La confusion était totale hier à l'aéroport d'Alger. Au terminal 3 réservé au débarquement des hadji en retour du pèlerinage, l'angoisse et l'inquiétude se lisaient sur les visages des quelques centaines de familles dont la plupart ont passé toute la nuit du dimanche à attendre l'arrivée de leurs proches en provenance de Djeddah. Le froid et la pluie n'ont fait qu'accentuer encore l'anxiété de ces familles qui, jusqu'au petit matin, ne comprenaient toujours pas pourquoi autant de retard sur le vol Alger-Djeddah d'hier. Alors que l'arrivée de l'avion de la compagnie nationale transportant pas moins de 269 passagers était annoncée à 4h du matin, les hadji n'ont pu, malheureusement, fouler le sol de leur pays qu'à 14h10. Soit un retard dépassant 10 heures ! Et personne n'a jugé utile d'informer les familles désemparées des tenants et des aboutissants de cette situation. Et pour cause, depuis dimanche, pratiquement tous les vols Alger-Djeddah ont connu des retards immenses et ce, à cause de l'encombrement des parkings avions et des salles d'embarquement à Djeddah, a annoncé la compagnie nationale de transport aérien dans un communiqué repris par l'APS. Air Algérie assure qu'«elle ne ménage aucun effort pour atténuer le plus possible la gêne et les désagréments engendrés par cette situation que l'organisation aéroportuaire de Djeddah impose aux vols». En signe de bonne foi, une cellule de coordination a même été installée et deux numéros (021 50 80 02 et 021 50 92 12) ont été mis à la disposition des citoyens en quête d'informations sur leurs proches bloqués à l'aéroport de Djeddah, ajoute le communiqué. Néanmoins, force est de constater que ces numéros ne sont guère fonctionnels. Nous avons essayé de les joindre à partir de notre rédaction. Aucun interlocuteur ne répond au bout du fil pour nous communiquer la moindre information. A l'aéroport d'Alger, les familles des pèlerins n'ont pas retenu leur colère. «Personne ne m'a répondu aux deux numéros d'Air Algérie. Et ici, aucun représentant de cette compagnie n'est venu nous avertir de ce retard. On ne nous a fourni aucune explication. Dieu merci, mon père disposait d'un portable grâce auquel il a pu nous appeler pour nous rassurer. Sinon, nous sommes vraiment livrés à nous-mêmes», fulmine Kamel, 35 ans, qui ne comprend toujours pas comment les autorités publiques ne leur accordent aucune considération. «J'avais vraiment peur. J'ai imaginé le pire. Fort heureusement, des policiers nous ont assurés qu'il s'agit d'un simple retard. Mais, croyez-moi, je ne leur pardonnerai jamais cette frayeur», témoigne Hassina, 45 ans, dont les parents étaient bloqués toute la nuit à Djeddah. De leur côté, les hadji, dès leur arrivée, ont montré un désenchantement sans pareil. Exténués, déprimés, leurs témoignages reflétaient le cauchemar qu'ils ont vécu ces dernières 24 heures. «A Djeddah, on était abandonné à l'aéroport. Aucune assistance ne nous a été fournie par les autorités saoudiennes. On a passé la nuit sans boire et sans manger. On a même dormi sur les bancs de l'aéroport. C'était vraiment terrible», confie un hadji au visage hagard et à la mine dépitée. «Pourquoi Air Algérie ne nous a pas mis au courant de ce retard ? Je n'ai aperçu aucun membre de leur personnel. Sommes-nous des Algériens ou pas ?» s'écrie un autre hadji, visiblement en colère et pressé de retrouver enfin sa famille. Ce qui est sûr, lui comme tous les autres pèlerins infortunés n'oublieront certainement jamais cette mésaventure. A. S.