisons une évaluation de nos ressources pour mieux connaître nos stocks car la ressource est renouvelable mais n'est pas inépuisable. C'est pour quoi il faut savoir la gérer afin d'assurer la pérennité de l'activité», dira-t-il. Et de lancer pour ce qui concerne la sardine «le stock ne peut dépasser les 100 000 tonnes/an alors que la demande de ce poisson très prisée chez nous est de plus en plus importante. Ce qui veut dire que le déséquilibre entre l'offre et demande va certainement perdurer dans le temps. En clair la sardine va faire encore l'objet de surenchère sur les quais d'amarrages». Cela peut changer, mais comment ? D'après notre interlocuteur, «il suffirait aux professionnel de prospecter d'autres zones de pêches et non pas de continuer à fréquenter les mêmes périmètres». En effet, en dépit de l'étendue des côtes algériennes qui s'étalent sur 1 200 km et recèlent une ressource halieutique très variée (poisson pélagique, crustacés et mollusques), un espace maritime de 9,5 millions d'hectares, une flottille de pêche diversifiée et en perpétuelle augmentation, le secteur de la pêche en Algérie continu d'enregistrer des volumes de prises des plus dérisoires, selon les chiffres officiels. Ce qui se traduit fatalement par des envolées des prix à la consommation. Z. A.