Les travaux de réalisation d'un circuit touristique menant vers les villages antiques d'Ouled Mansour et d'Ouled Yahia, sur les berges de l'oued Labiod, près du site abritant les «balcons» de Ghoufi, à Batna, viennent d'être lancés, a-t-on constaté jeudi. Inscrite dans le cadre des plans communaux de développement (PCD) de Ghassira (commune dont relève administrativement Ghoufi), cette opération, pour laquelle une enveloppe financière estimée à 7 millions de dinars a été mobilisée, permettra aussi de réaliser une extension du sixième balcon du site, avec l'aménagement d'un chemin touristique facilitant l'accès en contrebas, vers l'oued, pour admirer cette véritable citadelle millénaire, un des plus beaux joyaux des Aurès, selon le président de l'APC de Ghassira, M. Abdelhakim Bengasmi. L'aménagement du site permettra aussi, selon cet élu, à des personnalités connues de la région, parmi lesquelles Mohamed Benmedouar, un des plus anciens guides touristiques de la région, de faire valoir leur talent et de faire partager aux visiteurs leur passion pour ce site en leur faisant «atteindre à travers le canyon sinueux traversé par l'oued Labiod, appelé localement Ighzer Amellal, les maisons du site de Ghoufi, uniques dans leur genre». Le site Ghoufi, la magie d'un lieu, la grandeur d'une histoire marquant la limite entre le désert au sud et la clémence du versant nord, situé en bordure de la route nationale n°31 reliant Batna à Biskra, le site de Ghoufi avec ses balcons taillés en cascades dans la roche argileuse, ont attiré l'homme depuis la nuit des temps. Le climat doux qui y prévaut et la protection qu'il offre en temps de troubles ont incité l'homme à y construire des maisons depuis le 4e siècle de notre ère. Au détour de chaque balcon se trouvait un village, accroché à flanc de falaise. Ouled Mansour et Ouled Yahia, à l'architecture typiquement berbère sont autant de merveilles d'un site sublime. En contrebas des demeures, sur les berges de l'oued, des jardins d'Eden ont été cultivés à l'ombre de la palmeraie. Figues, figues de barbarie et grenades offrent vivier, repos et quiétude pour la population qui a habité les lieux. Le site Ghoufi attire toujours et le nombre de visiteurs augmente de jour en jour. Ravi par la nouvelle de l'aménagement du site, l'artisan Zeghdoud Hachani a confié à l'APS que les artisans de la région ont oeuvré depuis des années à attirer l'attention sur l'importance de créer un circuit touristique pour permettre aux touristes de remonter le temps, de découvrir une curiosité de la région de Ghassira, les balcons de Ghoufi, et de suivre le cours majestueux de l'oued Labiod et les petits villages alentours. Kef Laârous, la légende du site de Ghoufi : en dépit du poids des ans, le site n'a rien perdu de sa beauté féerique. La magie qui se dégage du canyon sinueux traversé par l'oued Labiod, s'étendant de Tifelfel à Kef Laârous, à 90 km au sud de Batna, sur la route de Biskra, est toujours intense, nourrie par la légende de Kef Laârous, qui continue à être transmise de génération en génération. Ici, dans la mémoire collective des habitants des Aurès, Kef Laârous ou Tadart Takdimt est l'histoire d'une belle femme ayant appartenu à une des plus grandes tribus des Aurès, tombée dans l'oued, la nuit de ses noces, du haut de la falaise. La légende raconte que les salves de baroud des cavaliers ont effrayé le cheval qui portait la mariée. L'animal trébucha et la mariée chuta 200 mètres plus bas, dans l'oued. Une autre version de la légende soutient que la belle des Aurès, forcée d'épouser un homme qu'elle n'aimait pas, s'est donnée la mort en se jetant du haut des falaises. Représentant une des facettes d'un patrimoine culturel et architectural, très riche en enseignements, le site de Ghoufi a été classé patrimoine national en 2005. APS