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à Constantine, le débat sur la carte de journaliste verse dans le pathétique Malgré la disponibilité de la commission à répondre à toutes les questions
Le siège de l'APW de Constantine a abrité dans la matinée de jeudi dernier une rencontre réunissant, selon ce qui était prévu dans l'ordre du jour, les représentants des médias exerçant à l'est du pays et les membres de la commission consultative chargée de préparer le projet de texte fixant les conditions d'éligibilité à l'obtention de la carte d'identité nationale de journaliste professionnel. Exception faite d'un confrère venu de Sétif, ceux des autres wilayas ont brillé par leur absence. Ce qui confirme paradoxalement le désintérêt vraisemblable de la corporation pour une question d'importance essentielle, majeure qui attendait des réponses à partir de propositions et suggestions de nature à mettre de l'ordre dans le secteur, mais également et surtout de régler de manière quasi définitive une situation socioprofessionnelle chaotique pour la majorité d'entre eux. Ceci dit, il y a lieu de saluer la disponibilité des membres de la commission, qui ont entendu de manière très studieuse les questions et questionnements des confrères, même si ces derniers ont parfois été à la limite de l'agression verbale en prenant pour cible l'aréopage, non pas intentionnellement mais soit par une mauvaise formulation de leurs propos soit par un excès de passion légitime eu égard à la situation sociale très critique dans laquelle ils se débattent. Et cette situation chaotique est malheureusement symptomatique de l'image offerte par la scène locale, où la majorité des confrères exerçant dans le secteur dit de la presse indépendante sont livrés à eux-mêmes. Cette réalité, dont nul n'est dupe, à commencer par tous les ministres de la Communication qui se sont succédé, qui ont fait des promesses, pris des engagements dans des cas de figure et conjoncture précis et qu'ils n'ont jamais honorés, pèse de plus en plus gravement dans l'univers professionnel des journalistes et correspondants de presse constantinois. Quant aux patrons de presse, ils ont beau graver au fronton de leur organe le principe sacerdotal d'indépendance, la vérité est toute autre pour des salariés confinés au tragicomique. Tragicomique dans la mesure où, advienne que pourra, quelques-uns ont tiré sans réserve sur leurs employeurs dont certains étaient présents. Certes pas pour des raisons professionnelles et encore moins éthiques. Du coup, le débat s'en est trouvé quasi-intégralement dévié de son essence se transformant, d'une part, en espace de revendications socioprofessionnelles et, d'autre part, en un torrent de critiques à répétition et parfois de menaces à l'endroit du système. De sereines, les interventions sont allées dans tous les sens donnant la latitude à des confrères de s'ériger en moralistes, d'étaler un pédantisme professionnel, évoquer sans pudeur et respect pour les autres une aisance sociale en raison de leur appartenance à un organe financièrement aisé, stable et par voie de conséquence loin de tous les tumultes et vétilles qui empoisonnent le quotidien des autres, ceux ramenés au titre peu valorisant de collaborateurs, correspondants que l'instauration d'une carte nationale censée mettre de l'ordre va obligatoirement éjecter du circuit. La raison ? Au-delà déjà d'une réalité qui veut que rares sont les journalistes qui remplissent la condition sine qua non justifiée de dix ans d'activité, plus rares encore sont les patrons de presse qui accepteront de jouer le jeu et régulariser la situation de ceux qui pourront l'être. Ce serait pour ces derniers, aller à Canossa. Une pénitence aux dégâts collatéraux certains sur un effectif estimé, selon le président de la commission, à 6 000 journalistes, mais surtout aux conséquences directes inévitables pour leurs employeurs. La carte nationale de journaliste professionnel s'annonce alors comme un document aujourd'hui souhaitable car elle a le mérite d'organiser le secteur. Même si ladite organisation va se faire obligatoirement dans la douleur. C'est le prix que paieront les journalistes auxquels il ne peut pas être fait reproche car ce serait trop facile non plus le reproche de ne pas s'être organisé. Un tel reproche équivaudrait à tirer sur une ambulance au regard des traumatismes professionnels quotidiens auxquels ils sont confrontés, à la chape de plomb qui leur est imposé par leur employeur, les intimidations, les situations vexatoires et autres brimades venant de l'ensemble des acteurs avec lesquels ils entretiennent un contact dans le cadre de leur travail, le misérabilisme dans lequel ils sont confinés, le confinement à un nanisme structuré et structurel… Tout cela au moment même où le Syndicat national des journalistes ne se manifeste que pour des communiqués ouatés et anesthésiants totalement déconnectés de la vie, la vraie, du journaliste. Si tant est que peut être ainsi qualifiée une survie. Les pouvoirs publics ne sont pas en reste, les responsables à tous les niveaux, qu'il s'agisse des pouvoirs publics via la publicité, le blocage de l'impression à hauteur des sociétés du même nom, du ministère du Travail notamment par l'Inspection du travail, les caisses sociales ou celui des Finances sur le plan fiscal, etc. Lesdits pouvoirs publics préfèrent regarder ailleurs et les affrontements oraux entre représentants de la presse dite «privée» et publique au cours de la rencontre de jeudi dernier en disent long. Il est toutefois une vérité, on n'est jamais bien servi que par soi-même et il serait farfelu de le faire dire par le secteur public. La dichotomie entre les deux secteurs est d'autant plus vraie que, pour Constantine, les deux représentants de la commission appartiennent à un organe public en l'occurrence An-Nasr. C'est dire. A. L.